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    Al-Qaeda cible le Maghreb

    silverbold
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    Al-Qaeda cible le Maghreb Empty Al-Qaeda cible le Maghreb

    Message  silverbold Dim 15 Avr - 23:12

    Al-Qaeda cible le Maghreb

    12/04/2007 - Mireille Duteil - © Le Point

    En s'affiliant à Al-Qaeda, les salafistes algériens développent une nouvelle stratégie : multiplier les attentats contre les Occidentaux. Avec pour objectif d'étendre leur guerre sainte à tout le Maghreb.



    Le 28 mars, à Boumerdès, une ville universitaire d'apparence tranquille, à une cinquantaine de kilomètres à l'est d'Alger, la bombe, de fabrication artisanale, avait été placée en bordure de la route, au pied d'un laurier. Pour prendre le virage, la voiture devait serrer le trottoir et l'engin de mort ne pouvait manquer son coup. Erreur de coordination ? L'explosion, déclenchée par un téléphone portable, méthode utilisée en Algérie ces derniers mois, est survenue une seconde après le passage du véhicule. Des éclats de ferraille ont été projetés alentour sans faire de blessés. L'homme visé, le chef de la police de la wilaya (département) qui se rendait à son bureau, comme chaque matin à 8 heures, l'a échappé belle.

    Tous n'ont pas cette baraka. Depuis novembre, on note une recrudescence des attentats spectaculaires contre les forces de l'ordre. Le 6 avril, neufs militaires sont tués dans une embuscade près d'Aïn Defla (ouest d'Alger). En décembre et en mars, deux cars transportant des techniciens occidentaux, l'un aux portes de la capitale, l'autre déjà près d'Aïn Defla, ont été mitraillés, causant la mort d'un Libanais et d'un Russe. Ce sont les premiers décès étrangers depuis 2000. Et sur les routes de Kabylie, région montagneuse où se terrent les maquis islamistes du GSPC - Groupe salafiste pour la prédication et le combat -, la tension est palpable. Pourchassés par l'armée, les salafistes djihadistes - estimés à un demi-millier d'hommes - se sont rapprochés d'Alger et butent sur le dispositif militaire qui sécurise la capitale sans réussir, dans l'immédiat, à y entrer.

    La multiplication des attentats et le ciblage d'étrangers révèlent un changement dans la stratégie du GSPC. Les Algériens s'interrogent : ce regain de violence est-il lié à l'allégeance du groupe salafiste à Al-Qaeda en septembre 2006 ? En janvier, le GSPC avait confirmé cette reconnaissance en annonçant qu'il s'appelait désormais Al-Qaeda au pays du Maghreb islamique. Les fous de Dieu viseraient-ils à mettre le feu à la rive sud de la Méditerranée à partir des montagnes de Kabylie ? Ou n'est-ce que le coup de bluff d'un mouvement armé qui joue son va-tout alors qu'il aurait, affirme-t-on, plus de difficultés à recruter ?

    Nul n'ose faire de pronostics. Et personne ne parle facilement de ce qu'on craint être une nouvelle menace. La vie est redevenue normale dans la capitale, les Algérois sortent le soir et parcourent le pays en voiture, comme autrefois, lorsque le risque de tomber sur un barrage d'islamistes armés - dont on ne ressortait pas toujours vivant - n'existait pas. Certes, en 2006, on a compté 460 victimes du terrorisme, un chiffre important, mais à des années-lumière du nombre des morts des années 90 (150 000 à 200 000 au total).

    Il pleut ce 29 mars sur la route qui mène d'Alger à Tizi-Ouzou. La circulation est intense, les voitures sont ralenties par les nombreux barrages de police et de gendarmerie. Les forces de l'ordre ont revêtu leurs gilets pare-balles, de petits blindés bleus de la police sont garés sur le bas-côté. La région est sous haute surveillance. La route passe devant la gendarmerie de Si Mustapha. Des ouvriers terminent la réfection de la façade. Le 13 février, une partie du bâtiment a volé en éclats lors de l'explosion d'une camionnette piégée. Bilan : quatre morts, un passant qui se rendait à la mosquée pour la prière de l'aube et trois hommes qui descendaient de leur voiture pour prendre un café dans le bar voisin. Les terroristes, eux, se sont enfuis. Le maquis est proche. A quelques kilomètres, dans les collines, dont les pistes sont fréquemment minées pour freiner les incursions des militaires.

    Ce qui est nouveau, ce 13 février, c'est que l'attentat contre la gendarmerie de Si Mustapha n'a pas été une opération isolée. Six autres bâtiments des forces de l'ordre ont explosé à la même heure dans les wilayas de Boumerdès et de Tizi-Ouzou, tuant deux policiers et blessant une dizaine de personnes. Spectaculaire. Une première en Algérie. Quelques heures plus tard, à Rabat, la chaîne de télévision Al-Jazeera recevait un coup de téléphone d'un inconnu qui revendiquait les sept explosions au nom d'« Al-Qaeda au pays du Maghreb islamique ».

    « Ces sept attentats concomitants ressemblent à une opération d'intronisation montée pour montrer son sérieux à Oussama Ben Laden », estime l'universitaire Mathieu Guidère, professeur à Saint-Cyr, qui étudie à la loupe les communiqués d'Al-Qaeda publiés sur Internet.

    « Les premiers contacts entre les islamistes algériens et l'organisation d'Oussama Ben Laden remontent aux années 90, lorsque ce dernier propose par l'intermédiaire d'un Algérien parti se battre en Afghanistan, Kari Saïd, de créer, en Algérie, un groupe armé lié à Al-Qaeda. A l'époque, les Algériens refusent », explique Hamida Layachi, patron du quotidien arabophone El-Djazair News et spécialiste des mouvements islamistes. Les contacts suivants ont lieu lorsque le garde du corps de Ben Laden au Soudan, un Algérien, rentre au pays et crée un groupuscule armé qui sera responsable de l'assassinat de deux géomètres français dans la région de Tlemcen (ouest) en 1993. Ce sont les premières victimes françaises de la décennie noire. Puis, en 1996, l'Egyptien Ayman al-Zawahiri, adjoint de Ben Laden, envoie des émissaires discuter avec Djamel Zitouni, le chef sanguinaire des GIA, de la stratégie des groupes algériens au Maghreb. Zitouni a la « maladresse » d'éliminer les envoyés de Ben Laden. Celui-ci ne l'oublie pas et tient les GIA pour des « égorgeurs de musulmans ». On dit même que la décision de créer un groupe armé algérien, plus « présentable », serait née en 1998, dans les montagnes afghanes, lors d'une réunion de chefs salafistes de diverses nationalités affiliés à Al-Qaeda. Ben Laden veut alors créer un « Front islamique mondial contre les croisés et les juifs ».

    Création du GSPC

    Hassan Hattab, ex-GIA entré en dissidence, crée, en 1998, le GSPC. Le nouvel émir est d'une famille d'islamistes dont le frère aîné était dans le premier maquis des années 80. Hattab entraîne à sa suite deux chefs des GIA et leurs hommes. L'un, Abderrazak el-Para, de son vrai nom Amari Saïfi, déserteur des commandos de choc - et soupçonné de jouer double jeu -, sévit dans le sud-est du pays, le long de la frontière libyenne. C'est lui qui sera responsable de l'enlèvement des touristes allemands dans le désert algérien. Capturé en 2004 par des rebelles dans le nord du Tchad, il sera récupéré par les Algériens et devrait être jugé en juin.

    L'autre, Mokhtar Belmokhtar, contrôlait pour les GIA et maintenant pour le GSPC le Sahara (région de Tamanrasset). Disposant de 60 à 80 hommes, il est le grand maître de la contrebande (cigarettes, drogue, armes), qui lui permet d'alimenter financièrement et en armement les maquis du nord de l'Algérie. Mais les temps sont devenus plus difficiles pour Belmokhtar, en dépit de ses puissants 4 x 4 Toyota qui sillonnent le désert et disposent des stocks enterrés de carburant. A l'automne, une de ses caravanes de ravitaillement en armes a été interceptée par l'armée algérienne vers Biskra. Insaisissable mais harcelé, marié avec une Touareg, Belmokhtar, qui aurait des difficultés avec le clan de son épouse, aurait trouvé refuge en Mauritanie.
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    Pour trouver des financements, le GSPC a désormais partie liée avec des mafieux qui se spécialisent dans l'enlèvement contre rançon d'hommes d'affaires ou d'adolescents de familles riches. On recense déjà une trentaine de cas. « Aujourd'hui, on assiste à un troc entre Al-Qaeda et le GSPC », explique Hamida Layachi. Si la politique de réconciliation et l'amnistie proposées par Abdelaziz Bouteflika, le président algérien, n'ont pas vidé les maquis, elles leur ont porté un coup terrible. C'est à la fin de 2004 qu'Abdou Moussa Abd al-Wadoub, alias Abdelmalek Droukdal, le nouvel émir du GSPC remplaçant Hassan Hattab, demande à faire allégeance à Al-Qaeda. « Droukdal sait que son groupe est isolé et il tente de recruter des jeunes grâce au label Al-Qaeda », explique Hamida Layachi. Si cette association révulse nombre d'Algériens, en particulier les gens d'âge mûr, elle peut aussi attirer de jeunes paumés, sans travail, sans espoir, qui s'abreuvent jour après jour des images sanglantes d'Al-Jazeera sur l'Irak et la Palestine. « Les conflits du Moyen-Orient remplissent les maquis en Algérie », affirme un ambassadeur arabe. Une centaine d'Algériens combattent actuellement en Irak et sont formés avant leur départ dans des camps d'entraînement du GSPC. Un réseau de passage, via la Syrie, vient d'être démantelé, mais la crainte des autorités est l'éventuel retour de ces combattants du djihad dans les maquis algériens.

    Là est bien l'objectif de Ben Laden. Sa stratégie : adouber des groupes islamistes autonomes pour étendre au monde entier son combat contre l'Occident mécréant. Disposant de « filiales » au Moyen-Orient et en Asie, Al-Qaeda n'avait jusqu'alors aucun relais au Maghreb. Une lacune quand on prétend vouloir installer le califat de l'est à l'ouest du Dar al-Islam ! Le GSPC présente nombre d'avantages pour Ben Laden. Salafiste, il est idéologiquement sur la même longueur d'onde qu'Al-Qaeda et déclare aussi mener la guerre contre les croisés, les juifs et les forces de l'ordre des pays musulmans corrompus. Issu d'un pays dont la société n'est pas guérie de la guerre civile qui l'a dévastée, le GSPC a des contacts dans toute la rive sud de la Méditerranée et au Sahel. En 2005, une dizaine de Tunisiens et un Mauritanien ont été capturés dans un camps d'entraînement au sud de Batna. Belmokhtar fournit, dans le nord du Mali, une formation militaire à quelques Mauritaniens, Marocains, Maliens, Nigériens. Ils ne seraient qu'une dizaine chaque fois, dans des camps qui peuvent être vite repliés.

    Si proche de l'Europe

    Pour Al-Qaeda, le promontoire algérien est d'autant plus intéressant qu'il est installé à quelques encablures de l'Europe. « Cette union bénie [entre le GSPC et nous] sera un os dans la gorge des croisés américains et français [...] et fera naître la peur dans le coeur des traîtres et des fils mécréants de France », annonçait Ayman al-Zawihiri dans une vidéo diffusée le 11 septembre 2006 où il annonçait l'allégeance du mouvement algérien à l'organisation de Ben Laden.

    Le GSPC peut-il mettre en oeuvre le rêve de Droukdal, son émir à la barbe brune, qui se voit jouer dans le nord de l'Afrique le rôle de Zarqaoui en Irak ? Cela semble douteux. En février, Droukdal a bien tenté de montrer son rôle en envoyant des Tunisiens perpétrer des attentats dans leur pays d'origine. Ils ont été éliminés avant d'avoir pu intervenir. En mars, des Marocains ont été arrêtés vers Tétouan. Ils avaient été en relation avec des membres du GSPC. « Si celui-ci a des contacts avec des individus tunisiens, marocains, libyens, il n'existe pas pour le moment de liens entre les mouvements », affirme Mathieu Guidère. En revanche, la coopération des polices semble très étroite.

    La situation peut se dégrader. En Algérie, pays riche où la population est pauvre, le chômage de la jeunesse, l'absence de perspectives politiques, le peu de réformes économiques - en un mot le blocage que semble aggraver la maladie de Bouteflika, seul maître à bord - risquent de pousser des jeunes au désespoir. Certains montent au maquis. Dans les quartiers populaires, les islamistes sont de retour ; 2 400 ont été libérés et s'affichent parfois avec arrogance. Ils ne sont pas partisans de la lutte armée pour autant. Mais certains continuent à en rêver d'un bout à l'autre du Maghreb, même s'ils ne sont qu'une poignée, qu'Al-Qaeda entend transformer en terreau de son futur djihad

    http://www.lepoint.fr/content/monde/article.html?id=178420

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