Alter-MuRAX

Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.
Alter-MuRAX

Mer 8 Mai - 22:37

Le Deal du moment : -21%
LEGO® Icons 10329 Les Plantes Miniatures, ...
Voir le deal
39.59 €

    Histoire. Le Che, le Polisario et nous

    avatar
    RAME16


    Masculin
    Nombre de messages : 2398
    Age : 56
    Date d'inscription : 20/06/2006

    Histoire. Le Che, le Polisario et nous Empty Histoire. Le Che, le Polisario et nous

    Message  RAME16 Mer 21 Nov - 16:05

    Par Mehdi Sekkouri Alaoui
    Histoire. Le Che, le Polisario et nous

    C’est le Che lui-même qui serait
    à l’origine du Polisario. (AFP)
    Un ancien espion cubain, Juan Vivès, raconte dans “El Magnifico”, livre récemment paru, ses années passées aux côtés de Che Guevara et Fidel Castro. Au passage, il évoque les rapports tissés avec leur allié algérien et son futur protégé, le Polisario. Révélations.


    “El Magnifico est son surnom lorsqu'il prend part, aux côtés de Fidel Castro et Che Guevara, à la révolution cubaine. Juan Vivès, de son vrai nom, formé par la suite par le KGB et membre du tristement célèbre G2 (services secrets cubains) nous emmène dans les coulisses du
    régime castriste qu'il a servi durant une vingtaine d'années avant de s'exiler en France en 1979. Ce témoignage (un peu tardif, il faut le reconnaître) apporte des révélations pour le moins surprenantes. Il nous apprend que l'ETA, les FARC et le Polisario sont une création de la Havane, que Castro serait pour beaucoup dans la mort du Che, qu'Arafat était un pion et des cubains et des soviétiques. “Arafat fut filmé, dès son deuxième voyage à la Havane, dans des situations compromettantes avec des membres de son escorte… à partir de ce moment là, on le fit chanter sans arrêt”. Juan Vivès prend également le temps de démonter pièce par pièce, l'image du personnage mythique qu'a été le Che et sa capacité à diriger. L'ouvrage est bondé de détails sur cette période. Seul hic : il repose sur la parole d'un homme. Mais Vivès est conscient de sa radicalité. “Ce livre, je le sais, est une condamnation à mort”. Qu'importe, vu d'ici, ce témoignage est plein d'enseignements, sur la genèse du Polisario en l’occurrence, l'implication de l'Algérie et, subsidiairement, une thèse à propos de l'assassinat de Ben Barka. Extraits.

    Polisario
    Quand nous fûmes arrivés (en 1963) dans les locaux de la présidence, Ben Bella voulût que nous rencontrions des groupes qui étaient en lutte contre le colonialisme espagnol… Le Che prit la question en main et nous nous documentâmes sur cette histoire. La lutte pour l'émancipation du Sahara espagnol durait depuis plus de cent ans, sous des formes diverses. En 1957 et 1958, l'Espagne, la France et le Maroc avaient organisé une opération de répression pour étouffer toute velléité d'indépendance. Cette opération avait reçu le nom de code d'“Ouragan”… Une fois la documentation consultée, nous demandâmes plus de détails au KGB… Le Che décida qu'on les aiderait à former un mouvement de libération à caractère politique qui aurait son siège en Algérie, et le MLS (Mouvement de libération du Sahara) vit le jour… Le Che informa la Havane que les cadres de ce mouvement seraient envoyés à Cuba pour se former aux théories marxistes. La question était de savoir comment concilier tout ça avec la religion musulmane. Le Che nous fit un exposé sur le socialisme arabe de Nasser ; c'est sûr que les contradictions paraissaient évidentes, mais cela n'empêcha pas des centaines de Sahraouis de s'envoler pour Cuba afin d'y recevoir une formation comme cadres politiques, d'autres comme étudiants et même des enfants qui furent arrachés à leurs familles pour faire leur scolarité sur l'île de la jeunesse…
    Fidel comprit que le mouvement politique ne suffisait pas. Des camps d'entraînement militaire s'ouvrirent à partir de cette date (1970) en Algérie, et, entre 1971 et 1972, le MLS changea de nom pour laisser la place au Front Populaire pour la libération de Saguia El Hamra et de Rio de Oro (front polisario)… L'histoire retiendra donc que les deux plus anciennes organisations armées de la planète, l'ETA et le Polisario ont été développées par Cuba et la seconde en particulier par le Che en personne. J'ai moi-même aidé les Sahraouis dès le début, quand leur combat prenait la forme d'un mouvement politique et plus tard aussi dans le cadre de la lutte armée… Aujourd'hui, le Polisario s'est islamisé, et des centaines de membres d'Al-Qaïda ont rejoint ce mouvement après leur défaite en Afghanistan, mais ça c'est une autre histoire.

    Ben Barka
    Je ne peux affirmer précisément si l'assassinat de Ben Barka, futur président de la Tricontinentale, fut ou non une vengeance du Maroc face à l’ingérence de Cuba et de l'Algérie dans ses affaires intérieures. En tout cas, à la suite de cet assassinat, Fidel fut pris d'une de ces colères dont il a seul le secret, et il jura que le Maroc serait une terre de vengeance.

    Bouteflika
    Un après-midi où nous étions occupés à jouer aux dominos, Pépé le Moko (Chameau) passa la tête par une fenêtre et j'eus l'idée de lui fourrer une bouteille de bière dans la bouche. Il la tint avec la langue et quand elle fut vide, il la recracha et il en demanda une autre… Après plusieurs dizaines de bouteilles… il tombait par terre en route et il faisait ses besoins sous lui en poussant des hurlements à faire peur. Si on ne lui donnait pas sa ration de bière tous les jours, tous aux abris. Nous, ça nous faisait rire, mais certains soldats du FLN qui étaient avec nous rapportèrent la chose à leurs supérieurs et on nous envoya à cette époque Bouteflika, qui était le secrétaire de Boumediène. Il arriva à la caserne en nous disant sur un ton indigné que ce que nous faisions était contraire aux préceptes de l'Islam et que c'était un péché impardonnable d'enivrer une créature de Dieu. Comme les autres ne comprenaient rien, ils me demandèrent de faire le traducteur, et quand ils eurent saisi de quoi il retournait, ils envoyèrent Bouteflika au diable en le traitant de “nabot de merde” ! L'affaire remonta jusqu'à Ben Bella !

    Intimité. Le Che vu par Vivès

    Tout le long de la période où je suis resté avec lui, je ne l'ai jamais vu rire avec personne ou faire la moindre plaisanterie… C'était un curieux personnage, d'un abord difficile ; il ne tolérait pas la moindre plaisanterie, et les manquements à la discipline les plus minimes étaient impitoyablement sanctionnés. à cette époque-là, il n'était pas respecté, il était craint...
    Un des paysans qui avaient rejoint la troupe nous demanda si tous les Argentins étaient “dégoûtants et puaient le bouc” autant que lui. Il est vrai que tout le monde allait faire trempette au moins trois fois par semaine dans une source… l'Argentin n'alla s'y baigner qu'une seule fois, à l'arrivée de sa future femme… La nouvelle de la mort du Che ne fut pas surprenante pour tous ceux qui étaient au courant de la situation. Fidel avait purement et simplement abandonné à son sort le groupe de Cubains qui l'accompagnaient, et, par la même occasion, s'est débarrassé de ce problème critique qu'était devenu l'Argentin, dont les apparitions publiques à Cuba et dans n'importe quel autre pays du bloc communiste, devaient être évitées sous peine de graves sanctions économiques de la part de l'URSS.

    http://www.telquel-online.com/197/sujet4.shtml

      La date/heure actuelle est Mer 8 Mai - 22:37

      Ne ratez plus aucun deal !
      Abonnez-vous pour recevoir par notification une sélection des meilleurs deals chaque jour.
      IgnorerAutoriser