Le Hamas ou le réflexe de la violence
Par Daniel SHEK
QUOTIDIEN : mardi 29 mai 2007
Par Daniel SHEK ambassadeur d'Israël en France.
Peu importent les circonstances politiques, nos multiples et vains espoirs, il faut se rendre à l'évidence, le Hamas est une organisation terroriste. Et les faits semblent indiquer qu'il y a peu de chance que cela change. Il ne s'agit pour le Hamas, ni d'intérêts tactiques ou même stratégiques, mais d'une idéologie ancrée au coeur de sa doctrine. Et bien qu'à chaque fois persiste une lueur d'espoir, chaque fois, cette lueur s'enflamme sous le feu de la violence.
Depuis près d'une décennie, nous avons effectué de nombreuses démarches historiques en faveur des Palestiniens. Dernière en date, il y a près de deux ans, pour la première fois dans l'histoire du peuple palestinien, le retrait de Gaza leur offrait l'occasion unique de gérer un territoire de façon autonome. Ils disposaient pour cela de nombreux atouts, un soutien international, des infrastructures, des frontières ouvertes avec l'Egypte, des moyens de production de haute technologie telles les serres agricoles ; tout était possible pour transformer la bande de Gaza en un laboratoire pour la réalisation d'un modèle d'indépendance palestinienne. Il n'en a rien été. Suite à l'élection du Hamas, Gaza n'est devenue qu'une simple base de lancement de roquettes Kassam sur Israël.
La participation du Hamas à des élections démocratiques aurait pu aussi susciter un espoir. Sa victoire, disait-on, allait le rendre plus sage, plus réaliste ; le contact avec la démocratie et la responsabilité qui vient avec le pouvoir lui imposeraient la modération. Mais il faut se rendre aujourd'hui à l'évidence : la paix s'est éloignée depuis que les Palestiniens ont choisi une organisation qui préfère la violence au dialogue pour les gouverner. Nous respectons le verdict des urnes, mais nous ne pouvons appuyer un gouvernement qui refuse les fondements mêmes du processus de paix. Le Hamas devait tirer toutes les conséquences de sa décision de se présenter aux élections et adhérer au processus démocratique. Il n'en a rien été. La démocratie ne peut se résumer à une simple élection et s'arrêter le lendemain.
La création d'un gouvernement d'union nationale palestinien avait encore laissé penser que le Fatah allait modérer le Hamas. Il n'en a rien été. Au contraire, le Fatah a dû se radicaliser et le Hamas n'a pas cédé grand-chose par rapport à son idéologie. Surtout, une fois de plus, le Hamas n'a pas pu résister à la tentation de la violence. Cette violence s'est d'abord tournée vers son propre partenaire, le Fatah, mais très vite, il n'a pas hésité à entraîner Israël dans une confrontation. Sachez qu'Israël réplique seulement parce que le Hamas l'y oblige. Israël n'a aucun intérêt au chaos palestinien car tôt ou tard, comme l'expérience le prouve, la violence interpalestinienne finit toujours par se tourner vers les Israéliens. C'est comme un réflexe, la tentation de la violence. Aujourd'hui, une fois de plus, des affrontements internes se terminent en feu meurtrier sur les habitants de Sdérot. Le départ de Gaza était un signe d'espoir. Mais le Hamas a transformé ce chant d'espoir en champs de roquettes. Des roquettes qui chaque jour tuent, terrifient et poussent à l'exode des centaines d'Israéliens.
Le gouvernement israélien est responsable de la sécurité de ses citoyens. C'est normal et c'est inscrit dans le droit international. Et, quand le cessez-le-feu signé avec le gouvernement légitime des Palestiniens est rompu des dizaines, voire des centaines de fois par la composante majoritaire de ce même gouvernement, il ne faut pas s'étonner qu'Israël prenne des mesures pour protéger ses citoyens. Il est évident qu'aucun Etat au monde n'accepterait d'être la cible permanente d'attaques de roquettes. Depuis le 14 mai dernier, plus de 200 roquettes Kassam se sont déjà abattues sur le sud d'Israël, la plupart sur la ville de Sdérot. En sept ans, près de 6 000 roquettes palestiniennes ont été lancées sur Israël. Nous le voyons aujourd'hui ; pour le Hamas, il ne s'agit pas d'un conflit territorial puisqu'Israël ne se trouve plus depuis longtemps sur le territoire de Gaza. Il s'agit du même réflexe de la violence avec en plus ce refus profondément idéologique de la paix avec Israël.
Il existe aujourd'hui un test très simple pour différencier les amis de la paix de ses ennemis : le principe de deux Etats pour deux peuples. A ce titre, la charte du Hamas est très claire : elle prône le droit des Palestiniens sur toute la Palestine et la non-reconnaissance du droit d'Israël à exister. Le Hamas, qui n'accepte pas ce principe de base, ne peut donc être considéré comme un ami de la paix.
C'est pourquoi il choisira toujours le chemin de la violence. Comme un réflexe. Et peu importent les conséquences pour le peuple palestinien, dont il est censé améliorer le destin. Depuis son arrivée au pouvoir, le peuple palestinien n'a gagné que chômage, souffrances et misère.
Israël n'a pas quitté la bande de Gaza pour y retourner. Les opérations menées peuvent se terminer immédiatement. Cela ne dépend que de l'arrêt des tirs de roquettes et de la libération du jeune Gilad Shalit, kidnappé, je le rappelle, après le retrait de Gaza il y a déjà près d'un an, en territoire souverain israélien et dont la famille reste sans nouvelle.
Israël souhaite renouer le dialogue avec le gouvernement palestinien, comme il le fait régulièrement avec son président, Mahmoud Abbas. Mais ce dialogue ne peut reprendre que sur la base des trois principes établis par l'ensemble de la communauté internationale : l'arrêt du terrorisme, le respect de tous les accords conclus entre Israël et l'Autorité palestinienne et la reconnaissance de l'Etat d'Israël.
La communauté internationale se doit ainsi d'agir avec une extrême prudence, avant de reconnaître des ministres du Hamas ou de reprendre une aide financière directe. Mais surtout faudra-t-il que le gouvernement palestinien tout entier rejoigne le camp de la paix en acceptant le principe de deux Etats pour deux peuples.
Pour cela, le Hamas devra enfin surmonter cette tentation de la violence, ce réflexe quasi pavlovien qui fait qu'à chaque main tendue par les Israéliens il répond en brandissant les 3K : kalachnikov, Kassam, kamikaze.
http://www.liberation.fr/rebonds/256658.FR.php
Par Daniel SHEK
QUOTIDIEN : mardi 29 mai 2007
Par Daniel SHEK ambassadeur d'Israël en France.
Peu importent les circonstances politiques, nos multiples et vains espoirs, il faut se rendre à l'évidence, le Hamas est une organisation terroriste. Et les faits semblent indiquer qu'il y a peu de chance que cela change. Il ne s'agit pour le Hamas, ni d'intérêts tactiques ou même stratégiques, mais d'une idéologie ancrée au coeur de sa doctrine. Et bien qu'à chaque fois persiste une lueur d'espoir, chaque fois, cette lueur s'enflamme sous le feu de la violence.
Depuis près d'une décennie, nous avons effectué de nombreuses démarches historiques en faveur des Palestiniens. Dernière en date, il y a près de deux ans, pour la première fois dans l'histoire du peuple palestinien, le retrait de Gaza leur offrait l'occasion unique de gérer un territoire de façon autonome. Ils disposaient pour cela de nombreux atouts, un soutien international, des infrastructures, des frontières ouvertes avec l'Egypte, des moyens de production de haute technologie telles les serres agricoles ; tout était possible pour transformer la bande de Gaza en un laboratoire pour la réalisation d'un modèle d'indépendance palestinienne. Il n'en a rien été. Suite à l'élection du Hamas, Gaza n'est devenue qu'une simple base de lancement de roquettes Kassam sur Israël.
La participation du Hamas à des élections démocratiques aurait pu aussi susciter un espoir. Sa victoire, disait-on, allait le rendre plus sage, plus réaliste ; le contact avec la démocratie et la responsabilité qui vient avec le pouvoir lui imposeraient la modération. Mais il faut se rendre aujourd'hui à l'évidence : la paix s'est éloignée depuis que les Palestiniens ont choisi une organisation qui préfère la violence au dialogue pour les gouverner. Nous respectons le verdict des urnes, mais nous ne pouvons appuyer un gouvernement qui refuse les fondements mêmes du processus de paix. Le Hamas devait tirer toutes les conséquences de sa décision de se présenter aux élections et adhérer au processus démocratique. Il n'en a rien été. La démocratie ne peut se résumer à une simple élection et s'arrêter le lendemain.
La création d'un gouvernement d'union nationale palestinien avait encore laissé penser que le Fatah allait modérer le Hamas. Il n'en a rien été. Au contraire, le Fatah a dû se radicaliser et le Hamas n'a pas cédé grand-chose par rapport à son idéologie. Surtout, une fois de plus, le Hamas n'a pas pu résister à la tentation de la violence. Cette violence s'est d'abord tournée vers son propre partenaire, le Fatah, mais très vite, il n'a pas hésité à entraîner Israël dans une confrontation. Sachez qu'Israël réplique seulement parce que le Hamas l'y oblige. Israël n'a aucun intérêt au chaos palestinien car tôt ou tard, comme l'expérience le prouve, la violence interpalestinienne finit toujours par se tourner vers les Israéliens. C'est comme un réflexe, la tentation de la violence. Aujourd'hui, une fois de plus, des affrontements internes se terminent en feu meurtrier sur les habitants de Sdérot. Le départ de Gaza était un signe d'espoir. Mais le Hamas a transformé ce chant d'espoir en champs de roquettes. Des roquettes qui chaque jour tuent, terrifient et poussent à l'exode des centaines d'Israéliens.
Le gouvernement israélien est responsable de la sécurité de ses citoyens. C'est normal et c'est inscrit dans le droit international. Et, quand le cessez-le-feu signé avec le gouvernement légitime des Palestiniens est rompu des dizaines, voire des centaines de fois par la composante majoritaire de ce même gouvernement, il ne faut pas s'étonner qu'Israël prenne des mesures pour protéger ses citoyens. Il est évident qu'aucun Etat au monde n'accepterait d'être la cible permanente d'attaques de roquettes. Depuis le 14 mai dernier, plus de 200 roquettes Kassam se sont déjà abattues sur le sud d'Israël, la plupart sur la ville de Sdérot. En sept ans, près de 6 000 roquettes palestiniennes ont été lancées sur Israël. Nous le voyons aujourd'hui ; pour le Hamas, il ne s'agit pas d'un conflit territorial puisqu'Israël ne se trouve plus depuis longtemps sur le territoire de Gaza. Il s'agit du même réflexe de la violence avec en plus ce refus profondément idéologique de la paix avec Israël.
Il existe aujourd'hui un test très simple pour différencier les amis de la paix de ses ennemis : le principe de deux Etats pour deux peuples. A ce titre, la charte du Hamas est très claire : elle prône le droit des Palestiniens sur toute la Palestine et la non-reconnaissance du droit d'Israël à exister. Le Hamas, qui n'accepte pas ce principe de base, ne peut donc être considéré comme un ami de la paix.
C'est pourquoi il choisira toujours le chemin de la violence. Comme un réflexe. Et peu importent les conséquences pour le peuple palestinien, dont il est censé améliorer le destin. Depuis son arrivée au pouvoir, le peuple palestinien n'a gagné que chômage, souffrances et misère.
Israël n'a pas quitté la bande de Gaza pour y retourner. Les opérations menées peuvent se terminer immédiatement. Cela ne dépend que de l'arrêt des tirs de roquettes et de la libération du jeune Gilad Shalit, kidnappé, je le rappelle, après le retrait de Gaza il y a déjà près d'un an, en territoire souverain israélien et dont la famille reste sans nouvelle.
Israël souhaite renouer le dialogue avec le gouvernement palestinien, comme il le fait régulièrement avec son président, Mahmoud Abbas. Mais ce dialogue ne peut reprendre que sur la base des trois principes établis par l'ensemble de la communauté internationale : l'arrêt du terrorisme, le respect de tous les accords conclus entre Israël et l'Autorité palestinienne et la reconnaissance de l'Etat d'Israël.
La communauté internationale se doit ainsi d'agir avec une extrême prudence, avant de reconnaître des ministres du Hamas ou de reprendre une aide financière directe. Mais surtout faudra-t-il que le gouvernement palestinien tout entier rejoigne le camp de la paix en acceptant le principe de deux Etats pour deux peuples.
Pour cela, le Hamas devra enfin surmonter cette tentation de la violence, ce réflexe quasi pavlovien qui fait qu'à chaque main tendue par les Israéliens il répond en brandissant les 3K : kalachnikov, Kassam, kamikaze.
http://www.liberation.fr/rebonds/256658.FR.php