silverbold a écrit:A nouveau Yamael, y a t'il oui où non des tendances ultra-nationalistes chez les adversaires d'Israël???
L'(ultra-)nationalisme ne s'improvise pas.
Il faut des structures qui l'inculque à la population depuis tout petit.
Ces structures sont étatiques : l'école, l'armée, l'administration et dans une certaines mesures les chaînes audiovisuelles publiques de la télévision et de la radio, la monnaie qu'un organisme se charge d'imprimer avec les insignes patriotiques locaux et que tout le monde partage, le drapeau, l'hymne national, etc...
Ces structures prennent complètement en charge l'individu et lui mettent des idées qui ne deviennent plus contestables dans la tête.
-L'idée que la nation existe bien avant l'Etat et qu'une guerre d'indépendance a permis son épanouissement.
-L'idée que la nation tire ses origines dans le lointain et qu'elle est dôtée de caractéristiques particulières.
-L'idée qu'il faille défendre la nation contre les ennemis extérieurs qui veulent sa perte.
-L'idée qu'il faut une nouvelle langue construite pour la communication entre tous les éléments de la nation, et qu'il faut leur imposer.
-...
Ca, je dirais c'est encore basique dans le nationalisme. Il doit y avoir d'autres éléments encore.
Après, une fois les nationalismes créés, ils évoluent. Certains sont relativisés ou en régression. On remarque que les nationalismes en Europe sont en régression depuis la seconde guerre mondiale.
Le vote en faveur de partis d'extrême-droite ne doit pas être considéré comme un regain de nationalisme dans la population.
Dans le monde arabe, l'islamisme fait concurrence au nationalisme ou l'atténue. Nationalisme et islamisme, c'est un peu comme la peste et le choléra, aucun des deux n'est fondamentalement bon.
On peut dire qu'il y a une sorte d'équilibre mobile qui se fait entre les deux, sans compter les minorités (chrétiennes notamment) qui rejettent l'islamisme avec force mais peuvent pousser davantage au nationalisme.
Or en Israël, le nationalisme est largement pris en charge par l'Etat et il ne fait qu'augmenter avec le temps.
L'armée et la société israélienne ne sont pas distinguées, c'est conçu comme une seule et même chose. Tout le monde est un peu "le maillon" de la défense de la patrie, celui qui critique devient
un maillon faible, au revoir.
L'armée occupe aussi une place considérable dans l'appareil d'Etat israélien. Je rappelle qu'avant la situation actuelle, un chef de gouvernement est conçu avant tout comme un militaire ayant une carrière derrière lui, Likoud et Parti travailliste confondus.
De même, la voix des militaires n'est pas rien. Ils ont une influence considérable sur la vie politique et, en outre, ils s'auto-justifient puisqu'
il faut défendre le pays contre la masse infernale qui grouille au dehors. [mythe de la citadelle assiégée]
Si on compare avec les autres pays ultra-nationalistes, la situation est identique. L'armée a une place très importante dans les institutions.
Dois-je mentionner encore une fois la Turquie ?
Dans les pays ultra-nationalistes, la sanction sociale par rapport à celui qui critique est énorme. La contradiction est pour ainsi dire interdite.
Est-ce que je dois aussi mentionner le sort réservé aux objecteurs de conscience et aux pilotes qui ont critiqué la politique israélienne ces derniers temps ?
Il y a aussi la recherche de la pureté dans la constituante de la nation : problème des mariages mixtes (cf : mariages à Chypre pour cette raison) non avalisés par les rabbins et pas acceptés.
Alors, qu'une politique favorisant l'installation des Juifs de l'étranger existe via l'Alyah, dans le même temps, une politique d'exclusion existe par rapport à la minorité arabe en Israël. Il leur est difficile de s'installer là où ils l'entendent.
Un autre exemple, c'est la mention de la religion sur la carte d'identité.
Peu de pays le font. La Turquie le fait. C'est une manière de distinguer de ceux qui sont "in" et "out".
Il y a beaucoup d'exemples.
Le nationalisme est omniprésent en Israël beaucoup plus que chez ses voisins.