http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3218,36-856829@51-852714,0.html
Discrédité, Ehoud Olmert s'accroche à son poste de premier ministre
LE MONDE | 18.01.07 | 13h54 • Mis à jour le 18.01.07 | 13h54
JÉRUSALEM CORRESPONDANT
A la fin du mois d'août 2006, juste après la guerre du Liban, les réservistes qui manifestaient devant les bureaux du premier ministre, Ehoud Olmert, à Jérusalem, pour protester contre les dysfonctionnements dans la conduite des opérations, réclamaient - dans cet ordre - les têtes "d'Olmert, de Péretz et de Haloutz".
Les Etats-Unis et la Syrie démentent un plan syro-israélien
Après Israël, les Etats-Unis et la Syrie ont démenti toute implication dans un plan de paix syro-israélien officieux publié le 15 janvier par le quotidien israélien Haaretz. "Il n'y a tout simplement rien de sérieux là-dedans", a déclaré, mercredi 17 janvier à Washington, le porte-parole de la Maison Blanche, Tony Snow.
De son côté, un représentant du ministère des affaires étrangères syrien avait également "démenti", mardi, les informations de Haaretz. Les dernières négociations officielles entre Israël et la Syrie se sont soldées par un échec en 2000.
Le président syrien, Bachar Al-Assad, a invité à de nombreuses reprises les Israéliens à reprendre les discussions pour parvenir à un accord de paix, mais en vain. Le premier ministre israélien, Ehoud Olmert, a assuré, au contraire, qu'il n'entendait pas rendre le plateau syrien du Golan, conquis en 1967 et annexé en 1981.
Après la démission, mardi 16 janvier, du chef d'état-major de l'armée, Dan Haloutz, l'opposition de tous bords et une bonne partie de la presse et de l'opinion publique réclament toujours celles du ministre de la défense, Amir Péretz, et d'Ehoud Olmert, afin que soient soldés les comptes de la mésaventure libanaise.
Pour le moment, ils ont peu de chance de les obtenir. La démission de M. Haloutz a provoqué la stupeur, même si tout le monde savait que les jours du patron de l'armée israélienne étaient comptés. C'est en effet la première fois qu'un chef d'état-major rend son tablier après avoir subi pendant des mois des attaques virulentes.
Désormais, il faudra attendre quelques semaines pour connaître les conclusions de la commission Winograd, chargée d'enquêter sur les ratés de Tsahal, afin de savoir quelles ont été les responsabilités de MM. Olmert et Péretz dans ces cafouillages qui ont jeté le discrédit sur une armée que les Israéliens considèrent comme l'une des meilleures au monde.
D'ores et déjà, Amir Péretz a averti, mercredi, "les ennemis d'Israël" que "la décision prématurée du général Haloutz ne doit pas être interprétée comme un signe de faiblesse". Pourtant le couple Olmert-Péretz, chef de file de la coalition Kadima-Travaillistes, déjà atteint par de multiples dissensions, apparaît de plus en plus fragile.
D'abord, parce que tout le monde considère que le ministre de la défense n'est pas à sa place à la tête des armées et, ensuite, parce que le premier ministre doit, après l'échec libanais, affronter plusieurs enquêtes judiciaires susceptibles de mettre en doute son honnêteté.
La décision, mardi, du procureur d'Etat, Eran Shendar, d'ouvrir une enquête criminelle à l'encontre de M. Olmert en raison d'indices laissant à penser qu'il a pu user de son influence de ministre des finances par intérim, en 2005, pour favoriser deux de ses amis dans la privatisation de la deuxième banque du pays, la banque Leumi, a jeté une nouvelle ombre sur le devenir politique du successeur d'Ariel Sharon seulement neuf mois après sa prise de fonction.
Il s'agirait en fait d'un délit d'initié. M. Olmert est soupçonné d'avoir modifié les conditions de l'appel d'offres afin de favoriser un promoteur immobilier australien, Frank Lowy, également impliqué dans d'autres enquêtes sur des transactions immobilières. Finalement, l'appel d'offres a été remporté par un autre candidat.
Selon la presse israélienne, M. Olmert est parfaitement serein sur ce dossier et souhaite que l'enquête soit menée rapidement afin que son nom soit blanchi. Plusieurs autres affaires le concernant font l'objet d'investigations - notamment la vente d'un bien immobilier laissant supposer un financement occulte -, mais aucune enquête officielle n'a été, pour le moment, ouverte.
Selon le quotidien Maariv, au sein même de Kadima ("En avant"), le parti créé par Ariel Sharon et dont M. Olmert a hérité, des interrogations se font jour. Les sondages font état d'une baisse dramatique des intentions de vote. Le premier ministre ne bénéficie plus que de 14 % de soutien et, en cas d'élections, Kadima n'obtiendrait que 12 sièges sur 120, au lieu des 29 actuellement, alors que le Likoud raflerait la mise.
Malgré tout, alors que les nuages s'amoncellent sur le gouvernement israélien, Ehoud Olmert ne semble pas prêt à lâcher prise. Il dispose toujours d'une confortable majorité au sein de la Knesset. Yossi Verter, chroniqueur politique du quotidien Haaretz, compare le sort du premier ministre à celui du supplice chinois du goutte-à-goutte. Il se demande comment, dans ces conditions, cet homme peut continuer à gouverner. "Ceux qui connaissent bien Olmert diront qu'il est fait d'acier, qu'il ne panique pas, qu'il ne déprime pas et qu'il est convaincu que toutes ces investigations ne servent qu'à faire des gros titres."
Michel Bôle-Richard
Discrédité, Ehoud Olmert s'accroche à son poste de premier ministre
LE MONDE | 18.01.07 | 13h54 • Mis à jour le 18.01.07 | 13h54
JÉRUSALEM CORRESPONDANT
A la fin du mois d'août 2006, juste après la guerre du Liban, les réservistes qui manifestaient devant les bureaux du premier ministre, Ehoud Olmert, à Jérusalem, pour protester contre les dysfonctionnements dans la conduite des opérations, réclamaient - dans cet ordre - les têtes "d'Olmert, de Péretz et de Haloutz".
Les Etats-Unis et la Syrie démentent un plan syro-israélien
Après Israël, les Etats-Unis et la Syrie ont démenti toute implication dans un plan de paix syro-israélien officieux publié le 15 janvier par le quotidien israélien Haaretz. "Il n'y a tout simplement rien de sérieux là-dedans", a déclaré, mercredi 17 janvier à Washington, le porte-parole de la Maison Blanche, Tony Snow.
De son côté, un représentant du ministère des affaires étrangères syrien avait également "démenti", mardi, les informations de Haaretz. Les dernières négociations officielles entre Israël et la Syrie se sont soldées par un échec en 2000.
Le président syrien, Bachar Al-Assad, a invité à de nombreuses reprises les Israéliens à reprendre les discussions pour parvenir à un accord de paix, mais en vain. Le premier ministre israélien, Ehoud Olmert, a assuré, au contraire, qu'il n'entendait pas rendre le plateau syrien du Golan, conquis en 1967 et annexé en 1981.
Après la démission, mardi 16 janvier, du chef d'état-major de l'armée, Dan Haloutz, l'opposition de tous bords et une bonne partie de la presse et de l'opinion publique réclament toujours celles du ministre de la défense, Amir Péretz, et d'Ehoud Olmert, afin que soient soldés les comptes de la mésaventure libanaise.
Pour le moment, ils ont peu de chance de les obtenir. La démission de M. Haloutz a provoqué la stupeur, même si tout le monde savait que les jours du patron de l'armée israélienne étaient comptés. C'est en effet la première fois qu'un chef d'état-major rend son tablier après avoir subi pendant des mois des attaques virulentes.
Désormais, il faudra attendre quelques semaines pour connaître les conclusions de la commission Winograd, chargée d'enquêter sur les ratés de Tsahal, afin de savoir quelles ont été les responsabilités de MM. Olmert et Péretz dans ces cafouillages qui ont jeté le discrédit sur une armée que les Israéliens considèrent comme l'une des meilleures au monde.
D'ores et déjà, Amir Péretz a averti, mercredi, "les ennemis d'Israël" que "la décision prématurée du général Haloutz ne doit pas être interprétée comme un signe de faiblesse". Pourtant le couple Olmert-Péretz, chef de file de la coalition Kadima-Travaillistes, déjà atteint par de multiples dissensions, apparaît de plus en plus fragile.
D'abord, parce que tout le monde considère que le ministre de la défense n'est pas à sa place à la tête des armées et, ensuite, parce que le premier ministre doit, après l'échec libanais, affronter plusieurs enquêtes judiciaires susceptibles de mettre en doute son honnêteté.
La décision, mardi, du procureur d'Etat, Eran Shendar, d'ouvrir une enquête criminelle à l'encontre de M. Olmert en raison d'indices laissant à penser qu'il a pu user de son influence de ministre des finances par intérim, en 2005, pour favoriser deux de ses amis dans la privatisation de la deuxième banque du pays, la banque Leumi, a jeté une nouvelle ombre sur le devenir politique du successeur d'Ariel Sharon seulement neuf mois après sa prise de fonction.
Il s'agirait en fait d'un délit d'initié. M. Olmert est soupçonné d'avoir modifié les conditions de l'appel d'offres afin de favoriser un promoteur immobilier australien, Frank Lowy, également impliqué dans d'autres enquêtes sur des transactions immobilières. Finalement, l'appel d'offres a été remporté par un autre candidat.
Selon la presse israélienne, M. Olmert est parfaitement serein sur ce dossier et souhaite que l'enquête soit menée rapidement afin que son nom soit blanchi. Plusieurs autres affaires le concernant font l'objet d'investigations - notamment la vente d'un bien immobilier laissant supposer un financement occulte -, mais aucune enquête officielle n'a été, pour le moment, ouverte.
Selon le quotidien Maariv, au sein même de Kadima ("En avant"), le parti créé par Ariel Sharon et dont M. Olmert a hérité, des interrogations se font jour. Les sondages font état d'une baisse dramatique des intentions de vote. Le premier ministre ne bénéficie plus que de 14 % de soutien et, en cas d'élections, Kadima n'obtiendrait que 12 sièges sur 120, au lieu des 29 actuellement, alors que le Likoud raflerait la mise.
Malgré tout, alors que les nuages s'amoncellent sur le gouvernement israélien, Ehoud Olmert ne semble pas prêt à lâcher prise. Il dispose toujours d'une confortable majorité au sein de la Knesset. Yossi Verter, chroniqueur politique du quotidien Haaretz, compare le sort du premier ministre à celui du supplice chinois du goutte-à-goutte. Il se demande comment, dans ces conditions, cet homme peut continuer à gouverner. "Ceux qui connaissent bien Olmert diront qu'il est fait d'acier, qu'il ne panique pas, qu'il ne déprime pas et qu'il est convaincu que toutes ces investigations ne servent qu'à faire des gros titres."
Michel Bôle-Richard
