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15 juillet 2006 / 11 h 26
Le rôle de l'Iran dans l'escalade à la frontière d'Israël
Par Memri
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Ces dernières semaines, des déclarations de hauts responsables iraniens ont encouragé l'escalade de la violence contre Israël et les sionistes dans le monde.
En outre, les Syriens et les Iraniens ont signé, à la mi-juin 2006, un accord de coopération militaire. Le ministre syrien de la Défense a déclaré à cette occasion que les deux pays "ont créé un front commun contre Israël (…) (vu) que l'Iran considère la sécurité de la Syrie comme sa propre sécurité."
Ces dernières semaines, l'Iran a reporté à plusieurs reprises sa réponse à l'ultimatum des 5+1 (les cinq membres permanents du Conseil de sécurité plus l'Allemagne) concernant son programme nucléaire, vu qu'il n'a pas l'intention d'accepter les conditions de la communauté internationale et de suspendre l'enrichissement d'uranium. Les 5+1 ont demandé à l'Iran de réagir à la déclaration avant le 12 juillet (avant le sommet du G8 à Saint-Pétersbourg). Jusque là, la communauté internationale n'a pas cédé aux tentatives iraniennes d'esquiver l'ultimatum, et a rejeté la requête iranienne de report de la date limite au 22 août 2006.
Ali Larijani, secrétaire du Conseil de sécurité national iranien, responsable du dossier nucléaire iranien, a effectué une visite surprise à Damas après avoir rencontré Javier Solana, secrétaire général du Conseil de l'Union européenne, le 11 juillet 2006. Le vice-président syrien Farouq Al-Shar a déclaré à l'issue de la réunion que (les mouvements de) résistance au Liban et en Palestine (le Hezbollah et le Hamas) prendraient leurs propres décisions concernant leurs propres affaires.
Il se pourrait que l'escalade à la frontière israélienne, déclenchée par des éléments soutenus par l'Iran – le Hamas, le Hezbollah et la Syrie – ait pour objectif d'alléger les pressions exercées sur l'Iran en déclenchant un affrontement militaire majeur au Moyen-Orient, ce qui aurait pour effet de détourner l'attention internationale du programme nucléaire iranien.
Voici des extraits de déclarations de hauts responsables iraniens et des détails concernant l'accord militaire irano-syrien :
Accord de coopération militaire entre l'Iran et la Syrie
Le 16 juin 2006, le quotidien londonien Al-Sharq Al-Awsat rapporte : "(1) Des sources bien informées à Téhéran ont confié à Al-Sharq Al-Awsat que les pourparlers tenus à Téhéran entre le ministre syrien de la Défense Hassan Turkmani et son homologue iranien Mustafa Mohammed Najjar ne portaient pas uniquement sur les aspects militaires et sécuritaires de la coopération stratégique entre les deux pays, mais aussi sur la situation au Liban (…) (Les pourparlers portaient aussi) sur la situation en Palestine et sur les façons d'aider le Hamas et le djihad (islamique) dans leur conflit avec le Fatah (…)
Lors d'une réunion avec des reporters consécutive à la signature de l'accord de coopération militaire, le ministre syrien de la Défense a déclaré que "les menaces américaines contre l'Iran et la Syrie ne sont rien de nouveau (…) Nous examinons les façons de contrer ces menaces et établissons un front commun contre la menace israélienne (…) car l'Iran considère la sécurité de la Syrie comme sa propre sécurité."
Le quotidien rapporte que le ministre syrien de la Défense a visité Téhéran, à la tête d'une importante délégation escortée par l'armée et des officiers des renseignements, et rencontré le président iranien Mahmoud Ahmadinedjad, le chef d'Etat-major Hassan Fayrouz et le commandant iranien des Gardiens de la Révolution Yahya Rahim Safavi.
Il rapporte en outre que "l'Iran a accepté de financer les transactions militaires syriennes avec la Russie, la Chine et l'Ukraine, d'équiper l'armée syrienne de canons, d'ogives et de véhicules de guerre, de missiles fabriqués par les industries iraniennes de la Défense (…)
La Syrie, pour sa part, a renouvelé ses précédents accords avec l'Iran, qui autorisent aux camions de munitions iraniens de passer (par la Syrie) pour entrer au Liban (…)"
Al-Sharq Al-Awsat ajoute que les ministres syriens et iraniens de la Défense "avaient consenti à créer une 'chambre de consultation' et à maintenir des canaux de communications ouverts entre les deux pays concernant les affaires militaires et sécuritaires."
Menaces du président iranien Ahmadinedjad
Dans une émission télévisée diffusée le 11 juillet 2006, le président iranien Ahmadinedjad a averti les pays occidentaux de ne pas accorder leur soutien à Israël parce que "la colère des peuples musulmans ne s'arrêtera pas aux frontières de notre région (…) Les ondes de l'explosion (…) atteindront les forces corrompues (les pays occidentaux) qui soutiennent ce faux régime." Voici un extrait de la déclaration d'Ahmadinedjad faite au cours de l'émission : (2)
Mahmoud Ahmadinedjad : Aujourd'hui, il a été prouvé que les sionistes ne sont pas uniquement opposés à l'islam et aux musulmans. Ils sont contre l'humanité dans son ensemble. Ils seraient prêts à sacrifier les régimes occidentaux pour leurs propres (intérêts). Je l'ai dit à Téhéran et je le redis ici – je le dis aux dirigeants de certains pays occidentaux : cessez d'appuyer ces êtres corrompus. Voyez comme la colère des peuples musulmans s'accumule. La colère des peuples musulmans pourrait bientôt exploser. Si ce jour arrive, les ondes de cette explosion ne s'arrêteront pas aux frontières de notre région. Elles atteindront assurément les forces corrompues qui soutiennent ce faux régime."
Le directeur du quotidien iranien Kayhan : aucun sioniste ne devrait se sentir en sécurité où que ce soit dans le monde
Le 3 juillet 2006, le directeur du quotidien iranien conservateur Kayhan, Hossein Shariatamadari, proche du Guide suprême iranien Ali Khamenei, écrit : "La réaction aux crimes d'Israël à Gaza ne devrait pas se limiter aux territoires occupés. Pourquoi les sionistes devraient-ils se sentir en sécurité quand il n'y a pas de sécurité pour les musulmans ?"
Dans une interview de l'agence de presse conservatrice Mehr, Shariatamadari a réitéré que le monde musulman ne devrait pas limiter ses représailles aux seules attaques sionistes dans la bande de Gaza, mais devrait faire ce qu'il faut pour que "nul sioniste ne se sente en sécurité où que ce soit dans le monde." Il a ajouté que l'attaque sioniste à Gaza ne révèle pas la puissance des sionistes, mais juste leur peur.
Selon Shariatamadari, les Nations unies ne servent à rien puisque "toutes leurs règles sont interprétées de façon à favoriser les agresseurs, et l'attaque israélienne à Gaza ne fait que soutirer une expression chagrinée aux Nations unies."
Shariatamadari a appelé les pays musulmans à réduire au minimum les relations avec les pays qui soutiennent Israël et à rappeler les ambassadeurs de ces pays. (3)
Des menaces de Hassan Nasrallah dans le quotidien conservateur Jomhouri-ye Eslami
Le matin du 12 juillet, alors qu'intervenait l'attaque du Hezbollah à la frontière nord d'Israël, le quotidien conservateur Jomhouri-ye Eslami, affilié aux séminaires religieux de Qom, a publié un discours de Nassan Nasrallah, secrétaire général du Hezbollah, prononcé le 23 mai 2006 lors d'une conférence sur "la culture de la résistance". Voici des extraits du discours :
"Nous pouvons frapper toute la région nord d'Israël avec des milliers de roquettes. Tout Israël se trouve actuellement à portée de nos missiles. Ses villes portuaires, ses bases (militaires), ses industries et tout le reste se trouvent à portée de tir (…) Je persiste à dire que nous disposons d'un stock d'armes significatif, aussi bien en termes de qualité que de quantité (…) Un autre avantage que je tiens à mentionner est la géographie du Liban et de la Palestine. La plupart des régions vitales d'Israël sont concentrées dans la partie nord de la Palestine occupée, alors que le sud est inhabité et désolé. Plus de deux millions de Juifs vivent dans le nord de la Palestine occupée, qui comprend des centres de divertissement et des stations (touristiques), des industries, des (régions) agricoles et d'importants aéroports et bases militaires. C'est pour nous un avantage (…) Notre présence au Sud Liban, à proximité de la Palestine occupée, est notre plus grand avantage (…)" (4)
L'importance du Hezbollah au Liban
Selon un rapport d'Al-Sharq Al-Awsat du 11 mai 2006, un haut responsable iranien qui a tenu une réunion en comité restreint avec un petit groupe de diplomates occidentaux à Londres, a souligné l'importance du Hezbollah pour l'Iran : "Le Hezbollah est l'un des piliers de notre stratégie sécuritaire, et représente la première ligne de défense iranienne contre Israël. Nous refusons (l'idée) selon laquelle il doit être désarmé (…)" (5)
(1) Al-Sharq Al-Awsat (Londres), le 16 juin 2006
(2) Voir le clip n° 1187 de MEMRI TV sur www.memritv.org
(3) Kayhan (Iran), le 3 juillet 2006
(4) Jomhouri-ye Eslami (Iran), le 12 juillet
(5) Al-Sharq Al-Awsat (Liban), le 11 mai 2006