La juge refuse le divorce en se basant sur le Coran
ALLEMAGNE Une magistrate du Tribunal de première instance de Francfort vient d’être rappelée à l’ordre.
MICHEL VERRIER / BERLIN
Publié le 22 mars 2007
ll y a paraît-il dans le Coran un «droit de correction», institué pour les maris à l'égard de leurs femmes «récalcitrantes»! C'est du moins l'interprétation de la sourate 4,34 que professe Mme R., juge au Tribunal de première instance de Francfort-sur-le-Main! Mais que vient faire un juge allemand dans l'interprétation du livre saint? Eh bien, Madame la juge avait décidé sur cette base, en janvier dernier, qu'il n'y avait par conséquent pas lieu d'accéder à la requête de divorce en urgence déposée par Mme M., 26 ans, deux enfants, d'origine marocaine, menacée de mort par son mari!
Monsieur M., Marocain d'origine lui aussi, avait déjà été expulsé du domicile familial pour six mois, par la juge R. pour avoir battu son épouse: des voies de faits constatées par la police en mai 2006. Mais l'exercice par le mari du «droit de correction», légitimé par le Coran selon la juge, ne constituait pas une «cruauté insupportable» telle, qu'elle puisse justifier de surcroît l'interruption de la période probatoire d'un an, imposée en Allemagne aux deux conjoints dans la procédure légale de divorce. Mme M. devra donc prendre quelques mois encore son mal en patience!
«Mais, droit de correction, cela signifie tout simplement que l'homme a le droit de frapper sa femme», s'insurge Barbara Becker Rojckzyk, avocate de la plaignante. Et cela au moins jusqu'à la fin de la période probatoire d'un an!
«Inimaginable!»
Christa Stolle, responsable de l'organisation Terre des femmes s'emporte: «Qu'une juge en Allemagne se réfère au Coran pour rejeter une demande de divorce va au-delà de l'imaginable». La référence aux cultures d'origine des plaignants et accusés n'est pas une exception dans la jurisprudence allemande. Elle a même servi de circonstance atténuante dans certains cas de crimes dits «d'honneur»! Mais cette tradition semblait s'éteindre.
Peter Michalzik, éditorialiste du quotidien francfortois Frankfurter Allgemeine Zeitung trouve lui l'affaire d'autant plus incongrue que: «le Coran est affaire d'interprétation et que le livre contredit lui même dans d'autres de ses passages la sourate citée par la juge! Et puis: «il faut rappeler à Madame la juge qu'elle ne siège pas au Tribunal de Francfort en raison de ses compétences dans l'interprétation coranique, mais parce qu'elle a consacré son temps à l'université à étudier les lois allemandes, le code civil et le droit familial»!
L'affaire menaçant de tourner au vinaigre, le Tribunal de Francfort a dessaisi hier la juge R. du dossier, pour «partialité».
http://www.24heures.ch/vqhome/le_journal/monde/allemagne_220307.edition=nv.html
ALLEMAGNE Une magistrate du Tribunal de première instance de Francfort vient d’être rappelée à l’ordre.
MICHEL VERRIER / BERLIN
Publié le 22 mars 2007
ll y a paraît-il dans le Coran un «droit de correction», institué pour les maris à l'égard de leurs femmes «récalcitrantes»! C'est du moins l'interprétation de la sourate 4,34 que professe Mme R., juge au Tribunal de première instance de Francfort-sur-le-Main! Mais que vient faire un juge allemand dans l'interprétation du livre saint? Eh bien, Madame la juge avait décidé sur cette base, en janvier dernier, qu'il n'y avait par conséquent pas lieu d'accéder à la requête de divorce en urgence déposée par Mme M., 26 ans, deux enfants, d'origine marocaine, menacée de mort par son mari!
Monsieur M., Marocain d'origine lui aussi, avait déjà été expulsé du domicile familial pour six mois, par la juge R. pour avoir battu son épouse: des voies de faits constatées par la police en mai 2006. Mais l'exercice par le mari du «droit de correction», légitimé par le Coran selon la juge, ne constituait pas une «cruauté insupportable» telle, qu'elle puisse justifier de surcroît l'interruption de la période probatoire d'un an, imposée en Allemagne aux deux conjoints dans la procédure légale de divorce. Mme M. devra donc prendre quelques mois encore son mal en patience!
«Mais, droit de correction, cela signifie tout simplement que l'homme a le droit de frapper sa femme», s'insurge Barbara Becker Rojckzyk, avocate de la plaignante. Et cela au moins jusqu'à la fin de la période probatoire d'un an!
«Inimaginable!»
Christa Stolle, responsable de l'organisation Terre des femmes s'emporte: «Qu'une juge en Allemagne se réfère au Coran pour rejeter une demande de divorce va au-delà de l'imaginable». La référence aux cultures d'origine des plaignants et accusés n'est pas une exception dans la jurisprudence allemande. Elle a même servi de circonstance atténuante dans certains cas de crimes dits «d'honneur»! Mais cette tradition semblait s'éteindre.
Peter Michalzik, éditorialiste du quotidien francfortois Frankfurter Allgemeine Zeitung trouve lui l'affaire d'autant plus incongrue que: «le Coran est affaire d'interprétation et que le livre contredit lui même dans d'autres de ses passages la sourate citée par la juge! Et puis: «il faut rappeler à Madame la juge qu'elle ne siège pas au Tribunal de Francfort en raison de ses compétences dans l'interprétation coranique, mais parce qu'elle a consacré son temps à l'université à étudier les lois allemandes, le code civil et le droit familial»!
L'affaire menaçant de tourner au vinaigre, le Tribunal de Francfort a dessaisi hier la juge R. du dossier, pour «partialité».
http://www.24heures.ch/vqhome/le_journal/monde/allemagne_220307.edition=nv.html
Dernière édition par le Mer 28 Mar - 13:00, édité 1 fois