mardi 27 mars 2007, mis à jour à 16:53
Le sommet arabe de Ryad consacre le leadership saoudien Reuters
En accueillant un sommet de la Ligue arabe centré sur la paix avec Israël dans un contexte moyen-oriental troublé, l'Arabie saoudite assume à son corps défendant son leadership régional à la demande pressante des Etats-Unis.
La capitale saoudienne, qui n'avait accueilli jusque-là qu'un seul sommet arabe - en 1976 -, n'était pas candidate il y a deux mois encore pour accueillir cette réunion car, selon le journal Al Qods al Arabi, "l'Arabie répugne à jouer un rôle directeur".
Mais les dirigeants saoudiens notent avec inquiétude la montée de l'influence - ni arabe ni sunnite - de l'Iran en Irak, au Liban et jusque dans les territoires palestiniens. Tout comme les dirigeants américains qui, selon le journal "se sont tournés vers eux et leur ont dit: 'Vous être nos alliés, aidez-nous'".
Le sommet qui se tient mercredi et jeudi dans la capitale saoudienne est, aux yeux des analystes, une occasion pour les Etats arabes établis de reprendre confiance en eux par le biais de la réactivation du plan arabe de paix.
Adopté au sommet arabe de 2002 à l'instigation de l'Arabie, ce plan offre à Israël la paix et la sécurité en échange de son retrait des territoires conquis en 1967 et de la création d'un Etat palestinien ayant Jérusalem-Est pour capitale.
"IMMENSE DEFI"
Israël, comme les Etats-Unis, avaient négligé cette offre à l'époque, avant d'encourager aujourd'hui l'Arabie à remettre ses propositions sur la table pour tenter de mettre enfin un terme à 60 ans d'un conflit qui est au coeur des tensions régionales.
Les Etats arabes sunnites comme l'Arabie, l'Egypte et la Jordanie, jugés "modérés" par Washington en raison de leur résignation aux règles de bases formulées par l'Occident pour régler le conflit israélo-arabe, semblent plus prêts que jamais à un compromis.
"Mais qui est donc prêt dans le monde arabe à s'engager dans un plan de paix avec Israël au nom de tous?" s'interroge Ahmed Chalane, commentateur du quotidien saoudien Al Hayat.
"Le rôle directeur dans le monde arabe échoit à l'Arabie saoudite, qui ne l'avait certainement pas réclamé (car) ce rôle, qui constitue un immense défi, implique des conséquences énormes", ajoute-t-il.
La diplomatie saoudienne se démène depuis quelques mois pour assurer le succès du sommet, que ce soit sur le dossier central du conflit israélo-palestinien ou sur des dossiers annexes comme les crises internes libanaise et palestinienne.
La ville de Ryad est pavoisée, ripolinée et fleurie pour cette occasion, dont les médias saoudiens vantent l'importance, tandis les slogans proclament: "Bienvenu au pays de la paix et de l'humanité" ou "L'unité derrière une juste cause procure la force".
"PAIX CONTRE RIEN"?
L'analyste arabe Moustafa Alani, basé à Doubaï, juge que les Etats arabes sont en relative position de force pour promouvoir leur plan de paix - qu'ils ont refusé d'édulcorer pour complaire à Israël - car l'Etat juif est affaibli par la guerre du Liban et son allié américain empêtré en Irak.
"Je ne dis pas que les Israéliens sont trop faibles pour ne pas faire de concessions, mais qu'ils ne sont plus assez forts pour imposer un diktat", explique Alani. "Quelle que soit la façon dont on regarde les choses, les Américains ont besoin des Saoudiens maintenant plus que jamais. Sur le Liban, les Palestiniens, en Irak ou pour contrer l'influence iranienne on ne peut se passer d'eux."
La pétromonarchie wahhabite, longtemps méprisée par les régimes nationalistes ou islamistes arabes pour sa servilité envers les Etats-Unis, a survécu à l'Egypte de Gamal Abdel-Nasser, à la Syrie de Hafez al Assad et à l'Irak de Saddam Hussein.
Elle est aujourd'hui vouée à sortir de l'ombre et de la discrétion pour tenter de conduire à bon port une initiative de paix décisive avec l'ancien ennemi juré juif, mais sera-t-elle capable d'obtenir pour les Palestiniens le minimum indispensable à l'extinction d'un conflit historique?
Pour le politologue libanais Assad Abou Khalil, basé aux Etats-Unis, rien n'est moins sûr. Selon lui, Washington va utiliser le sommet de Ryad pour imposer l'Arabie saoudite comme le "caporal" des régimes arabes.
"Au lieu d'un accord paix contre territoires, on aura la paix contre rien ou rien contre la paix", anticipe-t-il.
Et les leaders arabes prêts à céder à n'importe quel prix aux "exigences et conditions" américaines ne pourront plus sortir "en toute sécurité dans les rues de leurs propres capitales", prédit-il.
http://www.lexpress.fr/info/infojour/reuters.asp?id=40583&1706
Le sommet arabe de Ryad consacre le leadership saoudien Reuters
En accueillant un sommet de la Ligue arabe centré sur la paix avec Israël dans un contexte moyen-oriental troublé, l'Arabie saoudite assume à son corps défendant son leadership régional à la demande pressante des Etats-Unis.
La capitale saoudienne, qui n'avait accueilli jusque-là qu'un seul sommet arabe - en 1976 -, n'était pas candidate il y a deux mois encore pour accueillir cette réunion car, selon le journal Al Qods al Arabi, "l'Arabie répugne à jouer un rôle directeur".
Mais les dirigeants saoudiens notent avec inquiétude la montée de l'influence - ni arabe ni sunnite - de l'Iran en Irak, au Liban et jusque dans les territoires palestiniens. Tout comme les dirigeants américains qui, selon le journal "se sont tournés vers eux et leur ont dit: 'Vous être nos alliés, aidez-nous'".
Le sommet qui se tient mercredi et jeudi dans la capitale saoudienne est, aux yeux des analystes, une occasion pour les Etats arabes établis de reprendre confiance en eux par le biais de la réactivation du plan arabe de paix.
Adopté au sommet arabe de 2002 à l'instigation de l'Arabie, ce plan offre à Israël la paix et la sécurité en échange de son retrait des territoires conquis en 1967 et de la création d'un Etat palestinien ayant Jérusalem-Est pour capitale.
"IMMENSE DEFI"
Israël, comme les Etats-Unis, avaient négligé cette offre à l'époque, avant d'encourager aujourd'hui l'Arabie à remettre ses propositions sur la table pour tenter de mettre enfin un terme à 60 ans d'un conflit qui est au coeur des tensions régionales.
Les Etats arabes sunnites comme l'Arabie, l'Egypte et la Jordanie, jugés "modérés" par Washington en raison de leur résignation aux règles de bases formulées par l'Occident pour régler le conflit israélo-arabe, semblent plus prêts que jamais à un compromis.
"Mais qui est donc prêt dans le monde arabe à s'engager dans un plan de paix avec Israël au nom de tous?" s'interroge Ahmed Chalane, commentateur du quotidien saoudien Al Hayat.
"Le rôle directeur dans le monde arabe échoit à l'Arabie saoudite, qui ne l'avait certainement pas réclamé (car) ce rôle, qui constitue un immense défi, implique des conséquences énormes", ajoute-t-il.
La diplomatie saoudienne se démène depuis quelques mois pour assurer le succès du sommet, que ce soit sur le dossier central du conflit israélo-palestinien ou sur des dossiers annexes comme les crises internes libanaise et palestinienne.
La ville de Ryad est pavoisée, ripolinée et fleurie pour cette occasion, dont les médias saoudiens vantent l'importance, tandis les slogans proclament: "Bienvenu au pays de la paix et de l'humanité" ou "L'unité derrière une juste cause procure la force".
"PAIX CONTRE RIEN"?
L'analyste arabe Moustafa Alani, basé à Doubaï, juge que les Etats arabes sont en relative position de force pour promouvoir leur plan de paix - qu'ils ont refusé d'édulcorer pour complaire à Israël - car l'Etat juif est affaibli par la guerre du Liban et son allié américain empêtré en Irak.
"Je ne dis pas que les Israéliens sont trop faibles pour ne pas faire de concessions, mais qu'ils ne sont plus assez forts pour imposer un diktat", explique Alani. "Quelle que soit la façon dont on regarde les choses, les Américains ont besoin des Saoudiens maintenant plus que jamais. Sur le Liban, les Palestiniens, en Irak ou pour contrer l'influence iranienne on ne peut se passer d'eux."
La pétromonarchie wahhabite, longtemps méprisée par les régimes nationalistes ou islamistes arabes pour sa servilité envers les Etats-Unis, a survécu à l'Egypte de Gamal Abdel-Nasser, à la Syrie de Hafez al Assad et à l'Irak de Saddam Hussein.
Elle est aujourd'hui vouée à sortir de l'ombre et de la discrétion pour tenter de conduire à bon port une initiative de paix décisive avec l'ancien ennemi juré juif, mais sera-t-elle capable d'obtenir pour les Palestiniens le minimum indispensable à l'extinction d'un conflit historique?
Pour le politologue libanais Assad Abou Khalil, basé aux Etats-Unis, rien n'est moins sûr. Selon lui, Washington va utiliser le sommet de Ryad pour imposer l'Arabie saoudite comme le "caporal" des régimes arabes.
"Au lieu d'un accord paix contre territoires, on aura la paix contre rien ou rien contre la paix", anticipe-t-il.
Et les leaders arabes prêts à céder à n'importe quel prix aux "exigences et conditions" américaines ne pourront plus sortir "en toute sécurité dans les rues de leurs propres capitales", prédit-il.
http://www.lexpress.fr/info/infojour/reuters.asp?id=40583&1706