Ah ça y est, on a encore droit à des tartines de MP et même deux tartines.
MP a écrit:J'ai un ami qui est "propriétaire". Fonctionnaire moyen, depuis l'age de 25 ans, il achète environ tous les deux ans (avec financement) un petit clapier infâme à la rénovation duquel il travaille tous les soirs et week-end, comme unne bête, pendant de longs mois. Il monte les sacs de ciment sur son dos, casse de vieux carrelages au burin, change les parquets, tire des remorques de crasses et débris jusqu'à des containers payants, refait l'élecricité et la plomberie, , etc. Puis, il les loue pas cher à des gens qui ne le paient que de temps en temps, et disparaisent un jour en laissant tout sanns dessus dessous. L'exemple même du propriétaire qui ne fait rien et a le profit facile !
Ah je savais bien qu'on allait retourner aux cas particuliers qui "prouve que".
Le cas particulier n'aide pas à comprendre le rapport exploitant/exploité qui existe dans un système. Si ton ami est un propriétaire
de facto il se fait exploitant même s'il a construit en sus tout le zoo d'Anvers avec ses deux petites menottes.
Regarde, ton ami travaille beaucoup - je connais aussi des gens comme ça qui travaillent de leur deux mains, ne fût-ce que dans ma propre famille et qui ont tout retapé dans leur pavillon en escomptant louer.
Super.
Quand quelqu'un travaille dans un appart, que gagne-t-il ? Son gain c'est d'avoir ajouté de la valeur à son appartement. Personne ne l'oblige à le faire, mais s'il le fait tant mieux. Il avait un appartement de 50000 euro, il se retrouve avec un appart de 75000, etc... C'est cela son gain. Il peut revendre s'il le veut.
Maintenant, le sens logique (qui est quand même utile). Quand tu es seul ou seulement avec une famille nucléaire (papa + maman + gamin + gamine + le chien). A quoi ça te sert de posséder, 10 appartements acquis en 20 ans ? Réponse : à rien du moins tant que l'ubiquité ne sera pas devenue une réalité physique.
Conclusion, celui qui travaille comme un acharné à mettre de la valeur dans son habitat, c'est tout à son honneur, sa récompense, c'est que cette valeur se retrouve intégrée dans celui-ci. Mais ce ne sera certainement pas d'avoir le droit de pomper le fric du type qui n'a d'autre choix que de livrer 400/500 euro mois pour avoir le "privilège" de vivre à l'intérieur. Là, ça devient de l'exploitation. Et si ça lui coûte trop cher en taxes de posséder 10 apparts dont 9 ne lui servent à rien, personne ne l'obligeait. Ce qui n'est certainement jamais le cas étant donné le ramassage qui se fait sur le dos des précaires.
Ce que je t'explique, c'est que le travail/investissement de quelqu'un ne légitimera jamais le rapport d'exploitation qui suit.
MP a écrit:Pour faire simple, quand l'argent du loyer a payé le cadastre, le précompte immobilier, les traites de l'emprunt, les réparations diverses et le temps que le popriétaire y consacre, les assurances, et les améliorations constantes indispensables, quelle est la part du loyer qu'empoche le propriétaire ? La réponse est simple : pour 10 appartements, (ce que peu de propriétaires ont), bien moins que le salaire d'un syndic !
Je ne sais pas si ça vaut la peine de répondre sur des cas particuliers car on a pas de source, rien. Et même le salaire d'un syndic / mois sans lever le petit doigt, uniquement par la "possession" c'est trop. Un
Win for Life est encore plus légitime.
MP a écrit:Mais c'est bien ce qu'il se passe : 60 % du parc locatif a disparu en Belgique ces 20 dernières années...
Oui mais encore une fois, pas de source, rien. J'aurais tendance à te répondre que tout disparaît parce que tout est vite pris.
Tu veux des cas particuliers ? Tu vas en avoir.
Je connais infiniment plus de gens qui louent que de gens qui possèdent.
Il y a à peine 7 ans, un petit appart (deux pièces) tournait dans les 250 - 300 euro/mois en moins de 2 ans, on est passé à plus de 300, ensuite 350 avant que le loyer ne se fixe au chiffre mystique de 416 pendant deux ou trois ans et maintenant on est en à des 530/mois.
Dans le même temps, l'argent des allocations ou des salaires n'a fait aucun bon. Bref, il n'est pas rare que quelqu'un qui paye un loyer consacre 60% de ses revenus nets à cela.
Tiens un membre de ma famille - salarié - gagne dans les 1300 nets peut-être moins ; son loyer 560 (avec ou sans les charges, je ne sais plus) soit 43% de ses revenus/"travail moins la plus value" qui sont engouffrés dans le loyer. C'est un cas parmi des milliers et des milliers d'autres.
Cette personne ne possède rien d'autre. Donc, disons qu'il y a 20 jours de travail dans un mois, le mois commence un lundi. 43% de 20 jours = 8,6 jours. Bref, lundi, mardi, mercredi, jeudi, vendredi, elle travaille pour le proprio. Week-end dodo. re-lundi, mardi, mercredi et encore la moitié de la journée de jeudi, c'est toujours cadeau pour le proprio.
A partir de jeudi après-midi, elle commence à gagner de l'argent pour acheter du fromage, du pain et des fishsticks pour vivre. Il est à noter que le "travail moins plus value" ne s'est pas converti en une partie des murs de briques qui l'entourent, non, c'est seulement du fric qu'elle perd totalement et qui sert au proprio à faire des placements par exemple. Et le cycle se répète autant de fois qu'on le veut.
Ça ne veut pas dire que cette personne crève la dalle voire même qu'elle se plaint, elle considère que c'est
normal, dans la mesure où elle a toujours vu des gens payer des loyers, elle a été
socialisée comme ça mais dans les faits, elle est exploitée. Imagine un peu quand il s'agit de précaires ou de sans-papiers...
Voilà, là, t'as un bon topo de ce qu'est l'exploitation moderne par le logement.
MP a écrit:C'est pareil quand les gens vont claquer leurs allocations de chômage ou de CPAS dans les grandes surfaces, par exemple, ou chez le médecin, ou au café ... Non, ce ne sont pas les fournisseurs qui s'engraissent sur l'argent de l'Etat, ce sont les assistés.
C'est faux.
Il faut distinguer les différentes prestations d'un point de vue économique.
Acheter un produit dans une grande surface, c'est un rapport : achat/vente.
Acheter un schweppes dans un café, aller chez un médecin, c'est une prestation de service.
Le bail n'appartient à aucune de ces catégories. Cela ressemble davantage au dividende perçu via le capital. Le point commun entre tous est qu'il s'agit d'un contrat, la différence fondamentale avec les deux premières catégories est qu'il s'agit d'un versement périodique d'une somme par le simple biais de la propriété dont le propriétaire n'est jamais privé définitivement à un moment donné ou à un autre.
L'argent provenant du publique est donc comme versé directement dans les poches des propriétaires par leur seul rapport de propriété, ce qui est une énormissime injustice. L'argent du contribuable sert à enrichir ces personnes sans qu'elles aient fait quoi que ce soit en contre partie.
MP a écrit:C'est à la collectivité de réfléchir à cet état de choses, et pas à des particuliers de prendre le relais d'une société défaillante.
On connaît la chanson des libéraux, MP...
On ne travaille jamais assez, travailler plus, c'est plus de profit pour le capitaliste qui a le droit de tjrs hausser plus le loyer, et pour le payer plus, il faut travailler encore plus d'heures, ce qui augmente la plus value sur le travail jusqu'au moment où demandera aux gens de travailler 24h/24h.
Reductio ad absurdum.
En réalité, la société occidentale dans son entièreté travaille trop. Le travail est devenu un dogme. Le chômage ce n'est que ça. Tout le travail dont la société a besoin pour vivre et manger est surréalisé même en créant plus de désir farfelu et plus de consommation/gaspillage dans notre société. Au contraire, il faut travailler moins, réduire le temps de travail, permettre aux personnes qui ne travaillent pas de prendre part à l'activité de la société. Augmenter parallèlement les loisirs et le temps à faire autre chose qu'une activité salariée, ce que beaucoup de chômeurs font d'ailleurs, preuve qu'ils ne font pas rien. Il est d'ailleurs difficile de "faire rien" (cf : Raymond Devos). Le rôle de la collectivité n'est pas de repenser les allocations à la hausse afin qu'une part plus importante de l'argent publique aille engraisser les proprios, non, le rôle de la collectivité est de créer des stratégies afin que les précaires et les non-propriétaires puissent soulager une bonne part de leur budget consacré au logement. Et pour cela il n'y a pas trente-six solutions : il faut plus de logements sociaux, donc plus racheter les logements existants, ce que l'Etat, principal acteur économique peut et doit faire. A la limite, sans obliger les propriétaires à pratiquer des loyers fixés par une convention (ce qui ne serait pas une mauvaise idée vu certains abus), fixer des loyers bas pour les logements sociaux au pro rata des revenus (20 % par exemple), permettre aux gens dans les logements sociaux de devenir propriétaires à long terme, etc... Encore racheter d'autres propriétés, décourager fortement l'acquisition de résidences inutiles secondaires, tertiaires, etc... Rien que ça, ça devrait inciter les propriétaires à pratiquer des loyers un peu plus décents en raréfiant la demande, ce qui n'a rien de si terrible, excepté la réaction égoïste type du petit possédant bourgeois dont tu fais preuve.
MP a écrit:Parce que, à la fois, les gens "voudraient" avoir leur maison, mais ne veulent pas s'en mettre une sur le dos ... Ca, c'est la réalité.
C'est encore énormissime de bétises ce que tu dis. N'importe qui, pouvant sortir de cette logique exploitante, pouvant devenir maître du lieu qu'il habite, le ferait pour peu qu'on lui en donne les moyens. C'est ce que font les gens qui commencent à gagner plus de fric, etc... d'ailleurs.
En revance, il est juste de dire que certains ne souhaitent pas changer l'état actuel des choses car ils ont peur de perdre les privilèges qu'ils ont injustement acquis leur permettant de tenir sous leur pied une frange importante de la société. C'est une forme de néo-esclavagisme qui fait jouir pas mal de hautes sphères et à laquelle elles ne sont pas prêtes à renoncer. C'est un peu cela que tu exprimes quand tu dis "chacun à sa place dans la société" dans ta seconde tartine. Limite, on croirait lire un discours de l'
Opus Dei.
La société est comme un corps ; il y a une tête pour réfléchir et des bras pour travailler... hum hum