MP a écrit:??? Je parle de personnes isolées ou de micro groupes, de tendance ED ou EG, et qui commettent des attentats de leur propre initiative, sans se rattacher à des groupement structurés. tu crois que ça n'existe pas ?
Non, ça n'existe pas.
En tout cas pas en Turquie, à ma connaissance qui est sans doute lacunaire. Plutôt que de parler en "généralités vraies", tu devrais revenir aux faits.
Par exemple, Ogün Samast, l'assassin de Hrant Dink, tu t'en rappelles peut-être... Et bien, les enquêtes des journalistes turcs que l'on ne va pas suspecter de taper gratuitement sur l'appareil étatique, loin de là, ont mis en évidence les liens entre le groupe d'extrême-droite auquel il appartenait et les services de police de Trabzon, la ville dont il est originaire. Personne ne croit à Ogün Samast "l'électron libre" étant donné le passif de l'Etat dans ce genre d'affaires contre d'autres intellectuels.
Mehmet Ali Birand, un des journalistes turcs les plus réputés qui écrit notamment dans le
Turkish Daily News, a fait
un éditorial "choc" suite aux révélations de l'ancien dirigeant du MİT [
Milli İstihbarat Teşkilatı -
Organisation des Renseignements Nationaux] Nuri Gündeş à la télévision qui avouait implicitement que les services de l'Etat ont recouru à l'assassinat sous-traité par des mafieux.
Les guillemets et l'italique sont de rigueur à "
choc" car pour les milieux d'opposition qui subissaient cela depuis des années, ce n'était guère une découverte.
Ici, une video où les flics font
une photo de famille avec Ogün Samast. C'est passé sur toutes les chaînes turques et même chez nous.
MP a écrit:Pourquoi "pompeusement" ? Ce sont bel et bien des terroristes.
Si tu connais la situation des prisonniers politiques basques dans les prisons espagnoles (isolement, conditions épouvantables), alors, il n'y a aucun doute, l'Etat espagnol est aussi un Etat qui pratique le terrorisme.
Le problème c'est que le terrorisme, c'est l'arbre qui cache la forêt, l'Etat est toujours et dans tous les cas le premier acteur terroriste, loin devant, fait souvent tu par la presse.
MP a écrit:Les deux mouvements ont une branche armée, qui n'a jamais été invitée autour de la table, et une branche politique avec laquelle on peut négocier.
Bien vu. Sinn Féin par rapport à l'IRA et Batasuna par rapport à ETA.
1° C'est exactement pareil en Turquie, si pas encore plus flagrant.
Le bureau d'information du DHKC à Bruxelles était une branche strictement politique que je sache.
La différence notable étant que l'Etat turc ne discute pas par culture monolithique de la politique.
Le
KNK, Congrès National du Kurdistan, qui a son siège à Bruxelles pas loin de la place Stéphanie et qui est très explicitement et très clairement lié au PKK comme d'autres associations d'ailleurs, est également une branche politique.
Dans une autre mesure, HÖÇ dont Tito a placé la déclaration, est une plate-forme d'associations (HalkınSesi.tv [agence de presse] ; GrupYorum [groupe de musique] ; TAYAD [Association de Solidarité des Familles des Prisonniers] ; Yürüyüş [Revue de gauche] ; Temel Haklar Federasyonu [Fédération des Droits Fondamentaux, association de gauche]) et dont la sympathie avec le mouvement DHKC est une chose évidente agit politiquement de la même manière.
2° Ce n'est pas toujours une évidence, souvent pour ne pas dire systématiquement l'Etat cherche à supprimer la légitimité des branches politiques pour faire avorter le dialogue et obtenir le maintien de la situation. Je ne te fais pas un dessin en Turquie mais que l'on pense à la décision du gouvernement Aznar d'interdir Batasuna.
MP a écrit:S'ils sont si populaires, pourquoi ne se font-ils pas élire ?
IN-TER-DIT MP a écrit:Ceci dit, un attentat, ciblé ou non, est le plus lâche des crimes.
Oui, nous sommes d'accord : tuer c'est pas bien, la paix vaut mieux que la guerre mais gardons-nous bien de porter des jugements hatifs sur les situations que nous ne vivons pas et que nous ne vivrons sans doute jamais. Tu dis que les personnes de l'
Affiche Rouge (rendus populaires par Aragon) arrêtés par les nazis comme "l'armée du crime" et exécutés étaient des lâches. Ça n'engage que toi, moi, je pense que leur décision était plus valeureuse que ceux qui ont versé dans la collabo.
MP a écrit:Je doute que la population apporte un "soutien important" à des criminels, s'érigeant en Juges.
Ben si, en Turquie, "la" population apporte un soutien important (sans guillemets) à des criminels qui s'érigent en juges. Tu as déjà oublié les énormes manifestations à Ankara, İstanbul et İzmir qui confortent l'armée dont les crimes sont nombreux et qui a procédé à des tas de procès de groupes.
MP a écrit:Si ces muvement ne sont pas contents, qu'ils se fassent élire, déposent plainte en Justice, fassent signer des pétitions de millions de gens, bref, se rangent aux règles de la démocratie.
Franchement, tes leçons de démocratie, tu peux te les garder car tout ce que tu racontes, tu penses sans doute que ce ne sont pas des procédés utilisés dans les mouvements d'opposition turque (gauche révolutionnaire et pro-kurde) ?
Y a eu des tas de plaintes en Justice (
Adalet istiyoruz,
Adalet istiyoruz, qu'ils clament, tu le sais bien maintenant), des tas de pétitions, des milliers de manifestations, des dizaines de milliers de pancartes, caliquots et banderoles déployés, des centaines d'actions symboliques. La population turque est de loin la plus politisée des environs. Il n'y a pas photo.
MP a écrit:Il est du devoir de tout Etat de ne pas laisser gambader des assassins.
Pour moi, un type qui, en démocratie, a du sang sur les mains, n'a plus droit à aucun ménagement.
Bien dit mais savais-tu que l'Etat turc laisse quand même
gambader des assassins ???
En 1993, il y a eu ce que l'on connaît sous le nom de "massacres de Sivas". Sivas est une ville de l'Est de la Turquie qui abrite une importante minorité alévie. L'alévisme est une religion mystique d'inspiration musulmane mais qui contraste avec la pratique sunnite dogmatique.
Une foule d'islamistes se sont massés autour d'un hotel où une communauté alévie était rassemblée pour une occasion d'ordre culturel. La police était là et n'a rien fait jusqu'au moment où l'incident dérape et que l'un des islamistes (qui a été filmé) boute le feu à l'hotel. Bilan : 37 personnes brûlées vives.
Aujourd'hui, on connaît les assassins de nom et de location. L'Etat turc ne fait
rien contre eux. Même pas lancer un mandat d'arrêt international pour ceux partis dans les pays européens.
Comme je l'avais déjà dit, des lois spéciales empêchent aussi les militaires d'être poursuivis et d'être jugés pour les nombreux crimes commis contre la population, notamment au Kurdistan dans les années '90 ou lors de l'attaque contre les prisons en décembre 2000.
Et les exemples sont loin de manquer...