claude mertens Jeu 7 Sep - 18:12
Moi, je crois que cet "ennemi commun" n'existe plus.
Prenez un pays comportant différentes communautés cherchant à obtenir le pouvoir. Et que je te rentre dedans ! Et que je te tue ! Et que tu me tues ! Ah, qu'est-ce qu'on rigole ! Et puis vient dans ce pays une armée étrangère, invasive quoi!. Que vont faire les communautés ? Eh bien, on a beau ne pas s'aimer, mais on veut préserver l'intégrité territoriale de son pays,on met ses petites rancoeurs assassines de côté et on se bat en commun contre l'envahisseur (simplement parce qu'on aime son pays et qu'on veut continuer à s'entretuer en "famille").
Les américains (et les alliés) ne sont pas dans ce cas de figure. Au début peut-être, et encore car mettre Saddam à bas est quand même un résultat positif (modalités à discuter !), mais aujourd'hui les irakiens au sens large sentent bien qu'on n'en est plus à lutter contre un ennemi commun. C'est apparemment trois courants qui s'affrontent pour le pouvoir, les sunnites, les chiites et les laics --- peut-être des nostalgiques de Saddam, etc (désolé pour ce raccourci, car c'est sans doute bien plus compliqué que cela. Je ne vise ici qu'un processus général).
Je le sens comme cela : les américains ne sont plus aujourd'hui qu'un alibi. Ils soutiennent le gouvernement en place et donc sont un argument de poids pour combattre ce gouvernement et le "terroriser" avec des attentats plus meurtriers les uns que les autres. Les américains à mon avis cherchent à se retirer (et avec eux les autres pays) tout en préservant une influence avantageuse genre pétrole et éventuellement base militaire (mais enfin, je pense que ce n'est pas déterminant car il suffirait d'une bien improbable union sacrée des irakiens et ce serait vite fini je crois de "normer" et spolier ce pays).
Je ressens que ce qui se passe en Irak n'est pas seulement irakien. Il semble que l'enjeu de cette partie est plus large que cela. Le Kalifat ? Une influence régionale ? etc
L'union des irakiens me semble gravement compromise dès lors qu'un courant religieux se met à détruire les symboles religieux d'un autre courant religieux : haine assurée (quoiqu'en politique, rien n'est définitif... il suffit parfois d'une simple poignée de mains pour tourner une page pleine de massacres.)
Avant, avant (avant !), le plus fort gagnait. Maintenant, ce n'est plus comme ça. Plus du tout comme ça. On vient encore de le voir. Mais les militaires et certains politiques semblent encore croire que la supériorité des armes désigne à l'avance le "vainqueur". Or, à notre époque, les armes ne sont plus qu'une partie de l'arsenal mis en jeu dans des opérations militaires.
Bref, l'Irak a sans doute besoin d'un événement fédérateur. Ce ne sera pas le procès Saddam. Ce ne sera pas le fait de l'armée américaine, quoi qu'elle fasse ce sera mauvais pour diverses raisons (retrait, accroissement, conseillers civils, etc). Ce ne sera pas non plus l'Europe, trop critiquée par l'engagement de plusieurs de ses nations dans les forces "alliées". L'ONU, il ne faut même pas y penser... Je crois que ce seront les arabes eux-mêmes qui trouveront une solution, genre sommet entre leaders de nations arabes avec représentants irakiens, ou réunion hautement symbolique et très médiatisée entre leaders religieux.
Finalement le seul problème là-dedans, ce n'est pas la lutte pour le pouvoir, mais la manière de lutter. Parvenir à se battre sans se faire du mal... politiquement quoi !