Le Maghreb redoute une offensive d'al-Qaida
ARIELLE THEDREL. Publié le 13 mars 2007Actualisé le 13 mars 2007 : 08h10
Un attentat kamikaze a été déjoué dimanche au Maroc.
PRÈS de quatre ans après les attentats de Casablanca (45 morts), le terrorisme fait de nouveau l'actualité au Maroc. Un jeune kamikaze marocain est mort dimanche soir en actionnant une bombe qu'il dissimulait sous ses vêtements dans un cybercafé de Casablanca. Son complice a été arrêté. L'explosion a fait également trois blessés parmi les clients du cybercafé situé dans le quartier de Sidi Moumen. Selon la police marocaine, les deux jeunes gens comptaient trouver des instructions sur un site Internet pour commettre une opération suicide dans un autre quartier de la ville. Le fils du propriétaire du cybercafé les en a empêchés. L'explosion s'est produite alors qu'ils en venaient aux mains. La police ignore encore si celle-ci s'est produite volontairement ou par inadvertance.
Coopération avec le Front Polisario
Bien que cette tentative d'attentat ait échoué, elle alimente les craintes selon lesquelles le Maghreb est devenu un terrain de prédilection pour les djihadistes de tout poil. À en croire le centre de recherches américain Stratfor, les services de renseignements des pays du Maghreb redoutent un « tsunami » fondamentaliste. Les forces de sécurité marocaines sont sur le pied de guerre depuis le ralliement, le 11 septembre dernier, du GSPC algérien (Groupe salafiste pour la prédication et le combat) à al-Qaida. Le GSPC aurait été chargé par l'organisation d'Oussama Ben Laden d'unifier divers groupes islamistes des pays du Maghreb, dont le Groupe islamique combattant du Maroc (GICM) responsable présumé des attentats de Madrid (191 morts en mars 2004) et le Groupe islamiste combattant de Libye (lire encadré ci-dessous).
Baptisée Union du Maghreb arabe, cette nouvelle organisation aurait reçu pour mission d'ouvrir un nouveau front plus proche de l'Europe que ne l'est le front irakien et, selon les propres termes d'Ayman al-Zawahiri, l'idéologue d'al-Qaida, d'enfoncer « un os dans la gorge des croisés américains et français ». Selon des sources sécuritaires marocaines, un proche de Zawahiri se serait rendu il y a quelques mois au Maroc pour coordonner les activités de ces nouvelles recrues. L'émissaire d'al-Qaida disposait d'un passeport thaïlandais et se faisait passer pour antiquaire.
En août dernier, le ministère de l'Intérieur marocain a annoncé le démantèlement d'une organisation dénommée Ansar el-Mahdi, qui comptait des militaires dans ses rangs. La police marocaine a également arrêté la semaine passée l'un des organisateurs présumés des attentats de Casablanca, Saad Housseini, présenté comme le chef militaire du GICM. Al-Qaida tenterait également de déstabiliser le royaume chérifien en coopérant avec le Front Polisario qui dispute au Maroc la souveraineté sur le Sahara occidental. Selon le ministre marocain de la Justice, Mohammed Bouzoubaâ, cette coopération, « corroborée par des rapports de services de renseignements internationaux » s'effectuerait par l'entremise du GSPC algérien et de la Salafia Djihadia marocaine. « Le Polisario tient l'ennemi de l'ennemi pour ami. Et puisqu'il fait du commerce avec l'aide internationale qui lui est fournie par la Croix-Rouge, on imagine qu'il pourrait également faire commerce de ses armes qui ne sont soumises à aucun contrôle », a déclaré le ministre.
La menace plane aussi sur la Tunisie. Début janvier, l'armée tunisienne a été mobilisée pour venir à bout d'un groupe salafiste comprenant une trentaine d'hommes et dirigé par un ancien d'Afghanistan. Ce groupe projetait de commettre pour le Nouvel An des attentats contre des ambassades occidentales et de grands hôtels du Cap Bon.
L'Algérie n'est pas épargnée par ce regain de violence
L'Algérie, qui pensait en avoir fini avec le terrorisme, n'est pas épargnée par ce regain de violence. Une cinquantaine de personnes ont péri dans des attaques islamistes depuis le début de l'année. L'une de ces attaques visait un autocar transportant une vingtaine de ressortissants russes employés de la société Stoitransgaz, chargée de poser des canalisations de gaz dans la région d'Aïn Defla (ouest d'Alger).
Un ingénieur russe a péri dans cet attentat, revendiqué par al-Qaida au Maghreb, le nouveau nom du GSPC, qui a dédié ce « fait d'armes » à « nos frères musulmans en Tchétchénie ». À l'instar de l'attentat de Bouchaoui commis à la mi-décembre contre une filiale d'Halliburton, l'attaque d'Aïn Defla semble illustrer la volonté d'internationalisation de ce groupe concentré auparavant sur le djihad local. Selon le quotidien algérien Liberté, la police aurait démantelé le mois dernier un réseau soupçonné de fournir des armes au GSPC. Parmi ses membres, un Tunisien et deux Français. Les forces de sécurité algériennes ont renforcé ces derniers jours leur présence dans le Grand Alger et plusieurs ambassades ont discrètement appelé leurs ressortissants à respecter les consignes de sécurité.
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ARIELLE THEDREL. Publié le 13 mars 2007Actualisé le 13 mars 2007 : 08h10
Un attentat kamikaze a été déjoué dimanche au Maroc.
PRÈS de quatre ans après les attentats de Casablanca (45 morts), le terrorisme fait de nouveau l'actualité au Maroc. Un jeune kamikaze marocain est mort dimanche soir en actionnant une bombe qu'il dissimulait sous ses vêtements dans un cybercafé de Casablanca. Son complice a été arrêté. L'explosion a fait également trois blessés parmi les clients du cybercafé situé dans le quartier de Sidi Moumen. Selon la police marocaine, les deux jeunes gens comptaient trouver des instructions sur un site Internet pour commettre une opération suicide dans un autre quartier de la ville. Le fils du propriétaire du cybercafé les en a empêchés. L'explosion s'est produite alors qu'ils en venaient aux mains. La police ignore encore si celle-ci s'est produite volontairement ou par inadvertance.
Coopération avec le Front Polisario
Bien que cette tentative d'attentat ait échoué, elle alimente les craintes selon lesquelles le Maghreb est devenu un terrain de prédilection pour les djihadistes de tout poil. À en croire le centre de recherches américain Stratfor, les services de renseignements des pays du Maghreb redoutent un « tsunami » fondamentaliste. Les forces de sécurité marocaines sont sur le pied de guerre depuis le ralliement, le 11 septembre dernier, du GSPC algérien (Groupe salafiste pour la prédication et le combat) à al-Qaida. Le GSPC aurait été chargé par l'organisation d'Oussama Ben Laden d'unifier divers groupes islamistes des pays du Maghreb, dont le Groupe islamique combattant du Maroc (GICM) responsable présumé des attentats de Madrid (191 morts en mars 2004) et le Groupe islamiste combattant de Libye (lire encadré ci-dessous).
Baptisée Union du Maghreb arabe, cette nouvelle organisation aurait reçu pour mission d'ouvrir un nouveau front plus proche de l'Europe que ne l'est le front irakien et, selon les propres termes d'Ayman al-Zawahiri, l'idéologue d'al-Qaida, d'enfoncer « un os dans la gorge des croisés américains et français ». Selon des sources sécuritaires marocaines, un proche de Zawahiri se serait rendu il y a quelques mois au Maroc pour coordonner les activités de ces nouvelles recrues. L'émissaire d'al-Qaida disposait d'un passeport thaïlandais et se faisait passer pour antiquaire.
En août dernier, le ministère de l'Intérieur marocain a annoncé le démantèlement d'une organisation dénommée Ansar el-Mahdi, qui comptait des militaires dans ses rangs. La police marocaine a également arrêté la semaine passée l'un des organisateurs présumés des attentats de Casablanca, Saad Housseini, présenté comme le chef militaire du GICM. Al-Qaida tenterait également de déstabiliser le royaume chérifien en coopérant avec le Front Polisario qui dispute au Maroc la souveraineté sur le Sahara occidental. Selon le ministre marocain de la Justice, Mohammed Bouzoubaâ, cette coopération, « corroborée par des rapports de services de renseignements internationaux » s'effectuerait par l'entremise du GSPC algérien et de la Salafia Djihadia marocaine. « Le Polisario tient l'ennemi de l'ennemi pour ami. Et puisqu'il fait du commerce avec l'aide internationale qui lui est fournie par la Croix-Rouge, on imagine qu'il pourrait également faire commerce de ses armes qui ne sont soumises à aucun contrôle », a déclaré le ministre.
La menace plane aussi sur la Tunisie. Début janvier, l'armée tunisienne a été mobilisée pour venir à bout d'un groupe salafiste comprenant une trentaine d'hommes et dirigé par un ancien d'Afghanistan. Ce groupe projetait de commettre pour le Nouvel An des attentats contre des ambassades occidentales et de grands hôtels du Cap Bon.
L'Algérie n'est pas épargnée par ce regain de violence
L'Algérie, qui pensait en avoir fini avec le terrorisme, n'est pas épargnée par ce regain de violence. Une cinquantaine de personnes ont péri dans des attaques islamistes depuis le début de l'année. L'une de ces attaques visait un autocar transportant une vingtaine de ressortissants russes employés de la société Stoitransgaz, chargée de poser des canalisations de gaz dans la région d'Aïn Defla (ouest d'Alger).
Un ingénieur russe a péri dans cet attentat, revendiqué par al-Qaida au Maghreb, le nouveau nom du GSPC, qui a dédié ce « fait d'armes » à « nos frères musulmans en Tchétchénie ». À l'instar de l'attentat de Bouchaoui commis à la mi-décembre contre une filiale d'Halliburton, l'attaque d'Aïn Defla semble illustrer la volonté d'internationalisation de ce groupe concentré auparavant sur le djihad local. Selon le quotidien algérien Liberté, la police aurait démantelé le mois dernier un réseau soupçonné de fournir des armes au GSPC. Parmi ses membres, un Tunisien et deux Français. Les forces de sécurité algériennes ont renforcé ces derniers jours leur présence dans le Grand Alger et plusieurs ambassades ont discrètement appelé leurs ressortissants à respecter les consignes de sécurité.
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