Les défilés anti-Poutine sévèrement réprimés
De notre correspondant à Moscou FABRICE NODÉ-LANGLOIS.
Publié le 16 avril 2007
Actualisé le 16 avril 2007 : 07h39
La police antiémeute est intervenue sans ménagement contre les militants qui avaient, samedi, décidé de braver l'interdiction de défiler et de se retrouver place Pouchkine. Deux-cents d'entre eux ont été arrêtés.
DES POLICIERS antiémeute casqués, en treillis bleu, plus nombreux que les manifestants, des coups de matraque, des arrestations musclées. Le scénario moscovite de samedi s'est reproduit hier à Saint-Pétersbourg où le mouvement d'opposition L'Autre Russie avait appelé à une nouvelle manifestation. Edouard Limonov, le leader du parti national-bolchévique, interdit, a été arrêté à l'issue d'affrontements à la fin de la manifestation.
La veille dans la capitale, c'est la figure la plus médiatique de L'Autre Russie, l'ancien champion du monde d'échecs Garry Kasparov qui s'était fait arrêter par la police avec environ 200 personnes. Le joueur d'échecs reconverti dans le combat politique contre le régime de Poutine a été relâché tard dans la soirée de samedi, gratifié d'une amende de 1 000 roubles (29 eur). Coupable de trouble à l'ordre public et d'organisation de manifestation illégale.
Journalistes interpellés
Le défilé des opposants avait été interdit par la justice moscovite. Ils avaient été autorisés à un rassemblement statique place Tourgueniev, dans le centre. Samedi à midi, les manifestants avaient néanmoins décidé de braver l'interdiction et de se retrouver place Pouchkine, 2 kilomètres plus loin. L'accès à la grande place entourée d'immeubles de l'époque soviétique était interdit par des cordons d'Omon, les policiers antiémeute. Certains journalistes russes pouvaient traverser le barrage, pas la presse étrangère, a constaté Le Figaro. Par petits groupes, en ordre dispersé, les manifestants ont tenté en vain de se rassembler. C'est à ce moment que Garry Kasparov et des dizaines d'autres manifestants ont été interpellés. « Le pouvoir fait une démonstration de force », commentait Irina Khakamada, ex-député, candidate à la présidentielle de 2004, également bloquée par les Omon, de l'autre côté de la place. Nerveux, certains policiers s'en sont pris à des photographes, tapant du poing sur les appareils photos. Plusieurs journalistes ont été brièvement interpellés. Dans le vent froid qui semait quelques flocons de neige fondue, les manifestants ont décidé de rallier le lieu de rassemblement autorisé. Le parcours a pris des allures de course-poursuite où les policiers ont appréhendé sans ménagement des jeunes, sympathisants du parti national-bolchévique qui brandissaient le drapeau à la faucille et au marteau noirs sur fond blanc et rouge.
« Peur d'un retour en arrière »
Vers 13 heures, quelques centaines de personnes - certainement moins que les 5 000 à 7 000 espérées -, parquées entre les grilles d'un parc, ont écouté Mikhaïl Kassianov clamer que « le pouvoir a peur des gens libres ». « J'ai décidé hier de manifester, racontait Katia, une artiste quadragénaire, venue avec son mari Alexandre, informaticien, à cause des pressions exercées contre ces opposants. Membre d'aucune organisation, je veux que, dans mon pays, on puisse descendre dans la rue simplement pour dire ce que l'on pense. J'ai peur d'un retour en arrière. »
Pendant ce temps, à l'autre bout de Moscou, quelque dix mille sympathisants de la Jeune garde, selon les médias officiels, manifestaient leur soutien à Vladimir Poutine.
lien
De notre correspondant à Moscou FABRICE NODÉ-LANGLOIS.
Publié le 16 avril 2007
Actualisé le 16 avril 2007 : 07h39
La police antiémeute est intervenue sans ménagement contre les militants qui avaient, samedi, décidé de braver l'interdiction de défiler et de se retrouver place Pouchkine. Deux-cents d'entre eux ont été arrêtés.
DES POLICIERS antiémeute casqués, en treillis bleu, plus nombreux que les manifestants, des coups de matraque, des arrestations musclées. Le scénario moscovite de samedi s'est reproduit hier à Saint-Pétersbourg où le mouvement d'opposition L'Autre Russie avait appelé à une nouvelle manifestation. Edouard Limonov, le leader du parti national-bolchévique, interdit, a été arrêté à l'issue d'affrontements à la fin de la manifestation.
La veille dans la capitale, c'est la figure la plus médiatique de L'Autre Russie, l'ancien champion du monde d'échecs Garry Kasparov qui s'était fait arrêter par la police avec environ 200 personnes. Le joueur d'échecs reconverti dans le combat politique contre le régime de Poutine a été relâché tard dans la soirée de samedi, gratifié d'une amende de 1 000 roubles (29 eur). Coupable de trouble à l'ordre public et d'organisation de manifestation illégale.
Journalistes interpellés
Le défilé des opposants avait été interdit par la justice moscovite. Ils avaient été autorisés à un rassemblement statique place Tourgueniev, dans le centre. Samedi à midi, les manifestants avaient néanmoins décidé de braver l'interdiction et de se retrouver place Pouchkine, 2 kilomètres plus loin. L'accès à la grande place entourée d'immeubles de l'époque soviétique était interdit par des cordons d'Omon, les policiers antiémeute. Certains journalistes russes pouvaient traverser le barrage, pas la presse étrangère, a constaté Le Figaro. Par petits groupes, en ordre dispersé, les manifestants ont tenté en vain de se rassembler. C'est à ce moment que Garry Kasparov et des dizaines d'autres manifestants ont été interpellés. « Le pouvoir fait une démonstration de force », commentait Irina Khakamada, ex-député, candidate à la présidentielle de 2004, également bloquée par les Omon, de l'autre côté de la place. Nerveux, certains policiers s'en sont pris à des photographes, tapant du poing sur les appareils photos. Plusieurs journalistes ont été brièvement interpellés. Dans le vent froid qui semait quelques flocons de neige fondue, les manifestants ont décidé de rallier le lieu de rassemblement autorisé. Le parcours a pris des allures de course-poursuite où les policiers ont appréhendé sans ménagement des jeunes, sympathisants du parti national-bolchévique qui brandissaient le drapeau à la faucille et au marteau noirs sur fond blanc et rouge.
« Peur d'un retour en arrière »
Vers 13 heures, quelques centaines de personnes - certainement moins que les 5 000 à 7 000 espérées -, parquées entre les grilles d'un parc, ont écouté Mikhaïl Kassianov clamer que « le pouvoir a peur des gens libres ». « J'ai décidé hier de manifester, racontait Katia, une artiste quadragénaire, venue avec son mari Alexandre, informaticien, à cause des pressions exercées contre ces opposants. Membre d'aucune organisation, je veux que, dans mon pays, on puisse descendre dans la rue simplement pour dire ce que l'on pense. J'ai peur d'un retour en arrière. »
Pendant ce temps, à l'autre bout de Moscou, quelque dix mille sympathisants de la Jeune garde, selon les médias officiels, manifestaient leur soutien à Vladimir Poutine.
lien
