2°. Pour la traite des africains, les européens n'ont quasi jamais razzié eux-mêmes : ils se contentaient d'acheter le "bois d'ébène" aux arabes qui en partageaient l'exclusivité du commerce avec quelques africains. Ces esclaves étaient donc une "marchandise" achetée à des prix relativement élevés, et choisis pour leur bonne conformation. Si beaucoup sont morts durant les traversées, c'est surtout en raison de carences alimentaires qui touchaient aussi (dans une moindre mesure) les marins. A titre indicatif des hommes embarqués sur la Pinta, la Nina et la Santa Maria, une soixanaine sont restés aux Antilles (pour y être tous retrouvés morts eux ans après), et seul une dizaine sont revenus en Europe. (Lire Jacques Attali, "1492").
MP, il ne faut pas tout confondre non plus, c'est vrai les arabes ont pratiqué le commerce d'esclavage, mais ca n'avait rien à avoir avec la boucherie que pratiquérent les européens!
La différence entre cette sorte d'esclavage et celui pratiqué en Europe à partir du XVIe siècle est la différence entre une institution de prisonniers de guerre reconnue de tous et un GENOCIDE perpétré sans le moindre scrupule, et qui coûta la vie à 200.000.000 d'Africains, d'après les estimations d'un Africain aussi modéré et ami de l'Europe, que le Président Sédar Senghor.
En Mésopotamie un esclave pouvait racheter sa liberté par son travail :
"Le destin d'un esclave mésopotamien, se donnant la peine de sortir de son état, n'était pas invariable. La loi l'autorisait à prendre part à l'activité commerciale et à économiser l'argent nécessaire pour racheter sa liberté.
"Les Éthiopiens étaient de bons guerriers, et nombreux étaient les princes d'Arabie du Sud qui achetaient des esclaves éthiopiens, qu'ils considéraient le mieux appropriés pour leur servir de gardes du corps.
Ibn Batouta nous rapporte que la garde du corps d'un fastueux Sultan du Mali au XIVe siècle était composée de trois cents esclaves armés.S'imagine-t-on un gouverneur de la Martinique ou de la Jamaïque confier la garde de son corps à des esclaves Noirs armés, aux temps de l'esclavage aux Antilles ?
Non seulement des gardes du corps mais des armées entières étaient composées d'esclaves. Que dire de chefs historiques de l'Islam qui étaient des esclaves affranchis. L'Armée de 100.000 hommes, avec laquelle Achmet Ibn Touloun commença sa conquête pour devenir Maître d'Égypte et de Syrie, était exclusivement composée d'esclaves Turcs et Noirs. Lui même, Ibn Touloun, était fils de Mamlouk - esclave en arabe. Ce fut un esclave persan, Abou Mouslim, qui brandit pour la première fois le drapeau noir qui donna naissance à la Dynastie des Abbassides. Le chef suprême de l'armée des Fatimides, qui régnaient au Xe siècle de l'Égypte à l'Atlantique, était Giavhar al-Sikili, un ex-esclave, Sicilien, comme son nom l'indique. Au XIIIe siècle, la veuve du Sultan d'Égypte al-Salâh, devenue "Reine des Fidèles" à la mort de son mari, était une esclave turque. Comme le grand Baybars, son frère d'armes Sayf al-Din Koutous était également un ex-esclave. La liste serait trop longue pour passer en revue tous les Khalifes et Sultans dont les mères étaient des esclaves achetées sur des marchés ou offertes à leur pères Sultans ou Khalifes.
Chez les Musulmans l'esclavage était une Institution comme chez les Romains, mais avec les gladiateurs en moins. Muhammad avait rendu l'esclavage relativement supportable, aussi supportable qu'est aujourd'hui la condition de salarié. Confondre cette sorte d'esclavage avec celui pratiqué par l'Europe depuis la chasse à l'homme commencée par les Portugais du Prince Henri "le Navigateur" sur les côtes occidentales d'Afrique au milieu du XVe siècle, c'est faire l'âne pour avoir du foin. Mais l'immoralité de cette chasse à l'homme n'était encore qu'un demi mal, parce que ces esclaves étaient destinés à des travaux domestiques, comme chez les Arabes. Le GENOCIDE ne commença qu'après l'assaut donné au Nouveau Monde par Christophe Colomb, car ce génocide fut la condition sine qua non de l'industrialisation de l'Europe, le prix de cette industrialisation. Pour être brefs contentons-nous simplement d'un petit bouquet sans commentaires, offert par différents auteurs aux beaux messieurs indignés de l'esclavagisme arabe.
"Voler un Nègre était considéré comme un crime, lui ôter la vie par punition ne l'était pas."Pour chaque esclave importé vers l'hémisphère occidental, cinq étaient tués en Afrique ou mouraient en haute mer.
"On prenait grand soin d'empêcher les esclaves de sauter par dessus bord et sombrer immédiatement, quoique la plupart savaient nager ; le désespoir et la terreur étaient tels, que les captifs refusaient souvent de manger, même si on leur donnait des mets auxquels ils étaient habitués. Un spectacle coutumier autour des navires en rade, était la vue des nageoires des requins. Accidentellement, avant que le navire ne lève l'ancre, un ou deux esclaves tombaient à l'eau. Les requins suivaient les bateaux tout droit à travers l'Atlantique, dans l'ATTENTE DES CORPS JETÉS PAR DESSUS BORD.
"La vie d'un esclave nègre dans les plantations des Indes Occidentales était estimée à environ sept ans.
Les Portugais furent les premiers négriers d'Europe, suivis par les Espagnols, les Français et les Hollandais, mais,
"Avec Elizabeth I sur le trône, les financiers adoptèrent tout à propos une pieuse politique, et insistèrent sur le fait que des voyages commerciaux dans le but d'enfreindre la suprématie hispano-portugaise, constituaient un Progrès de la religion protestante. La Reine était toute prête à croire que ces expéditions constituaient une guerre sainte.
En conséquence donc de la "Guerre Sainte" des Négriers,
"Des capitalistes anglais et américains avaient découvert que d'énormes profits pouvaient être amassés grâce à l'activité des transports. Et sous l'emprise de ce stimulant, ils firent du transport d'Africains au Nouveau Monde, une branche des plus lucratives du commerce de navigation. Les meilleures familles, des nobles, des évêques, des princes du Négoce ainsi que des hommes politiques y investirent lourdement et le gouvernement anglais prit soin de la défense de leurs intérêts..."
"En 1771 près de 200 navires anglais étaient engagés dans ce trafic principalement à Liverpool, Londres et Bristol. La première de ces trois villes devait en effet beaucoup de sa prospérité à ce trafic. Et ce n'est pas sans raison qu'un célèbre acteur de l'époque darda un soir son auditoire avec l'outrage : 'Les pierres de vos maisons sont cimentées avec du sang d'esclaves africains'..."
"Les pauvres malheureux, arrachés à l'Afrique par la violence, étaient entasses comme du bétail dans l'air fétide des navires aux cales basses et sans hublots. Si on manquait d'eau ou on était menacé de famine, ou une maladie pestilentielle se manifestait, des cargaisons entières de morts OU DE VIVANTS étaient jetées par dessus bord par des maîtres impitoyables. Si une victime isolée, torturée à perdre la raison, osait lever le doigt contre son bourreau, elle était sûre d'être punie par des mutilations défiant toute description.
Les historiens américains Charles et Mary Beard, auteurs de cet acte d'accusation ne sont pas des extrémistes de gauche, au contraire !
"Il y a eu plus de quatre fois d'esclaves africains transportés sur des navires britanniques que sur les bateaux de toutes les autres nations réunies.