jeudi 8 mars 2007, mis à jour à 21:04
Compromis européen en vue sur les énergies renouvelables Reuters
Le bras de fer franco-allemand sur l'arbitrage entre énergies renouvelables et nucléaire a cédé la place jeudi à une volonté de compromis pour rendre possible un accord européen sur la lutte contre le réchauffement climatique.
Jacques Chirac a accepté dans son intervention devant les Vingt-Sept de fixer un objectif contraignant de 20% d'énergies renouvelables en 2020, le but recherché par Angela Merkel, pour peu qu'au niveau national on tienne compte du nucléaire.
"J'approuve la fixation d'un objectif contraignant européen pour les énergies renouvelables", a-t-il déclaré en rappelant que la France était le premier producteur européen de ces énergies, même si, en pourcentage, elle est loin du Danemark.
Le président français a admis qu'il aurait préféré fixer un objectif global "plus cohérent" pour les énergies "faiblement carbonées" produisant peu de CO2, ce qui inclut le nucléaire et les énergies comme la biomasse, le solaire ou l'éolien.
Mais il est prêt à accepter l'objectif contraignant à certaines conditions.
"A tout le moins, la répartition de l'effort sur les renouvelables doit tenir compte de la place des autres énergies faiblement carbonées - nucléaire et charbon propre - dans nos choix énergétiques nationaux", a-t-il ajouté.
L'énergie nucléaire représente 70% de la production d'électricité française et constitue un choix stratégique.
La Commission européenne a abondé dans le même sens.
"MONTRER LA VOIE"
"Quand nous disons 20%, cela ne signifie pas 20% pour chaque pays", a expliqué son président José Manuel Barroso. "Chaque pays est différent, tous les pays ont des points de départ différents, des conditions différentes."
Il reste à savoir si cette concession sera acceptable par les alliés de la France, essentiellement des pays de l'Est qui voudraient éviter de se voir imposer un objectif contraignant en matière d'énergie renouvelable, qui coûte cher.
Les autres pays, Allemagne en tête, devront également accepter de différencier la situation selon les pays et de reconnaître indirectement l'importance du nucléaire, alors que jusqu'à présent ils voulaient partager le fardeau équitablement.
Angela Merkel, qui préside pour l'instant l'UE, voulait cet objectif contraignant afin d'inciter les industriels à produire en masse des équipements pour réduire le coût de production.
"L'Europe voudrait montrer la voie, parce que nous pensons qu'avec la technologie et l'innovation nous pouvons aussi créer de l'emploi, des emplois modernes", a-t-elle expliqué.
Les diplomates soulignent toutefois que les choses paraissent bien engagées, puisque Merkel et ses alliés obtiennent le caractère obligatoire au niveau européen.
Un accord permettrait de couronner les acquis déjà nombreux de la négociation entérinés ces dernières semaines.
L'UE se fixera pour objectif de réduire de 20% au moins en 2020 par rapport à son niveau de 1990 la production de gaz à effet de serre responsables du réchauffement climatique. Elle ira jusqu'à 30% si les pays industrialisés font de même.
Elle rendra également obligatoire à cet horizon l'incorporation d'au moins 10% de biocarburants dans les carburants utilisés par les automobiles.
DISCUSSIONS INSTITUTIONNELLES
Pour le Premier ministre luxembourgeois Jean-Claude Juncker, l'Union européenne doit se montrer ambitieuse pour convaincre les Etats-Unis, principaux pollueurs du monde, et la Chine, qui les suit, à prendre le réchauffement climatique au sérieux.
"Si l'Europe prend les devants, d'autres, comme les Etats-Unis, la Chine et l'Inde n'auront d'autre choix dans le moyen terme que de rejoindre le mouvement", a-t-il expliqué.
Sur le dossier des institutions, des divergences de vues devraient émerger lors du dîner, où se déroulera une première discussion sur la "déclaration de Berlin" qui doit être adoptée les 24 et 25 mars par les chefs d'Etat et de gouvernement de l'UE.
Le fait que Merkel éprouve des difficultés pour formuler un texte qui puisse satisfaire tous les pays illustre l'ampleur du défi qui attend les partisans d'une relance constitutionnelle après les "non" français et néerlandais.
La déclaration, qui sera adoptée à l'occasion du 50e anniversaire du traité de Rome, n'est pourtant longue que de deux pages et n'esquisse que quelques orientations.
Mais les Français ne veulent pas par exemple que l'on mentionne la poursuite de l'élargissement comme un objectif de l'Union, alors que les Britanniques y tiennent beaucoup.
Des responsables allemands ont confirmé que le terme "Constitution", qu'ils se disent prêts à abandonner depuis plus d'un an, ne figurerait pas dans la déclaration, Londres, Prague et Varsovie ne se sentant plus liés par leur signature depuis les "non" de la France et des Pays-Bas, qui restent hésitants.
C'est sur cette base que Merkel devra présenter lors du Conseil européen de juin une "feuille de route" afin de trouver une solution à l'impasse avant la fin de 2008.
http://www.lexpress.fr/info/infojour/reuters.asp?id=39116&2108
Compromis européen en vue sur les énergies renouvelables Reuters
Le bras de fer franco-allemand sur l'arbitrage entre énergies renouvelables et nucléaire a cédé la place jeudi à une volonté de compromis pour rendre possible un accord européen sur la lutte contre le réchauffement climatique.
Jacques Chirac a accepté dans son intervention devant les Vingt-Sept de fixer un objectif contraignant de 20% d'énergies renouvelables en 2020, le but recherché par Angela Merkel, pour peu qu'au niveau national on tienne compte du nucléaire.
"J'approuve la fixation d'un objectif contraignant européen pour les énergies renouvelables", a-t-il déclaré en rappelant que la France était le premier producteur européen de ces énergies, même si, en pourcentage, elle est loin du Danemark.
Le président français a admis qu'il aurait préféré fixer un objectif global "plus cohérent" pour les énergies "faiblement carbonées" produisant peu de CO2, ce qui inclut le nucléaire et les énergies comme la biomasse, le solaire ou l'éolien.
Mais il est prêt à accepter l'objectif contraignant à certaines conditions.
"A tout le moins, la répartition de l'effort sur les renouvelables doit tenir compte de la place des autres énergies faiblement carbonées - nucléaire et charbon propre - dans nos choix énergétiques nationaux", a-t-il ajouté.
L'énergie nucléaire représente 70% de la production d'électricité française et constitue un choix stratégique.
La Commission européenne a abondé dans le même sens.
"MONTRER LA VOIE"
"Quand nous disons 20%, cela ne signifie pas 20% pour chaque pays", a expliqué son président José Manuel Barroso. "Chaque pays est différent, tous les pays ont des points de départ différents, des conditions différentes."
Il reste à savoir si cette concession sera acceptable par les alliés de la France, essentiellement des pays de l'Est qui voudraient éviter de se voir imposer un objectif contraignant en matière d'énergie renouvelable, qui coûte cher.
Les autres pays, Allemagne en tête, devront également accepter de différencier la situation selon les pays et de reconnaître indirectement l'importance du nucléaire, alors que jusqu'à présent ils voulaient partager le fardeau équitablement.
Angela Merkel, qui préside pour l'instant l'UE, voulait cet objectif contraignant afin d'inciter les industriels à produire en masse des équipements pour réduire le coût de production.
"L'Europe voudrait montrer la voie, parce que nous pensons qu'avec la technologie et l'innovation nous pouvons aussi créer de l'emploi, des emplois modernes", a-t-elle expliqué.
Les diplomates soulignent toutefois que les choses paraissent bien engagées, puisque Merkel et ses alliés obtiennent le caractère obligatoire au niveau européen.
Un accord permettrait de couronner les acquis déjà nombreux de la négociation entérinés ces dernières semaines.
L'UE se fixera pour objectif de réduire de 20% au moins en 2020 par rapport à son niveau de 1990 la production de gaz à effet de serre responsables du réchauffement climatique. Elle ira jusqu'à 30% si les pays industrialisés font de même.
Elle rendra également obligatoire à cet horizon l'incorporation d'au moins 10% de biocarburants dans les carburants utilisés par les automobiles.
DISCUSSIONS INSTITUTIONNELLES
Pour le Premier ministre luxembourgeois Jean-Claude Juncker, l'Union européenne doit se montrer ambitieuse pour convaincre les Etats-Unis, principaux pollueurs du monde, et la Chine, qui les suit, à prendre le réchauffement climatique au sérieux.
"Si l'Europe prend les devants, d'autres, comme les Etats-Unis, la Chine et l'Inde n'auront d'autre choix dans le moyen terme que de rejoindre le mouvement", a-t-il expliqué.
Sur le dossier des institutions, des divergences de vues devraient émerger lors du dîner, où se déroulera une première discussion sur la "déclaration de Berlin" qui doit être adoptée les 24 et 25 mars par les chefs d'Etat et de gouvernement de l'UE.
Le fait que Merkel éprouve des difficultés pour formuler un texte qui puisse satisfaire tous les pays illustre l'ampleur du défi qui attend les partisans d'une relance constitutionnelle après les "non" français et néerlandais.
La déclaration, qui sera adoptée à l'occasion du 50e anniversaire du traité de Rome, n'est pourtant longue que de deux pages et n'esquisse que quelques orientations.
Mais les Français ne veulent pas par exemple que l'on mentionne la poursuite de l'élargissement comme un objectif de l'Union, alors que les Britanniques y tiennent beaucoup.
Des responsables allemands ont confirmé que le terme "Constitution", qu'ils se disent prêts à abandonner depuis plus d'un an, ne figurerait pas dans la déclaration, Londres, Prague et Varsovie ne se sentant plus liés par leur signature depuis les "non" de la France et des Pays-Bas, qui restent hésitants.
C'est sur cette base que Merkel devra présenter lors du Conseil européen de juin une "feuille de route" afin de trouver une solution à l'impasse avant la fin de 2008.
http://www.lexpress.fr/info/infojour/reuters.asp?id=39116&2108