John McCain et Hillary Clinton reviennent dans la course
09.01.08 | 12h48
Par John Whitesides
MANCHESTER, New Hampshire (Reuters) - Distancés dans l'Iowa, le républicain John McCain et la démocrate Hillary Clinton se sont replacés dans la course à la Maison blanche en s'imposant dans la primaire du New Hampshire, qui redessine le paysage en ce début d'année électorale.
La sénatrice de New York, première femme à avoir une chance raisonnable d'être élue à la présidence, a déjoué les pronostics des instituts de sondage pour l'emporter avec un peu moins de 8.000 voix d'avance sur Barack Obama, victorieux la semaine dernière dans l'Iowa.
Dans le camp républicain, John McCain, le vétéran des primaires, s'est imposé avec 37% et une confortable avance sur Mitt Romney (32%). Mike Huckabee, le surprenant vainqueur des caucus républicains de l'Iowa, est décroché (11%).
La renaissance politique du sénateur de l'Arizona, donné politiquement perdu il y a six mois, relance totalement la course à l'investiture républicaine. Chez les démocrates, le retard pris par John Edwards, troisième avec 17%, semble réduire la compétition à un duel entre Clinton et Obama.
Dans un camp comme dans l'autre, aucun des favoris à l'investiture ne quitte donc le New Hampshire avec des garanties pour la suite du long processus de sélection des candidats qui représenteront les deux grands partis lors du scrutin présidentiel, le 4 novembre.
UN DUEL CLINTON/OBAMA
Donnée perdante par les sondages, qui lui prédisaient jusqu'à 13 points de retard sur Obama, Clinton a effectué un retour spectaculaire dans les urnes pour réunir 39% des suffrages contre 36% pour Obama. "Donnons ensemble et maintenant à l'Amérique ce comeback que vous venez de m'accorder", a-t-elle lancé à ses partisans, visiblement émue et soulagée d'avoir évité une seconde humiliation.
Dans le camp d'Obama, les sourires étaient de circonstance. Crispé, le sénateur de l'Illinois a remercié le New Hampshire, et félicité sa rivale pour son "travail extraordinaire", mais a prévenu qu'il restait dans la course. "En ce moment, à cette élection, quelque chose se passe aux Etats-Unis", a-t-il dit.
John Edwards, qui a exclu de se retirer, a quant à lui rappelé à ses adversaires qu'il restait encore 48 Etats qui n'avaient pas voté, et que la course serait encore longue.
McCAIN EN RENAISSANCE
Côté républicain, la victoire de McCain met la pression sur Rudolph Giuliani, l'ancien maire de New York qui avait décidé de faire l'impasse sur les premiers rendez-vous et mise sur la Floride, dont la primaire aura lieu le 29 janvier, puis sur le Super Tuesday du 5 février.
McCain, qui s'était aliéné une partie de l'électorat républicain en soutenant un texte présenté au Sénat censé faciliter l'obtention d'un permis de séjour aux immigrés clandestins, a savamment recalibré sa campagne, multipliant les réunions publiques et modifiant son équipe.
"Ce soir, nous leur avons vraiment montré à quoi ressemble un comeback", a exulté le sénateur dont le visage s'affichait sur l'ensemble des télévisions américaines. "Mac is back, Mac is back", reprenaient en choeur ses partisans célébrant le retour sur le devant de la scène de leur candidat.
Mitt Romney, arrivé deuxième dans le New Hampshire comme aux caucus républicains de l'Iowa, s'est félicité de cette "médaille d'argent", mais les observateurs notent, qu'une nouvelle fois, les dizaines de millions de dollars qu'il a investis dans sa campagne n'ont pas changé la donne.
CHANGEMENT DE CONTEXTE
Comme dans l'Iowa le 3 janvier, les files d'attentes devant les bureaux de vote étaient interminables dans le New Hampshire, et la participation y a atteint des niveaux records. Les observateurs estiment que cette élection présidentielle est la plus ouverte de ces cinquante dernières années. Pour la première fois depuis bien longtemps, aucun président ou vice-président en exercice ne sollicite les suffrages des Américains.
Pour les républicains, la prochaine étape aura lieu dans le Michigan. McCain s'y était imposé lors des primaires 2000 finalement remportées par George Bush; Romney y a grandi, son père en fut le gouverneur; Huckabee peut espérer pour sa part retrouver un électorat plus sensible à sa fibre religieuse.
Suivra la Caroline du Sud, le 19 janvier, où l'électorat plus conservateur pourrait coûter cher à McCain. C'est là que s'était jouée en partie sa défaite face à Bush il y a huit ans.
Les démocrates se retrouveront eux le 19 janvier dans le Nevada puis le 26 en Caroline du Sud, un Etat dont l'électorat démocrate est noir à plus de 50%.
Mais le contexte va changer: finie les campagnes de proximité dans ces Etats peu peuplés qu'étaient l'Iowa et le New Hampshire, place à des campagnes quasi nationales, où la puissance de feu financière et la mobilisation des équipes de campagne va jouer.
John Whitesides, version française Nicolas Delame et Henri-Pierre André
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