Liban: l'opposition prépare la grande manifestation de dimanche
Mis en ligne le 09/12/2006 à 16:10
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BEYROUTH (AFP)
L'opposition libanaise se prépare à une nouvelle grande manifestation dimanche à Beyrouth, dont elle veut faire le tournant "historique" de son offensive populaire déclenchée le 1er décembre pour faire tomber le gouvernement de Fouad Siniora.
Plus que jamais, le camp du gouvernement, qui a reçu le soutien renouvelé de Paris et Washington, et celui de l'opposition soutenue par Damas et Téhéran, qui promet une escalade imminente du mouvement, semblent irréconciliables.
Jeudi, Hassan Nasrallah, le chef du puissant Hezbollah chiite, a promis que l'opposition, alliance de partis pro-syriens et chrétiens, n'abandonnerait pas la rue tant qu'elle n'aurait pas obtenu gain de cause. Depuis le premier rassemblement le 1er décembre, des milliers de manifestants ont envahi le centre de Beyrouth, où des centaines de tentes font face symboliquement au Grand Sérail, le palais qui abrite le siège du gouvernement, cerné de barbelés et de cordons de soldats.
L'opposition a appelé les Libanais à participer dimanche à une nouvelle manifestation à 15H00 (13H00 GMT) dans le centre de la capitale et à en faire un "jour historique". Elle a aussi promis un durcissement de son mouvement par le biais d'actes de désobéissance civile.
"Lundi sera un jour nouveau au Liban, les institutions vont être paralysées, notamment le port et l'aéroport de Beyrouth, ainsi que les administrations publiques", écrivait samedi le quotidien pro-Hezbollah Al-Akhbar, en annonçant aussi que "des routes principales seront fermées".
Le cercle vicieux dans lequel est enfermé le Liban n'a cessé de se resserrer au fil de la semaine.
Au discours enflammé d'Hassan Nasrallah jeudi à la télévision, retransmis sur écran géant face à la foule des manifestants à Beyrouth, le Premier ministre a répondu en accusant le chef du Hezbollah de planifier un "coup d'Etat".
Les deux camps "sont dans le pétrin et chacun cherche une porte de sortie", que "rien pour le moment ne laisse présager", soulignait samedi le journal d'opposition As-Safir. Le principal quotidien libanais An-Nahar, proche du gouvernement, estimait que l'opposition est "dans l'impasse", les manifestations n'ayant pas abouti en raison "du soutien intérieur et extérieur apporté au gouvernement Siniora".
Le Premier ministre, à la tête du premier gouvernement de l'ère post-syrienne au Liban, a une nouvelle fois reçu le soutien de ses principaux alliés occidentaux. Le président français Jacques Chirac a ainsi jugé vendredi nécessaire de soutenir le gouvernement "légal et légitime" de Fouad Siniora. La secrétaire d'Etat américaine Condoleezza Rice a elle réaffirmé que le gouvernement libanais "est sous la forte pression de forces extrémistes et extérieures, y compris la Syrie et l'Iran, qui paraissent déterminées à tenter de déstabiliser cette jeune démocratie".
Le détonateur de la crise a été la démission à la mi-novembre des six ministres pro-syriens, dont cinq représentant la communauté chiite, du gouvernement issu de la majorité anti-syrienne au pouvoir depuis le printemps 2005. Les partis chiites alliés au chef de l'opposition chrétienne Michel Aoun réclament une représentation accrue dans la coalition et nient désormais toute légitimité au gouvernement Siniora.
Mais en filigrane transparaissent les difficiles relations entre le Liban et son voisin syrien. La majorité soupçonne en fait l'opposition d'avoir provoqué la crise gouvernementale pour faire barrage au projet de tribunal international pour juger les assassins de Rafic Hariri, le très populaire ancien Premier ministre tué à Beyrouth le 14 février 2005, quelques mois après avoir rompu avec Damas.
Le président libanais Emile Lahoud, proche de Damas, a d'ailleurs rejeté le décret du gouvernement sur le tribunal Hariri, a annoncé samedi la présidence.
Une commission d'enquête internationale avait mis en cause des responsables syriens dans l'attentat, mais la Syrie a toujours protesté de son innocence.
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