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    Le passé sommé d'être confessé en Pologne

    silverbold
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    Le passé sommé d'être confessé en Pologne Empty Le passé sommé d'être confessé en Pologne

    Message  silverbold Ven 16 Mar - 7:28

    Le passé sommé d'être confessé en Pologne
    Une loi oblige journalistes, profs, etc. à avouer leurs accointances avec l'ex-police secrète.
    Par Maja ZOLTOWSKA
    QUOTIDIEN : vendredi 16 mars 2007
    Varsovie de notre correspondante

    Depuis hier en Pologne, 700 000 personnes doivent passer aux aveux. Journalistes, enseignants, recteurs des universités, directeurs d'école, diplomates, avocats ou notaires nés après 1972, tous doivent déclarer s'ils ont ou non collaboré avec la police secrète de l'ancienne Pologne communiste. Introduite par le gouvernement conservateur, cette nouvelle loi de lustration suscite la plus vive polémique.
    «Mon passé n'appartient qu'à moi», lance Ewa Milewicz, ancienne militante de l'opposition et journaliste de Gazeta Wyborcza, une des premières à annoncer qu'elle boycottera la loi. «Je me confesse quand j'en éprouve le besoin et non quand le pouvoir, quel qu'il soit, même démocratique, me l'impose», écrit-elle sur son blog. L'ancienne dissidente se dit même prête à renoncer à exercer son métier.
    Vestiges. Faute d'avoir réglé le problème de la collaboration avec la police secrète dès la chute du communisme, la Pologne n'en finit pas d'être agitée par des scandales. Le passé a d'abord rattrapé des hommes politiques, et plus récemment des prêtres. L'affaire de l'éphémère archevêque de Varsovie, Mgr Stanislaw Wielgus, contraint de renoncer début janvier à sa fonction après des révélations de presse sur ses vingt ans de collaboration avec la police politique communiste, la SB, a permis au parti conservateur Droit et Justice (PiS) des frères Kaczynski d'aller de l'avant dans son programme d'éradication des vestiges du communisme. Une loi avait déjà été votée pour contraindre les députés, sénateurs, ministres et magistrats, soit quelque 30 000 personnes, à se confesser.
    Cette fois, les employeurs ont un mois pour demander aux salariés de s'y plier, ces derniers ont un autre mois pour remplir leur déclaration et la déposer à l'Institut de la mémoire nationale (IPN). Après vérification dans les archives de l'ancienne police politique dont il a la garde, cet organisme la publiera sur Internet.
    Pour Wojciech Mazowiecki, rédacteur de l'hebdomadaire Przekrój, cette obligation rappelle les pires pratiques des communistes, qui faisaient signer aux journalistes des lojalki, des déclarations de loyauté. «Signer aujourd'hui, sous la menace de perdre mon travail, une déclaration qui constate que je ne me suis pas comporté comme une peau de vache à l'époque communiste est aussi humiliant que d'avoir été contraint par la police communiste à signer une déclaration de loyauté à l'époque de la loi martiale du général Jaruzelski», écrit le fils de Tadeusz Mazowiecki, chef en 1989 et 1990 du premier gouvernement polonais non communiste.
    L'Association des journalistes de Pologne (SDP) a pris position en faveur de la loi. «Si on fouille dans la vie des autres, nous devons exposer la nôtre sur un plateau», explique Krystyna Mokrosinska, l'actuelle chef de la SDP. En revanche, son président d'honneur, le vétéran Stefan Bratkowski, voit dans la loi une volonté d'attenter à la liberté d'expression. «Les médias indépendants sont la condition même de la démocratie. Aucun pouvoir ne peut les contrôler», a-t-il déclaré.
    «Certificat d'innocence». «Les journalistes qui refuseront de remplir les déclarations seront licenciés. De même que ceux qui auront reconnu leur collaboration. C'est une institution publique, il faut y remplir des normes» de morale, explique le président de la radio publique polonaise, Krzysztof Czabanski. Bien avant que la loi soit adoptée, ce dernier et d'autres chefs des médias publics, dirigés par des proches du pouvoir, ont demandé l'an dernier à leurs employés d'aller chercher leur «certificat d'innocence» à l'IPN. L'immense majorité s'est exécutée. Les insoumis, soit une trentaine de journalistes, viennent d'être licenciés, écrit Gazeta Wyborcza . En fait l'opération a plutôt servi à régler des comptes. «Il n'y a eu aucun agent parmi les licenciés», explique sous couvert de l'anonymat un ancien journaliste de la radio qui déplore la perte d'indépendance de ce média depuis l'arrivée au pouvoir des Kaczynski. «C'est pire que Radio Moscou à l'époque soviétique», dit l'homme qui vient de démissionner.
    L'affaire est loin d'être réglée. L'ombudsman a annoncé qu'il saisira le Tribunal constitutionnel, certaines dispositions de la loi lui apparaissent comme contraires à la Constitution. Son application paraît de toute façon difficile. Passer aux «rayons X» le passé de 700 000 personnes prendra plus d'une dizaine d'années.

    http://www.liberation.fr/actualite/monde/241310.FR.php

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