Les jeunes Britanniques se voient vivre ailleurs
LE MONDE | 05.08.06
Vous êtes encore là ?" : dans les amphithéâtres britanniques, cette question pourrait devenir rituelle. Si le Royaume-Uni de Tony Blair attire une immigration massive d'Europe centrale, beaucoup de jeunes Britanniques rêvent leur vie ailleurs. Selon un récent sondage, un quart des sujets de Sa Majesté âgés de dix-huit à vingt-cinq ans entendent vivre et travailler à l'étranger. Le nombre de ceux qui sont prêts à un départ immédiat a doublé par rapport à 2003.
Essentiellement des diplômés, ils entendent commencer ou continuer leur carrière sous d'autres cieux : scientifiques, avocats, informaticiens, publicitaires, enseignants, policiers, cadres commerciaux, agriculteurs etc.
Malgré l'obstacle des visas de travail, les pays de l'ancien Commonwealth, à l'instar de l'Australie, de la Nouvelle-Zélande et du Canada, ainsi que les Etats-Unis arrivent en tête des destinations préférées. Les jeunes professionnels partent aussi travailler en nombre croissant sur le Vieux Continent, où ils bénéficient de la libre circulation des travailleurs et de la popularité de l'anglais.
HÉMORRAGIE DE TALENTS
Pourquoi les jeunes d'Albion tournent-ils le dos à leur prospère pays, dans lequel ils auraient certainement trouvé du travail ? Les futurs émigrants invoquent le souhait de bénéficier d'une meilleure qualité de vie. Ils citent pêle-mêle la cherté de la vie, la difficulté d' acquérir un logement, la hausse de la fiscalité et l'indigence des services publics, en particulier les transports et le système de soins. D'autres, surtout dans le nord de l'Angleterre et en Ecosse, souhaitent fuir le ciel gris.
"Le pays devrait s'inquiéter de voir ses enfants formés dans ses universités aller travailler sous d'autres latitudes. L'économie souffre du manque de main-d'oeuvre qualifiée. Les jeunes Britanniques sont en train de devenir l'une des plus grandes diasporas au monde", indique Danny Srikansarajah, directeur adjoint de l'Institute of Public Policy Research. Pour le responsable de ce centre d'études londonien, qui a lancé une vaste enquête sur le sujet, il s'agit de la première génération qui arrive sur le marché du travail avec une vision mondiale de l'économie.
Cette hémorragie de talents n'a pas l'air d'alarmer les responsables politiques. La balance démographique reste, il est vrai, positive, puisqu'en 2005 le nombre d'immigrés, provenant essentiellement de l'ancien bloc soviétique, a largement dépassé celui des émigrants.
Marc Roche (Londres, Correspondant)
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3214,36-801286@51-759774,0.html
on nous aurait menti ?
ce n'est pas le paradis sur terre ?
LE MONDE | 05.08.06
Vous êtes encore là ?" : dans les amphithéâtres britanniques, cette question pourrait devenir rituelle. Si le Royaume-Uni de Tony Blair attire une immigration massive d'Europe centrale, beaucoup de jeunes Britanniques rêvent leur vie ailleurs. Selon un récent sondage, un quart des sujets de Sa Majesté âgés de dix-huit à vingt-cinq ans entendent vivre et travailler à l'étranger. Le nombre de ceux qui sont prêts à un départ immédiat a doublé par rapport à 2003.
Essentiellement des diplômés, ils entendent commencer ou continuer leur carrière sous d'autres cieux : scientifiques, avocats, informaticiens, publicitaires, enseignants, policiers, cadres commerciaux, agriculteurs etc.
Malgré l'obstacle des visas de travail, les pays de l'ancien Commonwealth, à l'instar de l'Australie, de la Nouvelle-Zélande et du Canada, ainsi que les Etats-Unis arrivent en tête des destinations préférées. Les jeunes professionnels partent aussi travailler en nombre croissant sur le Vieux Continent, où ils bénéficient de la libre circulation des travailleurs et de la popularité de l'anglais.
HÉMORRAGIE DE TALENTS
Pourquoi les jeunes d'Albion tournent-ils le dos à leur prospère pays, dans lequel ils auraient certainement trouvé du travail ? Les futurs émigrants invoquent le souhait de bénéficier d'une meilleure qualité de vie. Ils citent pêle-mêle la cherté de la vie, la difficulté d' acquérir un logement, la hausse de la fiscalité et l'indigence des services publics, en particulier les transports et le système de soins. D'autres, surtout dans le nord de l'Angleterre et en Ecosse, souhaitent fuir le ciel gris.
"Le pays devrait s'inquiéter de voir ses enfants formés dans ses universités aller travailler sous d'autres latitudes. L'économie souffre du manque de main-d'oeuvre qualifiée. Les jeunes Britanniques sont en train de devenir l'une des plus grandes diasporas au monde", indique Danny Srikansarajah, directeur adjoint de l'Institute of Public Policy Research. Pour le responsable de ce centre d'études londonien, qui a lancé une vaste enquête sur le sujet, il s'agit de la première génération qui arrive sur le marché du travail avec une vision mondiale de l'économie.
Cette hémorragie de talents n'a pas l'air d'alarmer les responsables politiques. La balance démographique reste, il est vrai, positive, puisqu'en 2005 le nombre d'immigrés, provenant essentiellement de l'ancien bloc soviétique, a largement dépassé celui des émigrants.
Marc Roche (Londres, Correspondant)
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3214,36-801286@51-759774,0.html
on nous aurait menti ?
ce n'est pas le paradis sur terre ?