ISRAËL-SYRIE • Un plan secret pour un accord de paix
C'est un scoop du journal israélien Ha'Aretz : des pourparlers israélo-syriens ont eu lieu de 2004 à 2006 en Europe, traçant les grandes lignes d'un futur accord de paix. Des révélations aussitôt démenties par Damas et Tel-Aviv.
AFP
"Entre septembre 2004 et juillet 2006, des rencontres secrètes ont eu lieu en Europe entre des Israéliens et des Syriens qui ont élaboré les grandes lignes d'un futur accord de paix syro-israélien", révèle Ha'Aretz. Le
quotidien israélien publie en exclusivité le document secret "dont l'objectif est d'établir des relations normales et pacifiées entre les gouvernements et les peuples d'Israël et de Syrie, et de signer un accord de paix témoignant de ce résultat. L'accord apportera une solution à quatre points essentiels, éléments piliers des négociations : la sécurité, l'eau, la normalisation des relations et les frontières. Il n'y aura pas d'accord isolé sur un de ces quatre points, mais sur l'ensemble de toutes ces questions."
Selon ce document, "le tracé des frontières, passant par le plateau du Golan, est basé sur celui du 4 juin 1967 et sera garanti par les Etats-Unis et les Nations unies". L'exploitation des eaux du Jourdain et du lac de Tibériade est largement abordée. Toujours selon ce document, "une zone démilitarisée sera établie sur le plateau du Golan après l'évacuation des forces israéliennes". Par ailleurs, "les protagonistes œuvreront ensemble pour un Moyen-Orient stable et sécurisé apportant des solutions aux problèmes régionaux liés aux Palestiniens, aux Libanais et à l'Iran".
Ha'Aretz précise que "la Syrie avait demandé que le retrait israélien soit fait en cinq ans, mais Israël a demandé qu'il soit étalé sur une période de quinze ans". Dans le cadre de ces accords, la Syrie "mettra un terme à son soutien au Hezbollah et au Hamas et prendra ses distances à l'égard de l'Iran".
"Tout a commencé il y a trois ans", explique Ha'Aretz. "En janvier 2004, le président syrien Bachar El-Assad s'est rendu en Turquie pour une visite qualifiée d'historique. Le hasard a voulu qu'un diplomate israélien, Alon Liel, ancien ambassadeur israélien à Ankara, se trouvât à Istanbul au même moment et dans le même hôtel que la délégation syrienne. Ses amis du ministère des Affaires étrangères turc lui ont fait comprendre qu'Israël occupait une partie importante des entretiens qui se déroulaient entre Assad et le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan."
Par la suite, Liel a compris qu'"Assad a demandé à Erdogan de profiter des bonnes relations qui existent entre la Turquie et Israël pour débloquer les négociations avec Israël". Damas souhaitait relancer le processus de paix "pour contrer l'islam radical qui menace la Syrie", souligne Ha'Aretz. Les Syriens étaient également conscients des gains économiques qu'ils pourraient récolter grâce à la signature d'un accord de paix.
Le rôle de la Turquie n'a pas été très important par la suite, mais l'idée a fait son chemin et des médiateurs américains ont été impliqués dans l'affaire. Ha'Aretz cite Geoffrey Aronson, de la Fondation pour la paix au Moyen-Orient basée à Washington, et Ibrahim Suleiman un homme d'affaires américain d'origine syrienne et issu de la communauté alaouite à l'instar de la famille El-Assad et des ténors qui détiennent le pouvoir à Damas.
"A partir de l'automne 2004, sept rencontres ont eu lieu dans une capitale européenne", précise Ha'Aretz. C'est donc une médiation européenne qui a pris la relève. La dernière rencontre s'est déroulée "durant l'été 2006, en plein milieu de la guerre du Liban". La série de rencontres a pris fin sur un désaccord : "Les Syriens souhaitaient poursuivre les pourparlers, toujours secrètement mais à un niveau officiel impliquant des responsables syriens, israéliens et américains. Une demande qui a été rejetée par Israël."
Yediot Aharonot pour sa part relate qu'"un député arabe israélien, Jamal Zahalka, qui s'est rendu à Damas il y a quatre mois, affirme que les Syriens sont convaincus que tant que George W. Bush sera le président des Etats-Unis, il n'y aura pas de progrès dans les relations entre Israël et Damas".
Les révélations de Ha'Aretz ont été fermement démenties par les autorités syriennes, et le quotidien israélien rapporte les déclarations du ministère des Affaires étrangères syrien qui a qualifié ces informations de "non-sens, infondées et complètement fausses".
Même démenti du côté israélien : "Il n'y a pas eu de pourparlers secrets entre Israël et la Syrie", écrit le Jerusalem Post, en citant plusieurs anciens ministres et hauts responsables du gouvernement d'Ariel Sharon, Premier ministre en 2004. "Il est possible qu'un groupe de personnes se soit rencontré et ait discuté au sujet d'un document. Mais à la question de savoir si, durant le mandat de Sharon, le bureau du Premier ministre a officiellement approuvé ces rencontres ou tout autre procédure similaire, la réponse est non", poursuit le journal en citant Dov Weisglass, un ancien conseiller de Sharon.
Mais Ha'Aretz affirme de son côté que les collaborateurs d'Ariel Sharon étaient pleinement informés par Alon Liel de l'avancement des négociations.
Hoda Saliby
http://www.courrierinternational.com/article.asp?obj_id=69900
C'est un scoop du journal israélien Ha'Aretz : des pourparlers israélo-syriens ont eu lieu de 2004 à 2006 en Europe, traçant les grandes lignes d'un futur accord de paix. Des révélations aussitôt démenties par Damas et Tel-Aviv.
AFP
"Entre septembre 2004 et juillet 2006, des rencontres secrètes ont eu lieu en Europe entre des Israéliens et des Syriens qui ont élaboré les grandes lignes d'un futur accord de paix syro-israélien", révèle Ha'Aretz. Le
quotidien israélien publie en exclusivité le document secret "dont l'objectif est d'établir des relations normales et pacifiées entre les gouvernements et les peuples d'Israël et de Syrie, et de signer un accord de paix témoignant de ce résultat. L'accord apportera une solution à quatre points essentiels, éléments piliers des négociations : la sécurité, l'eau, la normalisation des relations et les frontières. Il n'y aura pas d'accord isolé sur un de ces quatre points, mais sur l'ensemble de toutes ces questions."
Selon ce document, "le tracé des frontières, passant par le plateau du Golan, est basé sur celui du 4 juin 1967 et sera garanti par les Etats-Unis et les Nations unies". L'exploitation des eaux du Jourdain et du lac de Tibériade est largement abordée. Toujours selon ce document, "une zone démilitarisée sera établie sur le plateau du Golan après l'évacuation des forces israéliennes". Par ailleurs, "les protagonistes œuvreront ensemble pour un Moyen-Orient stable et sécurisé apportant des solutions aux problèmes régionaux liés aux Palestiniens, aux Libanais et à l'Iran".
Ha'Aretz précise que "la Syrie avait demandé que le retrait israélien soit fait en cinq ans, mais Israël a demandé qu'il soit étalé sur une période de quinze ans". Dans le cadre de ces accords, la Syrie "mettra un terme à son soutien au Hezbollah et au Hamas et prendra ses distances à l'égard de l'Iran".
"Tout a commencé il y a trois ans", explique Ha'Aretz. "En janvier 2004, le président syrien Bachar El-Assad s'est rendu en Turquie pour une visite qualifiée d'historique. Le hasard a voulu qu'un diplomate israélien, Alon Liel, ancien ambassadeur israélien à Ankara, se trouvât à Istanbul au même moment et dans le même hôtel que la délégation syrienne. Ses amis du ministère des Affaires étrangères turc lui ont fait comprendre qu'Israël occupait une partie importante des entretiens qui se déroulaient entre Assad et le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan."
Par la suite, Liel a compris qu'"Assad a demandé à Erdogan de profiter des bonnes relations qui existent entre la Turquie et Israël pour débloquer les négociations avec Israël". Damas souhaitait relancer le processus de paix "pour contrer l'islam radical qui menace la Syrie", souligne Ha'Aretz. Les Syriens étaient également conscients des gains économiques qu'ils pourraient récolter grâce à la signature d'un accord de paix.
Le rôle de la Turquie n'a pas été très important par la suite, mais l'idée a fait son chemin et des médiateurs américains ont été impliqués dans l'affaire. Ha'Aretz cite Geoffrey Aronson, de la Fondation pour la paix au Moyen-Orient basée à Washington, et Ibrahim Suleiman un homme d'affaires américain d'origine syrienne et issu de la communauté alaouite à l'instar de la famille El-Assad et des ténors qui détiennent le pouvoir à Damas.
"A partir de l'automne 2004, sept rencontres ont eu lieu dans une capitale européenne", précise Ha'Aretz. C'est donc une médiation européenne qui a pris la relève. La dernière rencontre s'est déroulée "durant l'été 2006, en plein milieu de la guerre du Liban". La série de rencontres a pris fin sur un désaccord : "Les Syriens souhaitaient poursuivre les pourparlers, toujours secrètement mais à un niveau officiel impliquant des responsables syriens, israéliens et américains. Une demande qui a été rejetée par Israël."
Yediot Aharonot pour sa part relate qu'"un député arabe israélien, Jamal Zahalka, qui s'est rendu à Damas il y a quatre mois, affirme que les Syriens sont convaincus que tant que George W. Bush sera le président des Etats-Unis, il n'y aura pas de progrès dans les relations entre Israël et Damas".
Les révélations de Ha'Aretz ont été fermement démenties par les autorités syriennes, et le quotidien israélien rapporte les déclarations du ministère des Affaires étrangères syrien qui a qualifié ces informations de "non-sens, infondées et complètement fausses".
Même démenti du côté israélien : "Il n'y a pas eu de pourparlers secrets entre Israël et la Syrie", écrit le Jerusalem Post, en citant plusieurs anciens ministres et hauts responsables du gouvernement d'Ariel Sharon, Premier ministre en 2004. "Il est possible qu'un groupe de personnes se soit rencontré et ait discuté au sujet d'un document. Mais à la question de savoir si, durant le mandat de Sharon, le bureau du Premier ministre a officiellement approuvé ces rencontres ou tout autre procédure similaire, la réponse est non", poursuit le journal en citant Dov Weisglass, un ancien conseiller de Sharon.
Mais Ha'Aretz affirme de son côté que les collaborateurs d'Ariel Sharon étaient pleinement informés par Alon Liel de l'avancement des négociations.
Hoda Saliby
http://www.courrierinternational.com/article.asp?obj_id=69900
