Elections communales en Belgique, un test pour l'extrême-droite
dim. oct. 8, 2006 11:29
par Yves Clarisse
BRUXELLES (Reuters) - Plus de sept millions d'électeurs belges sont appelés aux urnes dimanche pour des élections communales cruciales pour l'avenir du pays selon le résultat qu'obtiendra l'extrême-droite flamande indépendantiste.
Les bureaux de vote ont ouvert leurs portes à 08h00 locales (06h00 GMT) et fermeront progressivement dans le courant de l'après-midi. Les premiers résultats ne devraient pas être connus avant 18h00 (16h00 GMT).
Si la Belgique se porte bien sur le plan économique, la Flandre prospère accepte de plus en plus difficilement de faire preuve de solidarité avec une Wallonie à la traîne et les incessantes querelles linguistiques empoisonnent le climat.
En devenant en moins de 20 ans le premier parti de Flandre et donc de Belgique, le "Vlaams Belang", un parti d'extrême-droite qui prône l'indépendance du nord du pays - son slogan est "België barst!" ("Belgique, crève!") - et une ligne dure envers les immigrés, a complètement changé la donne.
Même s'il s'agit d'un scrutin local, il s'agira d'un sondage grandeur nature avant les élections législatives de 2007.
Tous les regards se tournent vers Anvers, la deuxième ville du pays où le Vlaams Belang avait remporté un tiers des voix en 2000, et vers d'autres villes moyennes de Flandre.
"Le monde entier observe Anvers", écrit ce week-end le quotidien de gauche De Morgen avec une emphase qui n'est pas complètement déplacée à en juger par le nombre de télévisions étrangères qui ont envahi ce grand port.
Le "VB" devrait toutefois manquer son objectif.
Les sondages indiquent cette fois que le parti se serait stabilisé à Anvers, ce qui l'empêchera de prendre la mairie, même si quelques districts, des sous-conseils municipaux privés de tout pouvoir réel, pourraient être remportés.
Cette stabilisation, si elle se confirme dans les urnes, constituerait en soi un phénomène non négligeable.
UNE PRISE DE CONSCIENCE?
Jusqu'à présent, rien n'avait pu enrayer la progression de ce parti, pas même le fait que la Cour de cassation, la plus haute juridiction, ait qualifié le mouvement de "raciste" en 2004, l'obligeant à changer de nom - Vlaams Blok est devenu Vlaams Belang - pour éviter l'interdiction.
Mais le meurtre raciste, le 11 mai dernier, d'une petite fille de deux ans et de sa baby-sitter malienne, par Hans Van Temsche, un jeune homme de 18 ans imprégné d'idéologie néo-nazie et dont la famille milite au Vlaams Belang, a choqué le pays.
Un complot d'extrême-droite de grande ampleur vient également d'être découvert au sein de l'armée belge.
Dimanche dernier, 100.000 personnes ont assisté à des concerts organisés contre le Vlaams Belang et, pour la première fois, des artistes immensément populaires en Flandre sont montés sur scène, à la grande colère des dirigeants de ce parti.
Il s'agit là d'une petite révolution dans une Flandre où l'extrême-droite a été totalement banalisée jusqu'à présent.
Mais même s'il ne prend pas Anvers, le "VB" devrait se maintenir à un niveau très élevé et il est loin d'être exclu que certains élus rompent le "cordon sanitaire" érigé par les partis dits démocratiques et fassent alliance avec lui au niveau local.
Cela achèverait de pourrir le climat entre Flamands et Wallons, donnant leur chance aux plus radicaux qui, en Flandre, veulent transférer vers les régions de nouvelles compétences, notamment en matière de sécurité sociale, alors que les Wallons estiment qu'il s'agit des derniers mécanismes de solidarité.
L'autre inconnue du scrutin sera donc la performance des libéraux et des socialistes qui gouvernent depuis 1999.
A l'approche des élections, la tension monte entre les deux alliés qui sont donnés en net recul, les socialistes wallons étant affaiblis par de nouveaux scandales de corruption.
Si la défaite de la coalition, qui a ralenti le transfert de pouvoir aux régions, est aussi cinglante que prévu, elle annoncerait un changement d'alliances après les législatives de 2007 et une négociation très délicate pour l'avenir du pays.
Les sociaux-chrétiens flamands, très confédéralistes, pourraient alors revenir aux affaires et exiger des Wallons une nouvelle réforme dont ils ne veulent pas, d'où le risque de crise.
© Reuters 2006. Tous droits réservés.
http://today.reuters.fr/news/newsArticle.aspx?type=topNews&storyID=2006-10-08T092701Z_01_GAR828864_RTRIDST_0_OFRTP-BELGIQUE-ELECTIONS-20061008.XML
dim. oct. 8, 2006 11:29
par Yves Clarisse
BRUXELLES (Reuters) - Plus de sept millions d'électeurs belges sont appelés aux urnes dimanche pour des élections communales cruciales pour l'avenir du pays selon le résultat qu'obtiendra l'extrême-droite flamande indépendantiste.
Les bureaux de vote ont ouvert leurs portes à 08h00 locales (06h00 GMT) et fermeront progressivement dans le courant de l'après-midi. Les premiers résultats ne devraient pas être connus avant 18h00 (16h00 GMT).
Si la Belgique se porte bien sur le plan économique, la Flandre prospère accepte de plus en plus difficilement de faire preuve de solidarité avec une Wallonie à la traîne et les incessantes querelles linguistiques empoisonnent le climat.
En devenant en moins de 20 ans le premier parti de Flandre et donc de Belgique, le "Vlaams Belang", un parti d'extrême-droite qui prône l'indépendance du nord du pays - son slogan est "België barst!" ("Belgique, crève!") - et une ligne dure envers les immigrés, a complètement changé la donne.
Même s'il s'agit d'un scrutin local, il s'agira d'un sondage grandeur nature avant les élections législatives de 2007.
Tous les regards se tournent vers Anvers, la deuxième ville du pays où le Vlaams Belang avait remporté un tiers des voix en 2000, et vers d'autres villes moyennes de Flandre.
"Le monde entier observe Anvers", écrit ce week-end le quotidien de gauche De Morgen avec une emphase qui n'est pas complètement déplacée à en juger par le nombre de télévisions étrangères qui ont envahi ce grand port.
Le "VB" devrait toutefois manquer son objectif.
Les sondages indiquent cette fois que le parti se serait stabilisé à Anvers, ce qui l'empêchera de prendre la mairie, même si quelques districts, des sous-conseils municipaux privés de tout pouvoir réel, pourraient être remportés.
Cette stabilisation, si elle se confirme dans les urnes, constituerait en soi un phénomène non négligeable.
UNE PRISE DE CONSCIENCE?
Jusqu'à présent, rien n'avait pu enrayer la progression de ce parti, pas même le fait que la Cour de cassation, la plus haute juridiction, ait qualifié le mouvement de "raciste" en 2004, l'obligeant à changer de nom - Vlaams Blok est devenu Vlaams Belang - pour éviter l'interdiction.
Mais le meurtre raciste, le 11 mai dernier, d'une petite fille de deux ans et de sa baby-sitter malienne, par Hans Van Temsche, un jeune homme de 18 ans imprégné d'idéologie néo-nazie et dont la famille milite au Vlaams Belang, a choqué le pays.
Un complot d'extrême-droite de grande ampleur vient également d'être découvert au sein de l'armée belge.
Dimanche dernier, 100.000 personnes ont assisté à des concerts organisés contre le Vlaams Belang et, pour la première fois, des artistes immensément populaires en Flandre sont montés sur scène, à la grande colère des dirigeants de ce parti.
Il s'agit là d'une petite révolution dans une Flandre où l'extrême-droite a été totalement banalisée jusqu'à présent.
Mais même s'il ne prend pas Anvers, le "VB" devrait se maintenir à un niveau très élevé et il est loin d'être exclu que certains élus rompent le "cordon sanitaire" érigé par les partis dits démocratiques et fassent alliance avec lui au niveau local.
Cela achèverait de pourrir le climat entre Flamands et Wallons, donnant leur chance aux plus radicaux qui, en Flandre, veulent transférer vers les régions de nouvelles compétences, notamment en matière de sécurité sociale, alors que les Wallons estiment qu'il s'agit des derniers mécanismes de solidarité.
L'autre inconnue du scrutin sera donc la performance des libéraux et des socialistes qui gouvernent depuis 1999.
A l'approche des élections, la tension monte entre les deux alliés qui sont donnés en net recul, les socialistes wallons étant affaiblis par de nouveaux scandales de corruption.
Si la défaite de la coalition, qui a ralenti le transfert de pouvoir aux régions, est aussi cinglante que prévu, elle annoncerait un changement d'alliances après les législatives de 2007 et une négociation très délicate pour l'avenir du pays.
Les sociaux-chrétiens flamands, très confédéralistes, pourraient alors revenir aux affaires et exiger des Wallons une nouvelle réforme dont ils ne veulent pas, d'où le risque de crise.
© Reuters 2006. Tous droits réservés.
http://today.reuters.fr/news/newsArticle.aspx?type=topNews&storyID=2006-10-08T092701Z_01_GAR828864_RTRIDST_0_OFRTP-BELGIQUE-ELECTIONS-20061008.XML