Pologne: l'avortement en sursis
Un parti ultra a échoué à durcir une législation déjà très restrictive.
Par Maja ZOLTOWSKA
QUOTIDIEN : samedi 14 avril 2007
Varsovie de notre correspondante
Dans une atmosphère avoisinant l'hystérie, les députés ultracatholiques polonais de la Ligue des familles polonaises (LPR) ont échoué à introduire dans la constitution une interdiction totale de l'avortement. Déjà l'une des plus restrictives en Europe, la loi antiavortement actuelle n'autorise l'IVG que dans quelques cas bien définis : quand la grossesse est le résultat d'un crime comme le viol ou l'inceste, quand elle présente un danger pour la vie ou la santé de la femme, et en cas de malformations graves du foetus. La Pologne est avec l'Irlande et Malte un des trois pays en Europe où l'IVG n'est pas autorisée pour des raisons personnelles de la femme. Une IVG illégale est sanctionnée d'une peine de deux ans de prison pour le médecin ou toute personne qui la pratique, la femme elle-même n'est pas punie.
Le LPR voulait davantage. Protéger toute vie, même celle provenant d'un viol, d'inceste, etc. Ainsi ce petit parti (29 députés sur 460), membre de la coalition au pouvoir, a proposé d'ajouter au texte de la constitution que «la vie humaine est protégée par la loi à compter de la conception jusqu'à la mort naturelle». Un tel amendement entraînerait de facto le durcissement de la loi actuelle. Cela ferait aussi barrage à tout texte autorisant l'euthanasie à laquelle s'oppose également l'église catholique.
La proposition du LPR a tout de même été soutenue par 165 députés dont près de la moitié des députés de Droit et justice (PIS) des frères jumeaux Kaczynski, dont les consignes n'ont pas été respectées. Ces derniers, pour rester maîtres du jeu, ont présenté leur contre-proposition moins radicale et qui devait être votée en fin de journée... Elle prévoit de maintenir «le degré actuel de protection de la vie», un statut légal pour le foetus et une «aide de l'Etat» aux femmes enceintes. Cela revient peu ou prou à maintenir le statu quo. Mais même en brandissant la menace d'élections anticipées, les frères Kaczynski n'ont pas réussi à maintenir la discipline de vote dans le groupe parlementaire. Un précédent au sein de ce parti tenu jusqu'ici d'une main de fer par le Premier ministre Jaroslaw Kaczynski.
http://www.liberation.fr/actualite/monde/247594.FR.php
Un parti ultra a échoué à durcir une législation déjà très restrictive.
Par Maja ZOLTOWSKA
QUOTIDIEN : samedi 14 avril 2007
Varsovie de notre correspondante
Dans une atmosphère avoisinant l'hystérie, les députés ultracatholiques polonais de la Ligue des familles polonaises (LPR) ont échoué à introduire dans la constitution une interdiction totale de l'avortement. Déjà l'une des plus restrictives en Europe, la loi antiavortement actuelle n'autorise l'IVG que dans quelques cas bien définis : quand la grossesse est le résultat d'un crime comme le viol ou l'inceste, quand elle présente un danger pour la vie ou la santé de la femme, et en cas de malformations graves du foetus. La Pologne est avec l'Irlande et Malte un des trois pays en Europe où l'IVG n'est pas autorisée pour des raisons personnelles de la femme. Une IVG illégale est sanctionnée d'une peine de deux ans de prison pour le médecin ou toute personne qui la pratique, la femme elle-même n'est pas punie.
Le LPR voulait davantage. Protéger toute vie, même celle provenant d'un viol, d'inceste, etc. Ainsi ce petit parti (29 députés sur 460), membre de la coalition au pouvoir, a proposé d'ajouter au texte de la constitution que «la vie humaine est protégée par la loi à compter de la conception jusqu'à la mort naturelle». Un tel amendement entraînerait de facto le durcissement de la loi actuelle. Cela ferait aussi barrage à tout texte autorisant l'euthanasie à laquelle s'oppose également l'église catholique.
La proposition du LPR a tout de même été soutenue par 165 députés dont près de la moitié des députés de Droit et justice (PIS) des frères jumeaux Kaczynski, dont les consignes n'ont pas été respectées. Ces derniers, pour rester maîtres du jeu, ont présenté leur contre-proposition moins radicale et qui devait être votée en fin de journée... Elle prévoit de maintenir «le degré actuel de protection de la vie», un statut légal pour le foetus et une «aide de l'Etat» aux femmes enceintes. Cela revient peu ou prou à maintenir le statu quo. Mais même en brandissant la menace d'élections anticipées, les frères Kaczynski n'ont pas réussi à maintenir la discipline de vote dans le groupe parlementaire. Un précédent au sein de ce parti tenu jusqu'ici d'une main de fer par le Premier ministre Jaroslaw Kaczynski.
http://www.liberation.fr/actualite/monde/247594.FR.php