tito varich Sam 11 Aoû - 15:30
"Dans le cas de la déviance, les représentations qui étaient à la disposition d'un jeune chercheur au début des années 1950 convergeaient sur le caractère intrinsèquement déviant de l'acte et de son auteur.
Théories scientifiques et sens commun s'accordaient pour poser la même question : Pourquoi certains transgressent-ils les normes?, et ne pouvaient que se rejoindre dans la réponse : c'est parce que certaines personnes sont substentiellement déviantes qu'elles décident d'accomplir des actes qui sont eux-mêmes substentiellements déviants.
Une telle conception des choses implique que la norme échappe à la décision, qu'elle est reçue comme telle d'on ne sait quelle instance extérieure au jeu du social, donnée une fois pour toute et indiscutable. Ici la norme va de soi, et ce ne sont que les poussées perverses qui peuvent s'essayer à les transgresser.
Or, de toute évidence, la norme ne va pas de soi. [...] Le même gendarme ne traite pas toujours les mêmes actes avec la même sévérité, selon par exemple que le chapardeur de bonbon à l'étalage soit noir ou blanc.
Une meilleure question sera donc : qui définit la norme, et dans quelles conditions ceux qui la définissent s'y prennent-ils pour la faire respecter?
[...]
L'objet sociologique "déviance" n'est pas un inventaire de comportements, ni une statistique de leur fréquence : il est un objet symbolique, construit dans un processus collectif, symbolique au sens où il est quelque chose qui nous unit, à un moment donné, dans une signification commune."
Alain Pessin, Un sociologue en liberté, lecture de Howard Saul Becker, Presses de l'Université de Laval, Laval, 2004.
Le droit public n'a qu'une réalité de papier et n'a rien de commun avec la réalité vécue. Tu peux t'accrocher à un formalisme juridique si cela te rassure, mais pour traiter de réalités sociales, il est beaucoup plus opératoire de s'en tenir à des phénomènes observés empiriquement.
Le droit public peut-être un objet d'étude, mais certainement jamais un outil de compréhension.
Je ne vois donc aucun intérêt à discuter dans le cadre du droit public. Autant faire une partie d'échecs, les règles sont aussi strictes, la partie sera passionnante et on n'aura pas avancé d'un poil sur la compréhension du monde quand la partie sera terminée.