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    Message  Krill Ven 5 Jan - 15:15

    Wikipedia : une encyclopédie sur le Net
    LE MONDE | 02.01.07

    Côte ouest de la Floride, à l'orée de l'an 2000. Jimmy Wales, 34 ans, mène une vie trépidante de courtier en Bourse et de patron du site Bomis.com, moteur de recherche qui héberge des contenus de divertissement, dont des photos érotiques.

    Mais il a envie de créer l'encyclopédie du nouveau millénaire, sur Internet : "J'étais impressionné par le mouvement du "logiciel libre" fondé sur le bénévolat, l'entraide et le partage des connaissances, qui a produit les meilleurs logiciels du monde. Je voulais étendre ce concept au-delà de l'informatique, et créer une encyclopédie générale, gratuite et ouverte à tous, produite collectivement par les internautes intéressés."

    Jimmy Wales pose des principes "non négociables" : obligation de rédiger les articles en respectant la règle de la "neutralité de point de vue" pour éliminer les textes militants ou tendancieux. Nupedia, son projet, séduit deux programmeurs ; il embauche un rédacteur en chef, Larry Sanger, 31 ans, docteur en philosophie. L'encyclopédie est hébergée sur les serveurs de Bomis. Un an plus tard, Nupedia n'a toujours pas décollé.

    Les internautes qui envoient des contributions sont rares, le processus de validation des textes par des groupes d'experts lent et complexe. Wales et Sanger créent donc un second site fonctionnant grâce à un nouveau logiciel librement disponible et en vogue sur le Net, le Wiki ("vite", en hawaïen). Contrairement aux sites classiques, un Wiki peut être modifié à tout moment et à volonté par ses visiteurs : l'outil idéal pour le travail en commun.

    Le succès de ce site baptisé Wikipedia, est immédiat : des milliers d'équipes se mettent à rédiger collectivement des articles sur tous les sujets, des plus sérieux aux plus futiles. Les textes sont corrigés, réécrits ou enrichis en permanence par des bénévoles enthousiastes. Les frictions entre auteurs sont innombrables, les conflits incessants, mais l'encyclopédie prend forme. Des versions en langues étrangères naissent sur tous les continents.

    En 2002, Nupedia est abandonnée au profit de Wikipedia, que Jimmy Wales qualifie fièrement de "bazar absolu".

    Larry Sanger, fidèle au principe d'une encyclopédie classique pilotée par des spécialistes reconnus, quitte le projet, et lance plusieurs sites rivalisant avec Wikipedia. Sans succès à ce jour.

    Un an plus tard, le serveur de Bomis ne suffit plus à gérer le trafic de Wikipedia, qui se dote de serveurs dédiés, donc coûteux. Jimmy Wales en appelle aux internautes : pour que le projet reste gratuit et indépendant, il faut qu'ils lui adressent des dons. Pour être en règle, Jimmy Wales crée une Fondation à but non lucratif baptisée Wikimedia, domiciliée en Floride.

    Chapeautant l'encyclopédie et les projets annexes, elle sera propriétaire des équipements, des fonds et de la marque. Aujourd'hui, Wikipedia est une institution mondialement reconnue, qui s'est imposée comme référence et outil de travail quotidien pour les internautes de tous les pays. Et Jimmy Wales vient d'annoncer, pour 2007, le lancement d'un moteur de recherche, Search Wikia, fonctionnant sur le modèle de Wikipedia.

    Cette dernière reçoit plus de 350 millions de visiteurs par mois, ce qui la classe dans les dix premiers sites mondiaux. 300 serveurs dédiés sont installés en Floride, à Amsterdam et en Corée du Sud.

    La seule version en anglais contient 1,5 million d'articles et s'enrichit de plus de 1 000 articles par jour. Wikipedia existe en 249 langues - en tête l'anglais, l'allemand, puis le français. Elle vit toujours grâce aux dons de particuliers et au mécénat d'entreprise. Alors qu'il s'établit à 50 000 dollars en 2004, son budget devrait atteindre 6 millions de dollars en 2007.

    Au fil du temps, Wikipedia s'est dotée d'une structure fondée sur l'équilibre et le cloisonnement des pouvoirs. Certains des "wikipédiens" les plus actifs sont promus par leurs pairs au grade d'"administrateur" (ils éditent les nouveaux articles, surveillent les modifications, repèrent les auteurs débutants mal préparés ou les vandales). "Pour la version anglaise, ils sont un millier, explique Jimmy Wales. Ils sont indispensables. Ils font le boulot ennuyeux et fournissent un soutien logistique aux auteurs."

    Il y a aussi les "bureaucrates" qui gèrent des petites communautés autour d'un projet local, les "stewards" qui règlent les problèmes d'organisation et de police interne, les "check-users" qui traquent les fauteurs de troubles pour les bannir et les "oversights" qui peuvent aller jusque dans les archives pour détruire un article diffamatoire...

    Pour les conflits les plus aigus, Jimmy Wales a créé pour la version anglaise un comité d'arbitrage d'une douzaine de membres. Ses décisions sont sans appel.

    D'autres pays l'ont imité, mais pas tous : les wikipédiens allemands soumettent les conflits insolubles au vote des utilisateurs.

    Pour faire fonctionner cette énorme machine, la Fondation n'a que sept employés rémunérés ! Jimmy Wales se consacre aux relations publiques de Wikipedia (conférences, interviews, rencontres avec des responsables politiques, économiques et scientifiques)... Il rêve d'aller en Chine, où Wikipedia est interdit : "Nous avons une version chinoise très active, grâce à Taïwan et à Hongkong, et quelques auteurs sur le continent. Mais les autorités de Chine populaire font bloquer nos sites. Je vais aller à Pékin voir des responsables, leur expliquer qui nous sommes, comprendre pourquoi ils font ça."

    Wales a aussi créé Wikia, société commerciale qui utilise le logiciel Wiki pour construire des communautés virtuelles de divertissement, sur les grands thèmes de la culture populaire américaine.

    En septembre, il a cédé la présidence de la Fondation à Florence Devouard, une Française de 38 ans qui réside près de Clermont-Ferrand. Ingénieur agronome, passionnée d'informatique, Mme Devouard se consacre entièrement à son travail bénévole pour Wikipedia.

    Elle a découvert Wikipedia en 2002, comme simple utilisatrice : "Je faisais des recherches sur la biosécurité ; les sites Internet étaient très tendancieux. Wikipedia fournissait des masses d'informations factuelles, de façon neutre, et mentionnait les diverses opinions. J'ai été séduite, je me suis mise à écrire des articles."

    Lors de la guerre en Irak, elle découvre que les wikipédiens américains publient des informations très différentes des médias français et entreprend de leur fournir une autre vision des événements. Son rôle évolue : "Je me suis mise à dialoguer avec des auteurs pour leur apprendre la neutralité de point de vue, à ne pas trier l'information de façon partisane, à diversifier leurs sources."

    Elle s'impose vite comme une médiatrice apte à trouver des compromis entre auteurs de tendance opposée : "Je les incite à se parler, à comprendre la logique de l'autre. C'est un combat de chaque instant, c'est parfois impossible, par exemple avec des sectes. Mais dans l'ensemble, ça fonctionne."

    La nouvelle présidente s'est fixé des priorités : "Wikipedia a grandi très vite, c'est le foutoir ! Il faut établir des mécanismes de décision plus rapides puis rationaliser la gestion financière. Des grandes entreprises informatiques nous ont donné des paquets d'actions, que nous allons gérer pour dégager des revenus."

    Elle souhaite aussi renforcer l'aspect international de Wikipedia : "Le nouveau conseil compte trois Américains et quatre Européens, c'est important. Nous devons nous ouvrir sur l'Afrique, qui représente moins de 0,1 % de nos connexions."

    Mme Devouard souhaite aussi "faire le ménage" dans les contenus : "Un chanteur inconnu écrit un article sur lui-même en se présentant comme une grande star, en fournissant comme source son site personnel, ce n'est pas tolérable."

    Pour elle, Wikipedia doit cesser d'abriter une masse d'informations "non significatives", qui s'appuient sur des sources "non fiables", comme les blogs.

    En revanche, pas question de revenir sur le bénévolat, l'indépendance et la gratuité : "Dans les médias, on nous associe souvent au Web 2.0, la nouvelle génération de start-up, et certains s'imaginent que nous allons être rachetés par Google. Ils n'ont rien compris : nous ne sommes pas à vendre, nous sommes une organisation caritative internationale, comme la Croix-Rouge. Le "Libre" se répand, tout le monde devra faire avec."

    Yves Eudes

    http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-651865,36-851178@51-831919,0.html
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    Message  Krill Mer 10 Jan - 1:41

    L’affaire Wikipédia

    Décidément, Wikipédia est-elle fiable ? Tant pis si la question ressemble déjà à un serpent de mer. Le fait est que les dénégations des dirigeants de l’encyclopédie participative en ligne ont curieusement pour effet de renforcer la suspicion. Et ce ne sont pas les études comparatives avec les mastodontes encylopédiques sur papier qui dissiperont les doutes car le plus souvent, ces études prêtent elles-mêmes à controverse. Passons sur la “faveur” (euphémisme, bien sûr) dont jouit Wikipédia dans le référencement des moteurs de recherche (Google, Yahoo…). Toujours en première page, presque toujours dans le peloton de tête, et l’on sait qu’une majorité de lecteurs ne va pas au-delà. Reconnaissons de bonne foi que le contenu est riche, dense, séduisant et parfois surprenant. Pourtant, il n’est pas antidérapant. C’est le principe de Wikipédia qui demeure toujours aussi discutable, cette idée bien dans l’air du temps que, au fond, tout le monde est encyclopédiste puisque tout le monde est déjà journaliste, cinéaste, critique d’art, critique littéraire, critique de cinéma, critique gastronomique, photographe etc. Voudrait-on nous faire croire que Wikipédia est à l’Universalis ou la Britannica ce que la démocratie d’opinion est à la démocratie représentative que l’on ne s’y prendrait pas autrement. On ne nous a pas encore fait le coup de “l’encyclopédie citoyenne” mais ça ne devrait pas tarder.

    Sur ce site donc, n’importe qui peut intervenir dès lors qu’il se sent expert en quelque chose, qualité qu’il se délivre de sa propre autorité. Sur Wikipédia, les spécialistes ne s’autorisent que d’eux-mêmes. Un comité de “vrais” experts est bien sûr là qui veille “là-haut” (on n’a pas totalement renoncé à la verticalité de la décision) afin d’éviter dommage collatéral. N’empêche qu’il y en a régulièrement. Aux Etats-Unis, un homme public a vu ainsi sa biographie agrémenté d’un long passage à la CIA ce qui l’a fait plutôt réagir. En France même, certains spécialistes de l’autopromotion (artistes ou autres) ont l’habileté de se consacrer ou de se faire consacrer une notice longue et avantageuse hors de proportion avec leur importance. Mais c’est à la rubrique “Histoire” que le phénomène est le plus sensible. Un exemple récent parmi d’autres : l’article consacré à l’affaire Dreyfus.

    Il y a quelques mois, l’ayant pianoté sur son clavier, François Gèze, le patron des éditions La Découverte, a eu la surprise de découvrir dans la bibliographie une liste d’une vingtaine de livres dont le premier était celui d’Henri Dutrait-Crozon Préçis de l’Affaire Dreyfus, édition de 1938 ; de surcroit, il était assorti du commentaire “Ouvrage fondamental à consulter en priorité”. Or dans son dictionnaire de référence sur l’affaire Dreyfus (Flammarion 1994, nouvelle édition 2006), Michel Drouin nous rappelle que sous ce pseudonyme écrivaient deux officiers du nom de Frédéric Delebecque et Georges Larpent. Il précise :”L’ouvrage accumule citations et références, et offre l’apparence de toutes les garanties scientifiques, à l’exception de la vérité. La culpabilité de Dreyfus est un dogme (”On ne nous a opposés que des cris”) et la version de l’école nationaliste doit être transmise de génération en génération.” La page de garde dit bien l’ambition du duo : “Scribantur haec in generatione altera” autrement dit “On écrira ceci pour l’âge à venir”. Pour Michel Drouin, il ne fait guère de doute que ce livre, publié pour la première fois en 1909 et maintes fois réédité depuis, fut considéré comme un évangile par une génération de nationalistes. Charles Maurras et Léon Daudet notamment y firent abondamment référence. C’est donc ce Préçis de l’Affaire Dreyfus, évidemment étranger à toutes les recherches menées par les historiens entre temps, qui reste la bible de l’affaire un siècle après sa parution, du moins aux yeux des wikipédiens. Si encore il s’agissait d’un témoignage d’époque, cité comme tel avec les précautions d’usage et relégué en fin de bibliographie, on pourrait comprendre ; or c’est tout le contraire.

    Alerté, Daniel Garcia y fit écho sur son blog de LivresHebdo. Ce qui n’échappa point à la vigilance de Wikipédia. En toute logique, on aurait pu penser qu’ils en tiendraient compte en supprimant une telle référence. Or, non seulement elle figure toujours dans leur bibliographie, mais elle y est toujours en tête, donc bien avant les travaux récents d’historiens incontestables. Seule la mention entre parenthèses a été modifié. On lit désormais :”Ouvrage controversé”. De la litote comme l’un des beaux-arts… Si une telle bibliographie “participative” de l’encylopédie dite libre prétend ouvrir le compas de la tolérance, que ne cite-t-elle également les ouvrages d’André Figueras, d’Henry Coston et d’autres encore, pas moins doués de la plume que Dutrait-Crozon, tous également convaincus de la culpabilité d’Alfred Dreyfus ? Voilà qui prometterait de beaux jours à nos étudiants en histoire adeptes du copier-coller, et des séances de corrections édifiantes à leurs professeurs.

    A quoi bon un comité de professionnels de la profession chargé de superviser les amateurs, si les experts des experts ne sont pas plus capables de hiérarchiser l’information ?

    http://passouline.blog.lemonde.fr/

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