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    Russie Le spectre de la haine

    joan21
    joan21


    Masculin
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    Localisation : arlon
    Date d'inscription : 17/06/2006

    Russie Le spectre de la haine Empty Russie Le spectre de la haine

    Message  joan21 Ven 27 Oct - 15:25

    Russie Le spectre de la haine

    Un « modèle d'Etat multinational ». C'est ainsi que Nikita Khrouchtchev, en février 1956, exaltait les vertus de l'Union soviétique, alors même qu'il dénonçait les crimes de Staline durant le 20e Congrès du Parti communiste : « Nous avons, affirmait-il, assuré l'égalité des droits et l'amitié de toutes les nations vivant dans notre vaste patrie. » La propagande a fait long feu. Aujourd'hui, quinze ans après la chute de l'URSS, la société russe, ce grand corps malade de l'Histoire soumis par Vladimir Poutine à un traitement « patriotique » intensif, est rongée par le cancer de la haine raciale et de la xénophobie.

    Des ultranationalistes russes demandent le départ des étrangers, à Moscou, le 5 décembre 1998.
    Originaire de Côte d'Ivoire, Valentin Diby, 32 ans, est en 5e année d'études à l'université des télécommunications de Saint-Pétersbourg. « Je ne conseillerai à personne de venir en Russie, confie-t-il. On nous insulte dans la rue, on nous traite de "singes", on nous frappe. Dans le métro, les gens ne bronchent pas quand les extrémistes nous tabassent. Les autorités laissent faire. Pourquoi nous accueillir ici si c'est pour nous tuer ? » Le 7 avril dernier, Valentin Diby était au côté de Samba Lampsar Sall, 28 ans, de nationalité sénégalaise, lorsque celui-ci fut abattu d'une balle dans la tête. « Nous étions six, revenant tranquillement vers le foyer. Soudain, il y a eu un bruit violent, un coup de feu, mais nous l'ignorions. On s'est mis à courir sans voir tout de suite que l'un d'entre nous manquait. Lampsar était tombé sans un cri. » Assassiné parce qu'il était noir. L'arme du crime, retrouvée par les enquêteurs, était ornée d'une croix gammée.

    Ces dernières années, le nombre des attaques racistes a augmenté de 20 à 30 % par an, constatait début septembre le centre de recherche indépendant Sova. Bilan des huit premiers mois de 2006 : 33 morts et 280 blessés. En 2005, Sova a recensé 35 tués et 393 blessés. « Le niveau d'intolérance grandit dans la société », souligne Alexandre Verkhovski, directeur de Sova. Les enquêtes d'opinion l'attestent : la majorité de la population, entre 53 et 58 % selon les sources et les moments, sympathise désormais, à des degrés divers, avec le slogan nationaliste « La Russie aux Russes ». Une minorité radicale - de 16 à 20 % - en revendique l'application immédiate.

    Début septembre, à Kondopoga, une petite ville de Carélie, au nord de Saint-Pétersbourg, des extrémistes locaux ont ouvert la chasse aux Caucasiens, peu après la mort de deux Russes ethniques lors d'une bagarre dans un restaurant où des clients éméchés avaient pris à partie le patron, tchétchène. Des activistes du Mouvement contre l'immigration illégale sont aussitôt arrivés en renfort. Le chef de cette organisation xénophobe, Alexandre Potkine, dit Belov - un ancien de l'ex-Front national-patriotique Pamiat (Mémoire), apparu vers 1985 - a pris la tête d'une manifestation, réclamant haut et fort que tous les non-Slaves soient expulsés de la ville.

    D'une intensité sans précédent, les événements de Kondopoga sont pourtant loin d'être un cas isolé. Ces derniers mois, la violence raciste a éclaté dans plusieurs régions, ici contre des Azéris, là contre des Daguestanais, ailleurs contre des ouvriers chinois. A Moscou, où la construction est en plein boom, les migrants dominent sur les chantiers. Ils vivent entre deux piles de béton ou se terrent dans des baraquements. Le 21 août, une bombe a explosé dans une section du marché Tcherkizovo, où la plupart des commerçants viennent d'Asie centrale ou d'Extrême-Orient. Bilan : 12 morts et plus de 40 blessés. Les suspects arrêtés, des étudiants inscrits dans les universités de Moscou, ont reconnu vouloir « nettoyer » la capitale de ses « éléments ethniques criminels ».

    En Russie, désormais, quiconque n'a pas l'aspect physique attribué aux Slaves est « en danger », souligne l'organisation de défense des droits de l'homme Amnesty International, qui accuse les autorités d'avoir « fermé les yeux sur les crimes à caractère raciste », encourageant ainsi « la montée d'une xénophobie et d'un néofascisme national poussés à l'extrême ». Selon une commission de la Chambre civile russe - organe consultatif censé représenter les intérêts de la société civile - les Tchétchènes qui ont quitté leur terre natale, cherchant refuge contre la guerre et la terreur, concentrent sur eux le plus fort taux d'hostilité, suivis par les Tsiganes. Mais tous sont visés - étrangers venus d'Afrique ou d'ailleurs, ressortissants des ex-Républiques soviétiques ou citoyens de la Fédération de Russie appartenant à des minorités nationales. Tenus pour des traîtres, les militants antifascistes ne sont pas épargnés.

    Le racisme va de pair avec un antisémitisme aux racines anciennes : en 1882, sous le règne d'Alexandre III, la Russie avait adopté une législation antijuive, la plus systématique jamais élaborée avant celle du Reich nazi. Elle fut abolie par les bolcheviques en 1917, mais le régime totalitaire inventera ses propres formes de discrimination. Aujourd'hui, dans un pays qui exalte sa contribution à la lutte contre le fascisme durant la Seconde Guerre mondiale, les fantasmes inspirés des Protocoles des Sages de Sion, ce faux antisémite fabriqué par la police tsariste, se donnent libre cours. Ainsi, les ultranationalistes « sont persuadés qu'il existe un complot juif destiné à détruire la Russie », avance le sociologue Alexandre Tarasov, coauteur d'un ouvrage sur l'extrémisme. L'an dernier, une pétition appelant le procureur général à bannir toutes les organisations juives a recueilli jusqu'à 15 000 signatures, dont celles d'une vingtaine de députés. L'Union du peuple russe s'est recréée, héritière d'une organisation responsable de pogroms sous le régime tsariste. Le 11 janvier dernier, armé d'un couteau, un jeune marginal au crâne rasé, Alexandre Koptsev, 20 ans, faisait irruption dans une synagogue de Moscou en hurlant : « Je vais vous tuer ! » Il a blessé une dizaine de fidèles avant d'être maîtrisé. N'appartenant à aucun groupe, il s'adonnait à la consultation des sites nationalistes radicaux, au nombre de 150 et plus, sur le réseau Internet russe - contrôlé par l'Etat. Koptsev vient d'être condamné à seize ans de prison. « Un verdict qui se veut dissuasif, explique Tarasov. Le pouvoir craint les répercussions internationales qu'entraîne l'antisémitisme.»

    La lutte contre le racisme et la xénophobie serait désormais une « priorité » de l'Etat russe, s'il faut en croire Vladimir Poutine. Jusqu'ici, la police et la justice n'avaient que trop tendance à nier le caractère raciste des agressions, les assimilant à du « hooliganisme ». Les meurtriers d'une fillette tadjike de 9 ans, tuée de 11 coups de couteau à Saint-Pétersbourg, n'ont ainsi écopé que de dix-huit mois à cinq ans d'incarcération.

    Tenus pour responsables de la plupart des méfaits, parfois utilisés en sous-main par des structures proches du Kremlin, les skinheads ne sont guère que la partie émergée de l'iceberg. Apparus au début des années 1990, ils ont essaimé depuis lors dans la plupart des régions. Ils ne recrutent plus exclusivement des marginaux, mais des fils de petits commerçants et de fonctionnaires... « Avant, on les repérait à leurs crânes rasés, explique Valentin Diby. Aujourd'hui, ils ressemblent à tout le monde.»

    Ainsi, Serguei Belikov, un avocat qui leur a consacré un ouvrage, partage-t-il avec eux la détestation d'un pouvoir « qui voue le peuple russe à la disparition, sans rien faire pour l'aider à survivre face aux migrants agressifs qui l'oppriment ». Les effectifs des groupes skins atteindraient aujourd'hui, de source officielle, entre 15 000 et 20 000 individus - 50 000 selon les estimations d'experts indépendants. « La première génération molestait, rappelle Alexandre Tarasov. Quand il y avait des morts, c'était parce qu'ils y étaient allés trop fort. La génération actuelle tue. Elle a grandi dans un climat où la violence était omniprésente et celle-ci leur apparaît comme le moyen de régler tous les problèmes. » La guerre de Tchétchénie en fond de décor, ces jeunes ont subi l'intense propagande des séries télévisées « patriotiques » où les membres des forces spéciales, la croix orthodoxe au cou, tiennent le rôle des héros.

    En mai dernier, lors de son intervention annuelle sur l'état de la nation, Vladimir Poutine a cité Ivan Iline, penseur du début du xxe siècle, antisémite et nationaliste de tradition slavophile : « Le soldat représente l'unité nationale du peuple, la volonté de l'Etat russe, la force et l'honneur » - principes sur lesquels le président entend construire l'avenir. Il s'appuie ostensiblement sur l'Eglise orthodoxe - qui rejette les droits de l'homme dans leur acception occidentale.

    Dans ce pays aux 160 nationalités, les incantations des porte-voix du régime célébrant « le grand peuple russe, la grande Russie » éveillent des échos historiques : sous le règne de Nicolas Ier, la « doctrine de la nationalité officielle » formulée par le comte Sergueï Ouvarov, ministre de l'Instruction publique, plaçait les Russes au-dessus des autres populations sur le plan politique, religieux et linguistique.

    Nombre d'idéologues se pressent aujourd'hui autour du pouvoir, en quête d'une « idée nationale ». L'un d'entre eux, Alexandre Douguine, fondateur du Mouvement international eurasien, a bénéficié des largesses du Kremlin. Enseignant, rédacteur en chef d'une émission télévisée sur la chaîne du patriarcat, il se présente comme la tête pensante capable d'offrir à Vladimir Poutine la vision globale qui lui fait défaut. Pape autoproclamé du « néo-eurasisme » - référence à un courant intellectuel des années 1920 et 1930 dans l'émigration russe - il estime que la Russie est une civilisation en soi, « incompatible avec le modèle occidental ». Sa vocation messianique et ses valeurs particulières seront les facteurs d'intégration d'un empire « eurasien », rassemblant à ses côtés l'Iran, la Turquie, l'Inde, la Chineà les Etats hostiles à la version « atlantiste de la mondialisation ». L'idéologue vise aussi l'Union européenne, sans se cacher qu'il y aura quelques difficultésà « Le Kremlin a accompli les premiers pas, confie l'intéressé, mais il est fort occupé à faire l'alchimie du nationalisme. S'il combat la tendance radicale et xénophobe, il perd le soutien de la population ; s'il lui laisse trop la bride sur le cou, la Russie va tout droit à l'explosion sociale. »

    Outre les fraternités orthodoxes et les 140 000 sociétés cosaques, plusieurs formations d'extrême droite manient la rhétorique de la haine raciale. A Saint-Pétersbourg, Youri Belaiev, 50 ans, un ex-policier désormais à la tête du parti de la Liberté, entend défendre les droits des Russes, « humiliés et pauvres entre tous, soumis à une politique de génocide, souligne-t-il, alors que nous sommes la nation qui forme l'Etat. Si nos matraques et nos chaînes s'abattent aujourd'hui sur la tête des Noirs et des Caucasiens, demain elles tomberont sur celle du pouvoir».

    A l'approche des législatives, en 2007, et de la présidentielle, en 2008, le parti de la Liberté, l'Union slave, le Mouvement contre l'immigration illégale et quelques autres sont en compétition - à qui fera le plus parler de lui : « Leurs représentants commencent à apparaître à la télévision, constate Semion Charny, expert de l'association Bureau des droits de l'homme de Moscou. On assiste à un casting de ces différents groupes pour déterminer lequel tiendra le rôle d'épouvantail, selon le scénario électoral que prépare le pouvoir : c'est eux ou nous. » Le Kremlin utilise délibérément les extrémistes et la peur qu'ils inspirent. Jeu dangereux.

    Dans un texte daté de 1997, Alexandre Douguine appelle de ses v£ux « l'aube éblouissante de la nouvelle Révolution russe, le fascisme immense, comme nos terres, et rouge, comme notre sang ».

    De notre envoyée spéciale, Sylvaine Pasquier.

    l Sylvaine pasquier, avec Alla Chevelkina

    29 septembre 2006

    http://www.levif.be/CMArticles/ShowArticle.asp?articleID=1441&sectionID=9
    MP
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    Nombre de messages : 4696
    Date d'inscription : 18/06/2006

    Russie Le spectre de la haine Empty Re: Russie Le spectre de la haine

    Message  MP Ven 27 Oct - 17:59

    Tout va mal en Russie. On se replie, on cherche des brebis expiatoires, et près de 100 ans de communisme a appris à ne pas faire dans la dentelle.

    Triste cocktail.
    silverbold
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    Masculin
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    Russie Le spectre de la haine Empty Re: Russie Le spectre de la haine

    Message  silverbold Sam 4 Nov - 16:38

    Les nationalistes russes manifestent pour se liberer des immigrés

    MOSCOU - Près d'un millier de nationalistes russes ont manifesté à Moscou, à l'occasion de la "Journée de l'Unité du peuple". Ils réclament d'être "débarrassés" des immigrés illégaux, acclamant les orateurs, parmi lesquels des députés, avec des saluts nazis.

    "Nous exigeons d'être débarrassés des immigrés illégaux. Ils occupent nos emplois. La drogue et le terrorisme viennent par eux !", s'est exclamée la députée Irina Saveleva, du parti nationaliste de gauche La Patrie (Rodina).

    "C'est notre terre!", a-t-elle insisté lors de cette manifestation, autorisée, non loin du parc Gorki, dans le centre de Moscou, sous haute surveillance policière.

    "Il est temps de nous mettre debout! Notre marche, c'est la démonstration de la conscience nationale qui se réveille. C'est ce qui fait peur au pouvoir", a ajouté le député nationaliste Nikolaï Kourianovitch.

    "Pour une Russie sainte, orthodoxe", pouvait-on lire sur les panneaux des manifestants, de tous les âges, réunis au pied de la statue de l'écrivain Léon Tolstoï, pourtant connu pour son mépris des envolées nationalistes.

    Le mouvement radical Contre la migration illégale (DPNI) s'est joint finalement à cette manifestation des nationalistes "modérés", après avoir menacé de maintenir sa "marche russe", interdite par les autorités.

    La "Journée de l'Unité du peuple", qui célèbre notamment la libération de Moscou de l'occupation polonaise au XVIIe siècle, a été instaurée en 2005 par le régime russe. Elle est largement dénoncée comme l'occasion de débordements racistes, dans un pays où la xénophobie est en vogue, sous l'oeil indulgent du pouvoir, dénoncent les ONG de défense des droits de l'Homme.

    Les attaques parfois mortelles contre les étrangers, noirs ou asiatiques notamment, souvent attribuées à des nationalistes radicaux, se sont multipliées ces derniers mois, notamment à Saint-Pétersbourg.
    Source : SDA-ATS News Service

    http://www2.laliberte.ch/index.php?depeche=20061104121636181721948107000.xml
    pifpaf
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    Nombre de messages : 202
    Date d'inscription : 15/08/2006

    Russie Le spectre de la haine Empty Re: Russie Le spectre de la haine

    Message  pifpaf Sam 4 Nov - 19:07

    Les russes ne sont même pas foutus de régler leurs problèmes et vous voudriez une politique de l'immigration dans ce grand bordel?
    Tom
    Tom


    Nombre de messages : 1082
    Date d'inscription : 20/06/2006

    Russie Le spectre de la haine Empty Re: Russie Le spectre de la haine

    Message  Tom Dim 5 Nov - 10:06

    Bon, les russes ont été moins exposé à "l'étranger" que l'occidental moyen de Molenbeek. Ce que raconte ce brave Valentin ci-dessus ressemble furieusement à ce que racontaient certains compagnons de voyage de Lumumba lorsqu'il s'est fait offrir des études à Moscou-rien-que-pour-emmerder-les-USA.

    Paraît que de braves russes lui avaient jeté des bananes.

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