silverbold a écrit: pifpaf a écrit:c'est bien du néerlandais que je parle
De toute manière...Plus on connaît de langues, même mineure, plus on s'enrichi intellectuellement...
C'est tout de même le type d'argument tarte à la crème. Sauf à considérer simplement l'enrichissement intellectuel seul, le fait de faire marcher plus de connexions dans le cerveau, j'aimerais que l'on m'explique ou réside l'enrichissement qu'apporterait l'apprentissage - par exemple - du papou, du bas-luxembourgois ou du celtique comme parlé en Irlande par exemple. Et je ne parle même pas de l'apprentissage du néerlandais, qui, pour nous, francophones de Belgique (et pour personne sans doute), ne représente pas une source d'enrichissement culturel, mais une simple nécessité alimentaire. Enfin, au moins savoir baragouiner à l'interview.
Pour le reste, je travaille en Flandre, avec des flamands, et ça se passe bien. Ils sont par exemple à mon humble avis nettement plus faciles que les néerlandais, qui, selon nos standards, sont souvent d'une apreté excessive, et nettement moins efficaces qu'ils ne le gueulent (mais gueuler, qu'est ce qu'ils gueulent). Et le côté calviniste, là... J'me faisais la réflexion encore hier: en Belgique, réunion typique, collation, sandwiches de chez Wittamer, choix de boissons, cafés, mignardises ou biscuits. Hier, réunion fleuve à Rotterdam, arrive le temps de midi, on reçoit chacun deux sandwiches, un au fromage, un au jambon, une pomme, un verre de jus d'orange. A tous les coups.
Ce qui est comique, c'est Leterme, qui a tout de même tous les crans, parce que déclarer ça dans libé, faut le faire. Parce qu'il y a bien un peuple handicapé linguisitiquement, ce sont les français. Alors la ramener rayon incapacité intellectuelle d'apprendre une langue dans un pays ou - je le vois tous les jours - le niveau basique d'anglais est très bas, il y a là à mon avis une subtile - très subtile - insulte du ministre flamand au Franse heer qui a dû lui faire un petit frisson comme un vlaamse leeuw de fin de banquet à la fête de la klacht des gouden spuren.
Pour finir, une intéressante opinion de Patrick Traube parue dans la Libre il y a qq temps, qui relativise tout à fait l'intérêt culturel (l'argument tarte à la crème) et l'égalité de principe de toutes les langues (comme l'égalité de principe et tarte à la crème de toutes les cultures).
Apprendre le néerlandais... met faciliteiten!
PATRICK TRAUBE
Mis en ligne le 02/09/2003
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Apprendre la langue de l'autre est un acte d'amour pour cette langue et pour cet autre. Difficile quand celui-ci vous méprise
Psychologue, écrivain (*)
Dans un pays bilingue, la priorité doit être donnée à la connaissance de l'autre langue nationale par rapport à l'anglais.» «Il faut encourager le multilinguisme, dès l'école primaire. Quant au choix de la seconde langue, aucun critère scientifique ne fonde la priorité au néerlandais. Mais, il semble normal de commencer par la langue de ses voisins.»
Déclarations puisées parmi des dizaines d'autres du même cru. La première est extraite de l'exposé des motifs d'une proposition de loi émanant de trois sénateurs francophones (janvier 2000), la seconde du Pr A. Braun (didacticien des langues) commenté dans le quotidien «Le Soir» du 8 janvier 2002. Humour (involontaire) ? Le commentaire en question occupe la moitié inférieure de la page quatre, la partie supérieure étant coiffée d'un article relatif aux nouvelles revendications d'autonomie des partis flamands dans la perspective des élections législatives de mai dernier. Superbe mise en perspective!
Au moment où la Flandre, en toute clarté, teste l'Etat de ses rêves, au moment où les observateurs les moins suspects de sympathies séparatistes estiment que les probabilités de la Belgique fédérale d'atteindre l'an 2010 sont infinitésimales, les autorités sudistes font encore pari d'une Belgique bilingue. Naïveté ou aveuglement? Plutôt que d'expliquer au Coq et à l'Iris de quoi leur futur sera fait, lorsque le Lion rugissant les aura largués, ils déploient une énergie considérable par les convaincre qu'il faut absolument apprendre à causer «lion».
Merci à eux de penser à l'avenir linguistique de nos enfants!
Moi, je pense en termes différents à l'avenir du mien.
Je lui souhaite d'abord d'acquérir la passion de sa langue maternelle. Je lui souhaite aussi l'ardent bonheur de vibrer à la somptueuse musicalité de l'anglais, à la rugueuse et fascinante beauté de l'espagnol, à l'extraordinaire densité de l'allemand, à l'éclat doré de l'italien. Et si l'échelle des priorités se définit en fonction du voisinage géographique, pourquoi n'apprendrait-il pas l'arabe (seconde langue usuelle en Communauté française) ?
Je déclare sans haine, mais avec fermeté, que mon fils n'apprendra pas le néerlandais et cela, pour deux raisons, une raison pragmatique (objective) et une raison de principe (symbolique).
Une raison pragmatique! (Dans une «culture de l'utilitaire», mieux vaut commencer par celle-là!). Jusqu'ici, la connaissance de la «langue de Vondel» s'imposait aux francophones parce qu'ils naviguaient dans un vaisseau bilingue battant pavillon-du-Lion-noir et dont les leviers depuis les soutes jusqu'au faîte étaient tenus par les Flamands majoritaires. Mais pourquoi s'imposerait-elle encore à nos enfants alors que ceux-ci vogueront dans un autre vaisseau (Communauté Wallonie-Bruxelles), au sein d'un océan européen et planétaire à l'échelle duquel le néerlandais ne sera plus qu'un idiolecte sous-provincial. (Pour rappel, les trois langues communautaires au sein de l'Union européenne sont l'allemand (24pc), le français (16pc) et l'anglais (16pc). Le néerlandais est parlé par 6pc de la population).
Par décence, je tairai la question de l'ouverture culturelle! Je me contenterai de répéter que l'apparente égalité: «Un francophone apprenant le flamand = un Flamand apprenant le français» est une inégalité masquée, donc une escroquerie à nos dépens (une de plus!).
La raison de principe!
Lorsque je parlerai de la Belgique à mon fils, je lui parlerai de celle que j'ai vécue (celle du «Walen buiten», du «on entre dans les Wallons comme dans du beurre»... jusqu'aux récentes circulaires Peeters et Martens) afin qu'il comprenne tous les raffinements dans l'art de l'humiliation. Je lui dirai dans le même élan que l'avenir d'un peuple ne se mesure pas seulement à l'aune de sa prospérité économique. Qu'il dépend surtout de sa pugnacité à défendre son honneur, de sa détermination à refuser de baisser l'échine devant celui qui entend lui imposer sa loi. Comme mon père (résistant à la barbarie nazie) l'a fait pour moi, j'espère lui apprendre ainsi le respect de soi, le sens de la dignité et la nécessité de la saine révolte. Il comprendra qu'un «purificateur» offre toujours le même visage même s'il préfère le masque «soft».
Je lui dirai qu'apprendre la langue de l'autre est un acte d'amour pour cette langue et pour cet autre. Mais qu'aimer ceux qui vous méprisent, soutenir qu'il pleut quand ils vous crachent à la figure, cela s'appelle: lâcheté. Je lui dirai enfin que refuser d'apprendre la langue de l'autre n'est pas toujours un signe d'intolérance encore moins de rejet sectaire mais parfois un acte d'honneur et de résistance civique.www.lalibre.be