joan21"]iban
Démystifier les idées reçues de la propagande israélienne
Oufti ! Il y a à boire et à manger dans ce texte intéressant, mais touffu et parfois contestable. Un peu "intellectuel engagé", mais qui offre l'avantage de donner enfin un point de vue arabo-musulman éventuellement laïque ...
L’agression de l’armée israélienne contre le Liban ne devrait étonner que les aveugles et les hypocrites. Ce n’est pas cet enième acte barbare qui attesterait de la nature véritable de cet Etat de plus en plus enivré de sa propre force.
Israel enivré par sa propre force ? N'est ce pas plutôt une forme de méthode Coué, et de fuite en avant ? Depuis sa création, Israel a fait la preuve de ses incapacités, tant à assurer son autarcie financière qu'à se faire aimer de ses voisins. Ses difficultés internes ne peuvent se dissimuler que derrière la notion soigneusement entretenue d'agression perpétuelle, ses chômeurs ne peuvent voir diminuer leur nombre que par une conscription interminable, et la paix serait un révélateur insoutenable ds faiblesses structurelles du pays. Par contre, la guerre offre l'avantage de donner au citoyen une vue glorifiante de sa vocation, et lui donne un vernis de "défenseur des valeurs occidentales" aux yeux de son maître, une "Amérique sauce renouveau charismatique" qui se fait une joie et un honneur de lui fournir toute la gamme de son arsenal belliqueux, à la grande satisfaction du tout puissant lobby de l'armement.
Mais le plus grave dans cette idée reçue est la tentative sournoise de découpler une force de résistance éminemment patriotique, malgré l’étroitesse sociale et idéologique de certaines de ses composantes, du contexte national libanais comme si le Liban ne pouvait être représenté que par les forces sociales et politiques (à l’instar des Forces Libanaises) qui acceptent de reconduire sous une nouvelle forme le mandat français en tournant le dos à son appartenance civilisationnelle et géopolitique régionale.
Ici, une vue que je ne partage pas. La relative francisation du Liban ne s'est nullement produite sous domination "coloniale", mais plutôt par convergences culturelles, et a contribué à un enrichissement considérable du Liban, véritable laboratoire de co-existence harmonieuse de cultures différentes. Tout en lui ouvrant des portes sur l'Occident, dans ce qu'il pouvait leur apporter de meilleur, tant au niveau des échanges culturels que du business. Bref, le Liban n'a tourné le dos à personne, mais a réalisé, par une alchimie qui lui est propre, un synchrétisme exceptionnel.
Premier présupposé d’ordre théorique qui n’a de logique que son apparence : Un régime autoritaire ne peut que poursuivre une politique extérieure injuste, un régime démocratique ne peut que poursuivre une politique extérieure juste. Cette «thèse » à laquelle sacrifient malheureusement de nombreux intellectuels arabes et musulmans est tout simplement fausse.
Historiquement, depuis plus d’un siècle, c’est même le contraire qui s’est produit. Le processus de colonisation et de guerres coloniales a été poursuivi systématiquement par des puissances qui ont superbement allié démocratie interne et barbarie externe. Logiquement, ce fait historique se tient.
Ici, petite profession de foi un peu brouillonne : l'auteur confond mise à sac des ressources d'un pays (colonialisme) et imprégnation culturelle. Par contre, il a tout à fait raison en soulignant que le régime d'un pays (démocratique ou non) n'et en rien une garantie de sa bonne conduite extérieure.
Second présupposé : Israël est censé se défendre contre les agissements perfides de la Syrie et de l’Iran.
Dans la version pseudo internationaliste des sionistes de gauche, tous les protagonistes de la région sont renvoyés dos à dos. Cette dernière version est la plus dangereuse parce que derrière des apparences généreuses, elle tente d’enlever au mouvement de libération nationale et sociale arabe et musulman les seuls appuis concrets possibles dans la région. Les manifestations dites pacifistes en Israël sont mobilisées non pas pour faire reculer le projet sioniste mais pour désarmer la résistance nationale et islamique.
Ici, joyeux mélange des problèmes extérieurs (Israel) et des problèmes internes des pays arabes, de nature surtout sociale. Quant à l'idée que les pacifistes israéliens ne seraient que des marionnettes stratégiques, elle nie partialement le courage et la vision de cette frange remarquable de la population israélienne.
Mais l’essentiel de ce qui se cache derrière ce présupposé est la nature véritable de l’Etat d’Israël et son alliance organique avec le capital international- dont on néglige souvent le caractère foncièrement culturel.
Pas d'accord non plus. S'il y a bien alliance avec le capital international, c'est moins parce qu'Israel joue dans la cour des grands que parce que ces "grands" comprennent de nombreux juifs dans leurs rangs, qui se sentent le devoir de soutenir Israel. D'un point de vue culturel, il n'est que de voir les réactions israéliennes et de connaitre le Moyen Orient pour voir qu'ils sont bien plus proches de leurs voisins que ds anglais par exemple
En vérité, Israël n’est pas un Etat comme un autre. Son caractère artificiel en fait une caserne structurelle. Qu’on en juge. Quel est l’Etat au monde qui peut mobiliser 10% de sa population sous les drapeaux en 48 heures ? Peut-on imaginer un instant la France - pays plus riche et plus puissant- mobiliser en 48 heures 5 millions de Français ? Le dernier sondage effectué cette semaine en Israël nous apprend que 86% de la population soutient la guerre de son gouvernement contre le Liban. Pourquoi abandonner la proie pour l’ombre ?
Tout le ciment d'Israel repose sur les "menaces" dont il est l'objet.
Certes, la Syrie et l’Iran ne sont pas des enfants de chœur. Ils ont des intérêts géopolitiques à défendre dans la région et la raison d’Etat peut les amener à s’éloigner parfois des intérêts du mouvement social mais seule une conception infantile de la lutte politique peut faire croire à une convergence permanente et automatique entre les stratégies étatiques et les stratégies sociales.
Plus clairement, quand un pays n'offre pas à ses citoyens un stading social suffisant, la tentation est grande de distraire le peuple avec des objectifs politico-religieux et de le fédérer contre un "ennemi". Donc, en harcelant sans cesse ses voisins, Israel rend un signalé service aux gouvernements de ces pays.
Le peuple palestinien martyr, à travers son avant-garde combattante, le Hamas, vient de montrer l’exemple. L’alliance de fait entre les deux mouvements palestinien et libanais est une preuve que la division séculaire entre le sunnisme et le chiîsme, que l’impérialisme cherche à exploiter à des fins géopolitiques évidentes, peut fondre dans le feu du combat. Si cela se produisait, le martyre des victimes libanaises innocentes de la dernière agression en date de l’armée israélienne pourrait ne pas être vain.
Face à Israel, sunnites et chiites ont évidemment des intérêts communs.
Mais ces fusions sont généralement conditionnées à la poursuite d'un objectif, et ne perdurent pas au-delà.