(i) D’abord les peuples ont naturellement tendance à se déplacer d’est en ouest. Ce n’est pas une règle absolue mais une tendance lourde.
Pareil pour les sangliers !
Chaque année, on tire des sangliers bagués dans l'Oural ! Les allemands appellent cela "drag naar oosten"
Si l’on se rapproche, on examine une autre constante plus récente, datant de la création d’états-nations : les enclaves, c’est une source d’emmerdes. De mourir pour Dantzig à la périphérie bruxelloises en passant par les relations entre le Koweit et l’Irak, tous ces mécanismes d’enclavement sont toujours caractérisés par deux sentiments contrastés : le sentiment, du côté de l’enclave, que le territoire enclavé est le sien, et le sentiment contradictoire d’indépendance de l’enclavé.
Si c'est assez fréquent, ce n'est pas la règle : Monaco, le Lichtenstein, , etc.
Je ne rentre pas ici dans la complexité des relations Syriano-Libanaises dont je ne connais pas toutes les facettes, mais il faut souligner un point crucial : les pays furent réunis pendant des siècles. En réalité, pendant presque toute son histoire, la Syrie comprenait soit dans un ensemble propre, soit comme partie d’un plus grand tout (empire Ottoman, « Grand Liban » français, etc.) le Liban, mais aussi la Jordanie et la Palestine !
Oui, historiquement, c'est un ensemble.
Bien sûr les libanais se sont distingués : levier du pouvoir économique et politique généralement dans les mais des chrétiens, minoritaires, mais dans une proportion plus importante que les minorités chrétiennes de Syrie, orientation naturelle vers l’ouest (proximité avec la France, connaissance répandue de la langue française). Il faut ajouter la richesse du Liban, de tradition phénicienne et au peuple plus commerçant que belliqueux. Richesse créée sur l’initiative des chrétiens chassés de Turquie par les génocides commis par les musulmans, qui ont trouvé dans cette enclave le point de départ d’un empire commercial qu’aucun pays musulman du coin n’est parvenu à égaler. Il est évident que cette manne économique a aussi suscité l’intérêt de Damas.
Ajoute encore une grosse migration de chrétiens égyptiens.
Les libanais considèrent donc être, par le fait même de la séparation que créent les monts Liban avec la Syrie, un état indépendant. Damas considère que le Liban est son territoire, une erreur de l’histoire, et veut le récupérer ou au moins le faire rentrer dans sa sphère d’influence.
Là, ton raisonnement est un saut de trapéziste sans filet
C’est là que cela devient intéressant : l’on a toujours vendu les pays arabes comme un tout attaquant d’un seul intérêt et d’un seul élan Israël afin de jeter les Israéliens à la mer.
A part Israel, personne n'a jamis pensé cela !
Sauf à faire sa formation géo-politique dans Libelle-Rosita ...
En réalité, il n’en est rien : chaque état arabe agit, certes en coordination avec les autres états, mais cherchant son intérêt propre et avec un élan très très variable.
Si l’on part du simple constat stratégique, les arabes peuvent déplorer l’absence de coordination au delà d’une simple concertation d’états-majors sur une date d’attaque simultanée mais pas combinée : Israël a été soulagé d’une grande partie de la pression de l’offensive du Kippour par l’incapacité des arabes à se mettre d’accord sur une stratégie commune plutôt qu’un ensemble de stratégies propres.
Ce qui prouve qu'il n'y a pas d'intention commune, pour ceux qui en doutaient.
[quote]Les Egyptiens n’ont jamais réellement voulu jeter les Israéliens à la mer. Certes, pour des raisons de politique interne, il fallait jouer les gros bras. Mais l’objectif égyptien a plutôt été d’acculer les israéliens à la négociation plutôt que de les exterminer. Fondamentalement, et historiquement, les égyptiens ne sont jamais remontés vers le nord.
Oui.
Les Libanais n’en ont rien a foutre des guéguerres arabes. La guerre, c’est pas bon pour le commerce. Le Liban a toujours entretenu une armée minuscule, tiraillée en interne entre les influences traversant la société libanaise. Les libanais, dans toutes les guerres israélo-arabes, ont fait acte de présence. Et c’est tout.
Oui.
Les jordaniens de même.
Oui.
Les (autres) arabes les suspectent
Qui ?
En 72, la contre-offensive israélienne s’est miraculeusement arrêtée devant une division blindée jordanienne qu’elle aurait pu manger tout cru dans son élan. C’est tactiquement incompréhensible (il faut assurer ses flancs avant de continuer à avancer contre les syriens), sauf à considérer un accord. En 82, alors que ses voisins honnis se faisaient ratiboiser, les jordaniens n’ont pas moufté.
Les jordaniens, comme la plupart des autres, sont des pacifistes : aucj des pays cités n'ont jamais envahi qui que ce soit. Ils ont préféré servir de médiateurs, et d'asile aux réfugiés.
Pas folle la guêpe : si la Jordanie était en charge de la paix au PO, elle serait instaurée depuis longtemps. Les Syriens les haïssent et ne sont pas loin de considérer que, grande Syrie en vue, une fois le Liban réglé, on s’occupera de ces traîtres.
Reste la Syrie. L’intérêt de la Syrie est tout autre, je l’ai expliqué plus haut : le Liban, la Palestine, Israël, (et la Jordanie) ce ne sont pas au yeux des syriens d’autres pays, ce sont des provinces syriennes dont ils ont été privés. S’il y a un peuple qui foutrait bien tout le monde à la flotte, israéliens et chrétiens libanais, ce sont les syriens. S’il y a un peuple qui veut mettre la main sur le croissant fertile, ce sont les syriens. Affirmer, au regard de l’histoire, de l’économie de la région, et des enjeux politiques que la Syrie n’en a rien à faire du Liban, c’est absurde.
Si la Syrie avait voulu tout cela elle l'aurait déjà fait
Et Israël alors ? Israël a toujours eu un problème : son implantation et sa nature géostratégique. Israël est bien situé : au milieu du croissant fertile, cette bande de terre entre mer et désert, qui fait le lien entre Asie et Afrique, et qui est dans la ligne de mire de toutes les peuplades du coin depuis des siècles, voire des millénaires (rappel : l’ouest, l’eau).
Mais défendre une langue de terre est impossible : avec un canon de campagne, on peut bombarder Israël depuis la frontière, ou presque.
Et cependant, personne ne l'a jamais fait.
Il faut donc créer des tampons autour de l’état. Cette question est tout à fait différente des implantations de colons juifs, ou de la question de Jérusalem : les colons, et les aspects bibliques, l’eretz israel etc., ne font que déplacer le problème du « tampon », puisque le peuple juif ne peut être dans cette zone de guerre qui doit servir à les protéger, précisément.
Ou ce tampon est Israel, et on ne fait que reculer le problème. Ou il n'est pas Israel, et ne peut être fondé que sur des relations de bon voisinage.
J’en arrive aux roquettes kassam. Toute la mythologie de l’histoire militaire israélienne est faite de ces kibboutzim à la frontière et des bombardements sporadiques des syriens, et de la nécessité de mettre israel hors de portée.
La mythologie, c'est qu'Israel est menacé, quod non est. Mais elle est nécessaire à Israel : militariser la jeunesse pour masquer le chômage, se poser en victime pour obtenir des conditions favorables en matière de droits de douane ou d'armement même prohibé, empocher ceux de l'"ennemi" et s'approrpier son eau, mais surtout maintenir un semblant de cohésion dans le pays, "face au péril"
Militairement parlant, il est difficile de comparer la puissance de feu d’une volée de batterie israélienne ou d’un chasseur-bombardier et une de ses roquettes s’égaillant dans la nature. Mais les armes procèdent de la même volonté de tuer, en utilisant les mêmes types de munition, des bonnes grosses saloperies antipersonnel, des billes dans les deux cas, qui vous étripent comme des vaches d’abattoir.
Mais qui n'ont fait qu'une dizaine de morts en pas mal de temps ...
Mais politiquement, tirer une roquette contre israel, c’est renvoyer un peuple aux fondements de son établissement, aux besoins fondamentaux de sa survie, et à la nécessité de se protéger contre l’agresseur. Tirer une roquette contre israel, c’est lui dire, tu vois, tu as été con de laisser ces zones tampons – dont le Liban, j’y suis encore et je t’emmerde.
Tire une rosuette contre Israel, c'est dire "tu vois, tu as tous fait pour nous réduire à des sous-hommes, massacrer nos familles, ruiner nos erres, détruire nos maisons, embastiller nos éus, mais nous vivons encore".
En plus, il y a la question de l’accès à l’eau (le Golan)
Pas seulement. Voir le Jourdain mis à sec en amont, voir chaque colonie établie sur un point d'eau palestinien.
On aura peut-être l’occasion de causer de la réponse qu’israel donne à ces agressions, et de la quasi-certitude que son armée sera battue par le hezbollah si elle s’aventure encore là-bas. Cette quasi-certitude de défaite rend je pense les israéliens encore plus agressifs (car ils en sont conscients), et ce n’est pas une bonne chose dans un conflit asymétrique. J’y reviendrais si je ne me fais pas encore virer par l’autre analphabète incapable.
En fait, soyons réalistes. A part quelques incidents de frontières et quelques kamikazes, Israel jouit d'une paix totale, en raison de la non-agressivité de tous ses voisins. Il faudrait peut-être que ceux-là soient sur-armés, et que la guerre perpétuelle soit devenue inconcevable, pour qu'Israel le réalise.