Le dimanche 20 mai 2007
Affrontements sanglants au Liban-nord
Sanglants combats au Liban-nord, non loin de la Syrie, qui a du coup bouclé sa frontière. Des affrontements entre l'armée libanaise et les militants palestiniens du Fatah al-Islam avaient fait au moins 15 morts dimanche, autour d'un camp de réfugiés palestiniens et à Tripoli, qui n'avait plus connu une telle violence depuis au moins 20 ans.
Outre ce chef-lieu du Liban-nord, le camp palestinien voisin, Nahr el-Bared, proche de la frontière syrienne, où vivent 30 000 réfugiés, est au coeur des combats.
L'armée libanaise a fait état de 13 morts dans ses rangs, la télévision avançant le chiffre de trois morts côté militants, tandis que, selon les habitants du camp, au moins 12 civils ont été tués ou blessés.
Un porte-parole du Fatah al-Islam, Abou Salim, a déclaré à l'AP que deux islamistes avaient été tués et cinq autres blessés dans le camp. Selon un haut responsable de la sécurité libanaise ayant requis l'anonymat, l'un des chefs du groupe, connu sous le nom d'Abou Yazan, a péri.
Abou Salim a déclaré ne rien savoir à ce sujet et a ajouté qu'un fax reçu par certaines agences de presse, dans lequel son organisation menace d'un déchaînement de violence en cas de poursuite de l'intervention militaire, était un faux.
Le premier ministre Fouad Siniora a dénoncé «une dangereuse tentative d'atteinte à la sécurité libanaise» et a appelé les Libanais à soutenir le gouvernement.
Alors que le Liban, déchiré entre le gouvernement de Fouad Siniora et l'opposition pro-syrienne dont le Hezbollah chiite a pris la tête, vit actuellement sa pire crise politique depuis les années 90 et la fin de la guerre civile, ce nouvel épisode sanglant vient y rajouter une nouvelle dimension.
Le Fatah al-Islam est un groupuscule extrémiste palestinien émanation du prosyrien Fatah-Intifada, qui fit sécession du Fatah de Yasser Arafat au début des années 80, et est basé en Syrie.
Si certains responsables sécuritaires libanais estiment que le Fatah al-Islam est devenu un groupe sunnite extrémiste et le jugent désormais lié à Al-Qaeda, d'autres considèrent qu'il est une façade pour les tout-puissants services de renseignement militaire syriens, qui continuent d'agir pour déstabiliser le Pays du Cèdre. Les principales factions palestiniennes se sont en tous cas toutes dissociées du Fatah al-Islam.
Chassés par le mouvement populaire qui a suivi l'assassinat de l'ancien premier ministre Rafic Hariri en février 2005, les Syriens quittaient le Liban deux mois plus tard, après 29 années de présence militaire.
Quant à la Syrie laïque, où le pouvoir est détenu par la minorité alaouite, elle est elle-même confrontée à une insurrection sunnite de plus en plus active dans les quartiers de Damas.
Dans le nord du Liban, tout a commencé samedi par une bataille rangée à Tripoli. La police y a investi un appartement occupé par des militants du groupe sur Mitein Street, une des artères principales de Tripoli: elle y recherchait les suspects du braquage, la veille, d'une banque au sud-est de Tripoli, au cours duquel les voleurs sont repartis avec 125 000 dollars. Les militants ont riposté, et la bagarre, qui a gagné les rues avoisinantes, a duré tout l'après-midi.
Les militants se sont ensuite emparés de positions de l'armée libanaise à l'entrée de Nahr el-Bared, bastion de leur mouvement, capturant deux véhicules blindés. Ils ont aussi tendu une embuscade à une unité de l'armée, tuant deux soldats.
Dimanche, les combats faisaient toujours rage dans le camp d'où s'élevait une épaisse fumée. L'armée libanaise, qui y a dépêché des renforts, pilonnait sans relâche les positions des combattants palestiniens à coups d'artillerie et à l'arme lourde. Selon un commandant libanais, l'armée cherchait à reprendre ses positions perdues. Le porte-parole Abou Salim affirmait quant à lui que les militants se contentaient de se défendre, la population du camp ayant été attaquée «après l'arrestation de nos frères à Tripoli».
Les camps de réfugiés palestiniens du Liban, gérés par les organisations palestiniennes, sont zone interdite pour l'armée libanaise, qui se contente de gérer des checkpoints à leurs entrées.
Mais l'armée a ces derniers mois renforcé sa présence et sa surveillance autour de Nahr el-Bared, le Fatah al-Islam, qui s'y est implanté, multipliant ses actions: en avril, un soldat avait été tué lors d'une fusillade avec les combattants du groupuscule en lisière de Nahr el-Bared.
Le gouvernement accuse également le Fatah al-Islam d'avoir perpétré un attentat en février contre un minibus dans la montagne chrétienne proche de Beyrouth, qui a fait trois morts. Le groupuscule nie toute implication.
Tripoli, ville à majorité sunnite où les fondamentalistes sont nombreux, demeurait en état de siège dimanche, les renforts y affluant d'autres régions du pays, et des soldats armés de fusils automatiques et de lance-roquettes positionnés dans les rues.
Dans le quartier de Zahriyeh, l'armée assiégeait un autre bâtiment où étaient repliés des militants, attendant l'arrivée des commandos pour investir les lieux.
Cette brutale flambée de violence semble liée à la volonté de créer un tribunal international pour juger les auteurs des assassinats politiques au Liban, au premier rang desquels celui de Rafic Hariri. Le Conseil de sécurité de l'ONU se penche actuellement sur un projet de résolution sur l'instance, alors que la Syrie et ses alliés au Liban sont férocement opposés à cette idée.
http://www.cyberpresse.ca/article/20070520/CPMONDE/70520009/1014/CPMONDE
Affrontements sanglants au Liban-nord
Sanglants combats au Liban-nord, non loin de la Syrie, qui a du coup bouclé sa frontière. Des affrontements entre l'armée libanaise et les militants palestiniens du Fatah al-Islam avaient fait au moins 15 morts dimanche, autour d'un camp de réfugiés palestiniens et à Tripoli, qui n'avait plus connu une telle violence depuis au moins 20 ans.
Outre ce chef-lieu du Liban-nord, le camp palestinien voisin, Nahr el-Bared, proche de la frontière syrienne, où vivent 30 000 réfugiés, est au coeur des combats.
L'armée libanaise a fait état de 13 morts dans ses rangs, la télévision avançant le chiffre de trois morts côté militants, tandis que, selon les habitants du camp, au moins 12 civils ont été tués ou blessés.
Un porte-parole du Fatah al-Islam, Abou Salim, a déclaré à l'AP que deux islamistes avaient été tués et cinq autres blessés dans le camp. Selon un haut responsable de la sécurité libanaise ayant requis l'anonymat, l'un des chefs du groupe, connu sous le nom d'Abou Yazan, a péri.
Abou Salim a déclaré ne rien savoir à ce sujet et a ajouté qu'un fax reçu par certaines agences de presse, dans lequel son organisation menace d'un déchaînement de violence en cas de poursuite de l'intervention militaire, était un faux.
Le premier ministre Fouad Siniora a dénoncé «une dangereuse tentative d'atteinte à la sécurité libanaise» et a appelé les Libanais à soutenir le gouvernement.
Alors que le Liban, déchiré entre le gouvernement de Fouad Siniora et l'opposition pro-syrienne dont le Hezbollah chiite a pris la tête, vit actuellement sa pire crise politique depuis les années 90 et la fin de la guerre civile, ce nouvel épisode sanglant vient y rajouter une nouvelle dimension.
Le Fatah al-Islam est un groupuscule extrémiste palestinien émanation du prosyrien Fatah-Intifada, qui fit sécession du Fatah de Yasser Arafat au début des années 80, et est basé en Syrie.
Si certains responsables sécuritaires libanais estiment que le Fatah al-Islam est devenu un groupe sunnite extrémiste et le jugent désormais lié à Al-Qaeda, d'autres considèrent qu'il est une façade pour les tout-puissants services de renseignement militaire syriens, qui continuent d'agir pour déstabiliser le Pays du Cèdre. Les principales factions palestiniennes se sont en tous cas toutes dissociées du Fatah al-Islam.
Chassés par le mouvement populaire qui a suivi l'assassinat de l'ancien premier ministre Rafic Hariri en février 2005, les Syriens quittaient le Liban deux mois plus tard, après 29 années de présence militaire.
Quant à la Syrie laïque, où le pouvoir est détenu par la minorité alaouite, elle est elle-même confrontée à une insurrection sunnite de plus en plus active dans les quartiers de Damas.
Dans le nord du Liban, tout a commencé samedi par une bataille rangée à Tripoli. La police y a investi un appartement occupé par des militants du groupe sur Mitein Street, une des artères principales de Tripoli: elle y recherchait les suspects du braquage, la veille, d'une banque au sud-est de Tripoli, au cours duquel les voleurs sont repartis avec 125 000 dollars. Les militants ont riposté, et la bagarre, qui a gagné les rues avoisinantes, a duré tout l'après-midi.
Les militants se sont ensuite emparés de positions de l'armée libanaise à l'entrée de Nahr el-Bared, bastion de leur mouvement, capturant deux véhicules blindés. Ils ont aussi tendu une embuscade à une unité de l'armée, tuant deux soldats.
Dimanche, les combats faisaient toujours rage dans le camp d'où s'élevait une épaisse fumée. L'armée libanaise, qui y a dépêché des renforts, pilonnait sans relâche les positions des combattants palestiniens à coups d'artillerie et à l'arme lourde. Selon un commandant libanais, l'armée cherchait à reprendre ses positions perdues. Le porte-parole Abou Salim affirmait quant à lui que les militants se contentaient de se défendre, la population du camp ayant été attaquée «après l'arrestation de nos frères à Tripoli».
Les camps de réfugiés palestiniens du Liban, gérés par les organisations palestiniennes, sont zone interdite pour l'armée libanaise, qui se contente de gérer des checkpoints à leurs entrées.
Mais l'armée a ces derniers mois renforcé sa présence et sa surveillance autour de Nahr el-Bared, le Fatah al-Islam, qui s'y est implanté, multipliant ses actions: en avril, un soldat avait été tué lors d'une fusillade avec les combattants du groupuscule en lisière de Nahr el-Bared.
Le gouvernement accuse également le Fatah al-Islam d'avoir perpétré un attentat en février contre un minibus dans la montagne chrétienne proche de Beyrouth, qui a fait trois morts. Le groupuscule nie toute implication.
Tripoli, ville à majorité sunnite où les fondamentalistes sont nombreux, demeurait en état de siège dimanche, les renforts y affluant d'autres régions du pays, et des soldats armés de fusils automatiques et de lance-roquettes positionnés dans les rues.
Dans le quartier de Zahriyeh, l'armée assiégeait un autre bâtiment où étaient repliés des militants, attendant l'arrivée des commandos pour investir les lieux.
Cette brutale flambée de violence semble liée à la volonté de créer un tribunal international pour juger les auteurs des assassinats politiques au Liban, au premier rang desquels celui de Rafic Hariri. Le Conseil de sécurité de l'ONU se penche actuellement sur un projet de résolution sur l'instance, alors que la Syrie et ses alliés au Liban sont férocement opposés à cette idée.
http://www.cyberpresse.ca/article/20070520/CPMONDE/70520009/1014/CPMONDE