Les pays d'Europe s'interrogent face au voile
mercredi 25 octobre 2006 il y a 40 min.
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Le débat actuel sur le Niqab au Royaume-Uni prolonge celui entamé dans de nombreux autres pays européens, où le voile islamique est devenu le symbole des interrogations sur l'intégration des musulmans.
© EPA
(AFP) France, Allemagne, Pays-Bas, Belgique, Italie, Suède... les pays européens sont confrontés à des degrés divers à la même question, face à des voiles qui se sont faits plus nombreux ces dernières années et sont devenus parfois la marque la plus visible d'une "séparation" des communautés, selon les termes du Premier ministre britannique Tony Blair. "Dans la plupart des pays européens, un débat similaire est en cours", a-t-il récemment souligné, ajoutant que derrière la question du voile se dessinait un débat plus large, "sur la relation entre notre société et comment la communauté musulmane s'y intègre".
Au Royaume-Uni, où les attentats du 7 juillet 2005 ont remis en cause le modèle "multiculturel" cher aux Britanniques, le débat s'est concentré ces derniers jours sur le niqab, tenue islamique pourtant marginale, qui ne laisse voir que les yeux: une institutrice de 24 ans, Aishah Azmi, a été suspendue après avoir refusé de l'enlever en classe. Les prud'hommes locaux ont refusé l'argument qu'elle avait été victime de discrimination, mettant en avant l'intérêt des enfants.
Comme dans d'autres pays européens, le gouvernement a laissé aux autorités locales la responsabilité de la décision. Quelque 1,6 million de musulmans vivent au Royaume-Uni, majoritairement pakistanais et bangladais.
La France, pays européen avec la plus forte proportion de musulmans (environ 5 millions, principalement du Maghreb), est à ce jour l'un des rares à avoir légiféré au niveau national, interdisant en mars 2004 le port de signes religieux ostentatoires à l'école publique, dont le hijab, voile qui laisse l'essentiel du visage dégagé.
Le niqab y reste très minoritaire, mais commence également à susciter un malaise. Un député UMP (droite/majoritaire), Jacques Myard, a ainsi déposé en avril une proposition de loi préconisant deux mois d'emprisonnement et 3.750 euros d'amende en cas de violation du principe selon lequel "toute personne allant et venant sur le territoire de la République doit avoir le visage découvert permettant aisément sa reconnaissance ou son identification". Selon lui, le niqab "est une violation de l'égalité des sexes, un très grave danger pour le vouloir vivre ensemble"
Aux Pays-Bas, où 5,8 pc de la population est musulmane et où les fonctionnaires peuvent porter le voile sauf "si celui-ci interfère avec la sécurité, la fonctionnalité ou l'impartialité", le débat se concentre également désormais sur la burqa (version afghane du niqab), même si elle ne concerne qu'une minorité. Le parlement, il y a un an, a voté pour l'interdire dans les lieux publics, mais la mesure n'est pas encore appliquée, le ministère de la Justice estimant qu'elle est en contradiction avec la loi antidiscrimination.
En Allemagne, où vivent plus de 3,2 millions de musulmans majoritairement turcs, le débat dure aussi depuis plusieurs années. Certains Länder ont changé la loi et d'autres sont en train de légiférer en vue d'interdire de manière plus ou moins stricte les signes religieux à l'école. Ainsi, le Bade-Wurtemberg (sud-ouest) a interdit en avril 2004 aux enseignantes le port du voile à l'école. En revanche, le tribunal administratif de Stuttgart a autorisé en juillet une institutrice convertie à porter le foulard islamique dans une école publique. Dans ce contexte, plusieurs personnalités allemandes d'origine turque ont appelé à la mi-octobre les musulmanes allemandes à abandonner le foulard, pour marquer leur intégration.
En Italie, où vivent environ un million de musulmans, la question du voile a été relancée la semaine dernière par une déclaration du chef du gouvernement Romano Prodi. "Si une femme veut porter le voile, très bien", mais le "bon sens" demande que son visage ne soit pas caché, a-t-il dit. Un récent incident lors d'un débat télévisé a révélé l'extrême sensibilité du sujet. Daniela Santanché, députée Alliance Nationale (droite), a été traitée d'"infidèle" par un imam fondamentaliste, pour avoir avancé que le port du voile n'était pas une prescription du Coran. Cet échange a valu à la députée une protection policière et des manifestations de solidarité de responsables politiques de gauche comme de droite, qui ont tous insisté sur la nécessité pour les musulmans de "s'intégrer".
En Belgique, où les musulmans, pour l'essentiel d'origine marocaine ou turque, représentent 4,5 pc de la population, la question du voile revient aussi régulièrement, mais la réglementation en incombe aux autorités locales. Un petit nombre de communes ont interdit la burqa ou d'autres vêtements masquant entièrement le visage, en se basant sur des règlements de police prévus pour réglementer... le port des masques de carnaval.
Et le débat fait également rage en Turquie, pays musulman à 99 pc mais strictement laïc, où les voiles sont interdits depuis des années dans les universités et la fonction publique. Le pays est profondément divisé sur la question.
http://actuality.skynet.be/index.html?l1=actuality&l2=news&l3=homepage&l4=detail&id=142247&or=bigarticle&new_lang=fr
mercredi 25 octobre 2006 il y a 40 min.
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Le débat actuel sur le Niqab au Royaume-Uni prolonge celui entamé dans de nombreux autres pays européens, où le voile islamique est devenu le symbole des interrogations sur l'intégration des musulmans.
© EPA
(AFP) France, Allemagne, Pays-Bas, Belgique, Italie, Suède... les pays européens sont confrontés à des degrés divers à la même question, face à des voiles qui se sont faits plus nombreux ces dernières années et sont devenus parfois la marque la plus visible d'une "séparation" des communautés, selon les termes du Premier ministre britannique Tony Blair. "Dans la plupart des pays européens, un débat similaire est en cours", a-t-il récemment souligné, ajoutant que derrière la question du voile se dessinait un débat plus large, "sur la relation entre notre société et comment la communauté musulmane s'y intègre".
Au Royaume-Uni, où les attentats du 7 juillet 2005 ont remis en cause le modèle "multiculturel" cher aux Britanniques, le débat s'est concentré ces derniers jours sur le niqab, tenue islamique pourtant marginale, qui ne laisse voir que les yeux: une institutrice de 24 ans, Aishah Azmi, a été suspendue après avoir refusé de l'enlever en classe. Les prud'hommes locaux ont refusé l'argument qu'elle avait été victime de discrimination, mettant en avant l'intérêt des enfants.
Comme dans d'autres pays européens, le gouvernement a laissé aux autorités locales la responsabilité de la décision. Quelque 1,6 million de musulmans vivent au Royaume-Uni, majoritairement pakistanais et bangladais.
La France, pays européen avec la plus forte proportion de musulmans (environ 5 millions, principalement du Maghreb), est à ce jour l'un des rares à avoir légiféré au niveau national, interdisant en mars 2004 le port de signes religieux ostentatoires à l'école publique, dont le hijab, voile qui laisse l'essentiel du visage dégagé.
Le niqab y reste très minoritaire, mais commence également à susciter un malaise. Un député UMP (droite/majoritaire), Jacques Myard, a ainsi déposé en avril une proposition de loi préconisant deux mois d'emprisonnement et 3.750 euros d'amende en cas de violation du principe selon lequel "toute personne allant et venant sur le territoire de la République doit avoir le visage découvert permettant aisément sa reconnaissance ou son identification". Selon lui, le niqab "est une violation de l'égalité des sexes, un très grave danger pour le vouloir vivre ensemble"
Aux Pays-Bas, où 5,8 pc de la population est musulmane et où les fonctionnaires peuvent porter le voile sauf "si celui-ci interfère avec la sécurité, la fonctionnalité ou l'impartialité", le débat se concentre également désormais sur la burqa (version afghane du niqab), même si elle ne concerne qu'une minorité. Le parlement, il y a un an, a voté pour l'interdire dans les lieux publics, mais la mesure n'est pas encore appliquée, le ministère de la Justice estimant qu'elle est en contradiction avec la loi antidiscrimination.
En Allemagne, où vivent plus de 3,2 millions de musulmans majoritairement turcs, le débat dure aussi depuis plusieurs années. Certains Länder ont changé la loi et d'autres sont en train de légiférer en vue d'interdire de manière plus ou moins stricte les signes religieux à l'école. Ainsi, le Bade-Wurtemberg (sud-ouest) a interdit en avril 2004 aux enseignantes le port du voile à l'école. En revanche, le tribunal administratif de Stuttgart a autorisé en juillet une institutrice convertie à porter le foulard islamique dans une école publique. Dans ce contexte, plusieurs personnalités allemandes d'origine turque ont appelé à la mi-octobre les musulmanes allemandes à abandonner le foulard, pour marquer leur intégration.
En Italie, où vivent environ un million de musulmans, la question du voile a été relancée la semaine dernière par une déclaration du chef du gouvernement Romano Prodi. "Si une femme veut porter le voile, très bien", mais le "bon sens" demande que son visage ne soit pas caché, a-t-il dit. Un récent incident lors d'un débat télévisé a révélé l'extrême sensibilité du sujet. Daniela Santanché, députée Alliance Nationale (droite), a été traitée d'"infidèle" par un imam fondamentaliste, pour avoir avancé que le port du voile n'était pas une prescription du Coran. Cet échange a valu à la députée une protection policière et des manifestations de solidarité de responsables politiques de gauche comme de droite, qui ont tous insisté sur la nécessité pour les musulmans de "s'intégrer".
En Belgique, où les musulmans, pour l'essentiel d'origine marocaine ou turque, représentent 4,5 pc de la population, la question du voile revient aussi régulièrement, mais la réglementation en incombe aux autorités locales. Un petit nombre de communes ont interdit la burqa ou d'autres vêtements masquant entièrement le visage, en se basant sur des règlements de police prévus pour réglementer... le port des masques de carnaval.
Et le débat fait également rage en Turquie, pays musulman à 99 pc mais strictement laïc, où les voiles sont interdits depuis des années dans les universités et la fonction publique. Le pays est profondément divisé sur la question.
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