Les échanges économiques internationaux ont le chic pour niveler tout le bazar (mais en même temps favoriser la paix!)
Ça, il me faudrait une démonstration plus convaincante.
Qui dit échanges économiques dit recherche des ressources, pour produire, il faut de l'énergie et cette énergie est répartie inéquitablement sur terre.
Encore, si les ressources (énergétiques d'abord, brutes ensuite) étaient inépuisables, on pourrait continuer à développer mais si ce n'est pas le cas, il faut continuer l'analyse.
Que constate-t-on aujourd'hui sur la scène internationale ?
Une minorité de pays nantis et hautement industrialisés s'accaparent la quasi totalité des ressources énergétiques.
Imagine que tu as besoin de remplir une citerne d'eau chez toi tous les jours, une immense citerne d'eau. Première chose que tu fais, tu ouvres les robinets à plein rendement et tu la remplis, tu la remplis, tu la remplis, tes robinets coulent au maximum. Tu vas jusqu'à élargir le goulot pour qu'il y ait plus d'eau qui coule (imaginons).
Ca ne suffit pas, chaque jour la citerne est sèche.
Tu prends ton tuyaux d'arrosage, tu demandes à quelqu'un de presser le pistolet de manière continuelle dans le réservoir, pour ajouter à l'eau qui arrive des robinets de partout (cuisine, salle de bain, toilettes...).
Ca ne suffit pas.
Tu prends toutes les bouteilles d'eau de ton frigo et tu les remplis dans ta citerne en plus, elles apportent peu mais tu les mets aussi.
Ca ne suffit pas.
Tu demandes à ton voisin de relier son tuyau d'arrosage à ton jardin et tu lui demandes de remplir ta citerne en échange d'une compensation financière. Tu demandes la même chose à tous tes voisins.
La citerne est vidée tout les jours et reste à un seuil critique. Tu demandes à un livreur en camion de remplir une partie de la citerne tous les jours.
Et tu restes à un seuil très critique, la citerne s'élargit de jour en jour.
En fait, tu es la personne qui consomme le plus d'eau dans tout le voisinage, tout le monde t'en donne et personne n'en utilise autant pour sa propre citerne.
C'est la même chose au niveau mondial avec le pétrole. Le consommateur surabondant c'est l'Europe et les Etats-unis qui ont tissé une énorme toile d'araignée constituée d'oléoducs, de route de tankers, de transport par camions auteur d'eux.
Aucune similitude n'existe ailleurs, seul, la Chine souhaite élargie la toile d'araignée pour y occuper une place plus centrale, ensuite, les Russie, ensuite, les Indes...
Et encore, la quantité phénoménale qui arrive de partout tous les jours jusqu'à nous ne suffit pas, on en veut plus, on en aura besoin de plus et il y aura plus de gens qui en voudront plus, d'où des intérêts divergents, d'où des conflits.
On peut généraliser cette quête effrénée, insatiable de produits brutes à tous : le cacao, le coton, le caoutchou.
Est-ce que le Botswana s'est construit une toile proportionnelle à sa taille autour de lui ? Non.
Idem pour la plupart des pays mondiaux, il y a que nous.
En échange de cet approvisionnement niagarien qui va en s'élargissant toujours plus, on compense dans l'autre sens en donnant des géèssèmes en couleurs aux pays pauvres. On transforme, on crée un truc rigolo et technologique que-quand-tu-appuyes-sur-des-boutons-dessus-ça-interagit-avec-toi et on l'exporte pour qu'ils soient contents.
Et eux, ils continuent à nous donner du pétrole et du cacao selon notre bon plaisir.
Pour protéger ces approvisionnements dont l'énergie qui sert à la transformation est le plus important, on met des armées partout pour qu'ils surveillent que ça arrive bien tout en ayant l'impression de faire un truc noble et beau. C'est surtout les Etats-unis qui s'en chargent mais l'Europe n'est pas en reste.
Comment qu'on fait pour qu'il y ait des nigauds dans les armées réfère à la question :
C'est quoi le nationalisme ?
A tout endroit, il existe une élite, une frange de la société qui a accès à la propriété, à l'éducation, au pouvoir.
Dans la France du 18ème sciècle, c'est la monarchie et toute la noblesse qui est rassemblée sous sa coupe par le jeu des liens familiaux et des alliances.
Une autre élite, la bourgeoisie, a accès aux richesses, à la propriété mais jamais au pouvoir.
Plus de 90% des gens, le "Tiers Etat", une tierce partie, n'a accès à rien ou si peu.
L'astuce consiste à solidariser le Tiers Etat pour l'utiliser et asseoir une forme de pouvoir. Ce n'est rien d'autres que cela le nationalisme.
La noblesse chassée du pouvoir, elle est remplacée par la bourgeoisie française qui utilise le Tiers Etat à cette fin. L'armée napoléonienne part à la conquète du monde. C'est la première fois que la masse d'agriculteurs d'un pays est transformée en militaires massivement. C'est "grâce" au nationalisme.
Comment solidariser le Tiers Etat pour qu'il accepte de travailler et de payer scrupuleusement ses impôts, qu'il accepte de mourir pour l'élite et pour le pouvoir en place ?
Si je demande à un quidam, tiens, le gros lourd, là-bas, il m'embête, prends tous les risques à ma place, va le tuer et puis je pourrais prendre ce qu'il a, il y a beaucoup de chance que ce quidam me dise : "tu crois au père au Noël ou quoi ?"
Alors, profitant de l'avantage que me confère l'éducation, la connaissance, l'accès aux ouvrages, j'invente quelque chose qui fasse que le quidam se sente solidaire vis-à-vis de moi.
En fait, nous avons des origines lointaines communes, nous sommes issus d'un peuple fier et valeureux qui a toujours lutté pour son indépendance. Notre peuple est le meilleur et malheureusement les autres ont toujours souhaité sa perte, il est temps qu'il se réveille et qu'il rejaillisse. Je flatte son amour de soi. Je lui fais comprendre qu'il a des devoirs et qu'il en va de sa survie.
"Nos ancètres les Gaulois" est une vision qui date de la révolution française sans que ce soit un hasard.
Le quidam va prendre les armes et rejoindre l'armée que je lui aurais désignée en courant et il va aller se faire tuer pour moi. D'abord, parce qu'il croit en ce que je lui ai dit, ensuite, parce qu'il est con.
Naturellement, les élites qui sont en concurrence avec moi, ont bien compris mon petit stratagème et leur parade c'est de faire la même chose tout simplement.
A la grande armée française napoléoninienne (première armée plethorique donc) suit une grande armée prussienne, une grande armée britannique, une grande armée hollandaise, chaque fois on utilise des gens qui n'ont aucun intérêt à mourir puisqu'ils n'y gagneraient rien ou n'y perderaient rien. Alors, on agite le danger du mal suprême qui s'avère être le camp d'en face. Et tout cela même à la première guerre mondiale, la première vraie grande boucherie de l'histoire à une échelle jamais imaginée.
Lorsque la noblesse était au pouvoir, on pouvait lui reprocher de cumuler tous les pouvoirs et tout mais la plupart de ceux qui se battaient étaient les nobles eux-mêmes (le cadet de chaque famille noble généralement), chose compréhensible puisqu'elle défend ses intérêts de privilèges, de pouvoir et autre.
Avec la bourgeoisie c'est tout le monde.
Partout où un ensemble territorial a été conquis aléatoirement, il faut construire une nouvelle histoire qui explique à quel point tout le monde qui y vit est lié par le sang depuis des temps immémorables même si on nage en pleine contradiction. Alors, on peut ensuite les envoyer se faire tuer pour que l'ordre établie se maintienne.
Tous ces ordres s'automaintiennent comme une amas de briques appuyées les unes contre les autres.
Voilà, c'est ça le nationalisme.