Bush part à la reconquête de l’Amérique latine
DIPLOMATIE Le président républicain en voyage dans le cône Sud pour resserrer les liens et isoler Hugo Chavez.
BERNARD BRIDEL
Publié le 08 mars 2007
En entrant à la Maison-Blanche en janvier 2001, George Bush junior s'était donné pour priorité en politique étrangère de renforcer les liens avec l'Amérique latine. Normal pour ce républicain du Texas, capable d'échanger quelques mots en espagnol avec son ami et homologue mexicain de l'époque, Vicente Fox.
Malheureusement ou heureusement pour l'Amérique latine – c'est selon – le grand rapprochement promis n'a pas eu lieu, balayé par les attentats du 11 septembre 2001 et la priorité absolue donnée par l'administration républicaine à la guerre contre le terrorisme et à l'invasion de l'Irak.
Six ans plus tard, et alors qu'il lui reste moins de deux ans aux affaires, George Bush entame aujourd'hui un périple d'une semaine dans cinq pays du cône sud soigneusement choisis. Objectif: tenter de resserrer des liens politiques et économiques bien distendus durant ces dernières années, mais surtout isoler la nouvelle bête noire de Washington: Hugo Chavez. Il faut dire qu'à coup de pétrodollars et de programmes sociaux, le président vénézuélien a fait de nombreux émules dans l'ex-pré carré de l'oncle Sam, où une majorité de pays est désormais gouvernée à gauche.
Face-à-face avec Chavez
Le périple sud-américain du président nord-américain devrait d'ailleurs se transformer à deux reprises en «confrontation» presque directe entre Bush et le «fils spirituel» de Fidel Castro. En effet, Hugo Chavez est attendu à Buenos Aires le jour même où George Bush sera reçu de l'autre côté du Rio de la Plata, à Montevideo. De même, il mènera la contestation de Bolivie quand Bush sera en Colombie voisine.
Si l'on attend de Bush qu'il redise aux dirigeants du sud que leur intérêt est dans la démocratie, le libre-échange et la coopération avec les Etats-Unis et non dans les «fausses promesses» d'Hugo Chavez, «force est de constater que cela vient bien tard, et que le président actuel n'est peut-être pas la meilleure personne pour renouer les liens», commente Nicole Bacharan, politologue et grande spécialiste des Etats-Unis. «Cela dit, poursuit-elle, on a conscience à Washington qu'on a trop longtemps négligé l'Amérique latine et qu'on ne peut pas attendre l'arrivée d'un nouveau président à la Maison-Blanche pour inverser la vapeur». «Le problème, poursuit Nicole Bacharan, c'est que l'image des Etats-Unis est très mauvaise en Amérique latine et est souvent associée à la misère et à la pauvreté. Par ailleurs, même s'il a doublé l'aide au cône sud durant sa présidence, Bush l'a surtout consacrée à la coopération militaire et à la lutte contre le trafic de drogue. D'où les grandes attentes soulevées par sa visite au cours de laquelle il devrait annoncer l'augmentation de l'aide de Washington aux programmes sociaux et d'aide à la jeunesse.
Quel que soit l'accueil que recevra Bush durant son périple, «la grande nouveauté, conclut Nicole Bacharan, tient au fait que les Etats-Unis semblent désormais respecter sincèrement les processus démocratiques engagés en Amérique latine. L'époque où Washington et la CIA fomentaient des coups d'Etats semble bien révolue».
Nicole Bacharan, Pourquoi nous avons besoin des Américains, Seuil, mars 2007.
http://www.24heures.ch/vqhome/le_journal/monde/bush_080307.edition=rc.html
DIPLOMATIE Le président républicain en voyage dans le cône Sud pour resserrer les liens et isoler Hugo Chavez.
BERNARD BRIDEL
Publié le 08 mars 2007
En entrant à la Maison-Blanche en janvier 2001, George Bush junior s'était donné pour priorité en politique étrangère de renforcer les liens avec l'Amérique latine. Normal pour ce républicain du Texas, capable d'échanger quelques mots en espagnol avec son ami et homologue mexicain de l'époque, Vicente Fox.
Malheureusement ou heureusement pour l'Amérique latine – c'est selon – le grand rapprochement promis n'a pas eu lieu, balayé par les attentats du 11 septembre 2001 et la priorité absolue donnée par l'administration républicaine à la guerre contre le terrorisme et à l'invasion de l'Irak.
Six ans plus tard, et alors qu'il lui reste moins de deux ans aux affaires, George Bush entame aujourd'hui un périple d'une semaine dans cinq pays du cône sud soigneusement choisis. Objectif: tenter de resserrer des liens politiques et économiques bien distendus durant ces dernières années, mais surtout isoler la nouvelle bête noire de Washington: Hugo Chavez. Il faut dire qu'à coup de pétrodollars et de programmes sociaux, le président vénézuélien a fait de nombreux émules dans l'ex-pré carré de l'oncle Sam, où une majorité de pays est désormais gouvernée à gauche.
Face-à-face avec Chavez
Le périple sud-américain du président nord-américain devrait d'ailleurs se transformer à deux reprises en «confrontation» presque directe entre Bush et le «fils spirituel» de Fidel Castro. En effet, Hugo Chavez est attendu à Buenos Aires le jour même où George Bush sera reçu de l'autre côté du Rio de la Plata, à Montevideo. De même, il mènera la contestation de Bolivie quand Bush sera en Colombie voisine.
Si l'on attend de Bush qu'il redise aux dirigeants du sud que leur intérêt est dans la démocratie, le libre-échange et la coopération avec les Etats-Unis et non dans les «fausses promesses» d'Hugo Chavez, «force est de constater que cela vient bien tard, et que le président actuel n'est peut-être pas la meilleure personne pour renouer les liens», commente Nicole Bacharan, politologue et grande spécialiste des Etats-Unis. «Cela dit, poursuit-elle, on a conscience à Washington qu'on a trop longtemps négligé l'Amérique latine et qu'on ne peut pas attendre l'arrivée d'un nouveau président à la Maison-Blanche pour inverser la vapeur». «Le problème, poursuit Nicole Bacharan, c'est que l'image des Etats-Unis est très mauvaise en Amérique latine et est souvent associée à la misère et à la pauvreté. Par ailleurs, même s'il a doublé l'aide au cône sud durant sa présidence, Bush l'a surtout consacrée à la coopération militaire et à la lutte contre le trafic de drogue. D'où les grandes attentes soulevées par sa visite au cours de laquelle il devrait annoncer l'augmentation de l'aide de Washington aux programmes sociaux et d'aide à la jeunesse.
Quel que soit l'accueil que recevra Bush durant son périple, «la grande nouveauté, conclut Nicole Bacharan, tient au fait que les Etats-Unis semblent désormais respecter sincèrement les processus démocratiques engagés en Amérique latine. L'époque où Washington et la CIA fomentaient des coups d'Etats semble bien révolue».
Nicole Bacharan, Pourquoi nous avons besoin des Américains, Seuil, mars 2007.
http://www.24heures.ch/vqhome/le_journal/monde/bush_080307.edition=rc.html
