à mon avis en luttant contre le racisme des blancs...
Je trouve que justement, en ne luttant exclusivement que contre le racisme des blancs, on ferme les yeux sur toutes autres formes de racisme qui se développent sans aucun frein. En tant qu'anti-raciste, ça me pose un gros problème.
De plus, en ne se focalisant que sur les blancs et le racisme commis par les blancs, on recrée une nouvelle forme de ségrégation raciale: des règles pour les blancs et des règles pour les non-blancs, un même acte sanctioné en fonction de la couleur de la peau, ou au contraire accepté en fonction de la couleur de la peau. C'est l'essence-même du racisme, c'est l'essence-même d'une société ségrégationniste.
je pense qu'effectivement, en Europe, le racisme est le fait des européens de souche et que les quelques blacks et beurs qui font du racisme anti-blanc c'est par identification à l'agresseur... "blanc",
Si je suis ta logique, Krill, quelqu'un peut être raciste s'il a lui-même été victime de racisme. Il agirait "par identification à l'agresseur".
Cas vécus:
- Je marche tranquillement dans la rue. Je croise un noir qui m'insulte violemment en me disant des trucs du genre "fucking white woman". Il me semble que c'est clairement une insulte raciste, mais je sais pertinement que je ne peux rien faire. Rien que le fait de raconter mon agression fait qu'on me soupçonne de racisme.
- il m'est arrivé à plusieurs reprises de constater que lorsque j'allais acheter quelque chose dans un magasin tenu par des maghrébins, une boucherie halal ou une échoppe sur un marché, le vendeur augmentait systématiquement ses prix. Ma soeur, à Liège, a vécu exactement la même chose: elle a un jour accompagné un ami iranien dans une boucherie halal et a été étonnée du prix très bas de la viande. Elle y est retournée seule quelques jours plus tard, et là, on lui a fait payer la même viande très nettement plus chère. Il me semble que le fait pour un blanc de trouver normal d'aller dans un magasin maghrébin est une démarche non raciste. Mais que penser du vendeur qui fixe ses prix sur base de la couleur de peau de ses clients ?
Je pourrais prolonger la liste de ces cas vécus pour remplir la moitié du forum, mais je pense que vous m'avez comprise. Donc, si je suis la logique de Krill, puisque j'ai moi-même vécu plein de situations où j'ai été victime de racisme, puis-je devenir moi-même raciste ?
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Selon moi, il faut condamner le racisme, quelque soit la personne qui le commet et quelle que soit la couleur de la peau ou l'origine de la personne qui le commet. Regarder en premier lieu la couleur de peau de l'agresseur et de la victime, et selon la couleur de peau de l'agresseur, l'acte raciste sera condamné ou accepté, est à mes yeux une attitude totalement raciste.
- sur la plan psychologique, il est possible que le racisme blanc ait induit celui d'autres communautés (thèse Krill) ;
En suivant la thèse de krill, tout personne ayant subi du racisme peut lui-même devenir raciste. Ce qui signifie donc qui, plutôt que lutter contre le racisme, on le propage: M.x (blanc) commet un acte raciste contre M. Y (noir). Du coup, on accepte que M. Y commette à son tour du racisme contre M. Z (blanc), qui lui-même sera autorisé à commettre du racisme contre une autre personne, etc.
Je trouve que c'est une attitude franchement dangereuse, et qui est tout à l'opposé de la lutte contre le racisme.
De plus, je ne suis pas certaine que les blancs vivant aujourd'hui en Europe soient plus racistes que les non-blancs. Il y a une loi antiraciste depuis 30 ans, il y a eu une série de condamnation pour racisme, dans toutes les écoles on éduque les enfants à l'antiracisme, on mène continuellement des campagnes pour lutter contre le racisme des blancs, on dénonce sans arrêt les discriminations dans le travail, dans le logement, partout. Au final, j'ai le sentiment de plus en plus net que les blancs sont dans l'ensemble bien moins racistes que d'autres communautés a qui on a asséné qu'ils étaient les "victimes des méchants blancs racistes", mais à qui on n'a jamais pris la peine d'expliquer que eux aussi pouvaient commettre du racisme.
- mais à partir du moment où tout comportement raciste relève du Droit Pénal, il est bien évident que les Cours et Tribunaux doivent connaître de ces délits, quelle que soit la couleur du contrevenant ou de sa victime (et ça, c'était la question de Marieke, je crois).
Je dirais qu'avant même d'arriver devant les tribunaux, il y a des obstacles continuels pour empecher un blanc victime de racisme, de le dénoncer. Dire "j'ai subi une agression raciste, j'ai subi une discrimination raciste" quand on est blanc, fait que (bizarrement) on soit accusé de racisme. Ou dans la version "light", on soit réduit au silence, ou on voit minimiser la gravité de ce racisme, quand il n'est pas simplement justifié.