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    Palestine : «Une désobéissance civile»

    silverbold
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    Palestine : «Une désobéissance civile» Empty Palestine : «Une désobéissance civile»

    Message  silverbold Mer 13 Juin - 7:59

    «Une désobéissance civile»
    Jean-François Legrain, chercheur au CNRS, est spécialiste de la Palestine :
    QUOTIDIEN : mercredi 13 juin 2007

    Chercheur au CNRS/Gremmo (Groupe de recherches et d’études sur la Méditerranée et le Moyen-Orient), spécialiste de la Palestine, Jean-François Legrain analyse le conflit entre Hamas et Fatah :
    Comment expliquer la guerre entre le Hamas et le Fatah dans la bande de Gaza ?
    C’est la traduction hypertrophiée de tous les problèmes accumulés depuis des années, que Yasser Arafat, malgré son affaiblissement, arrivait à maîtriser. Tout ce qui avait permis aux Palestiniens de préserver leur société face à l’occupation israélienne et au raïs de construire son pouvoir s’est retourné après sa mort contre la société elle-même. Arafat avait la connaissance des rouages de la société. Il savait en jouer, organisant notamment la concurrence entre chefs, faisant monter l’un au détriment de l’autre, puis l’inverse.Un jeu de balance qu'il avait déjà pratiqué au Liban et qu'on a revu en Palestine avec la création de l'Autorité palestinienne.
    Pourquoi Mahmoud Abbas n’a-t-il pas poursuivi cette politique ?
    Parce qu’il n’a pas cette maîtrise et qu’il s’est refusé à entrer dans cette logique, peut-être au nom d’une idée de la démocratie. Dès lors, du fait de l’absence d’Etat, tous les localismes, le repli sur les liens du sang et les solidarités locales - ces mécanismes que l’on trouve dans les autres pays arabes -, les Palestiniens les ont hypertrophiés. Dès l’été 2004, peu avant la mort d’Arafat, sont survenus les premiers heurts, pas du tout entre le Hamas et le Fatah, mais dans la mouvance Fatah. C’est là que sont apparus une multitude de groupes et sous-groupes armés qui sont l’expression de ces localismes, avec une extrême personnalisation des leaderships et des dérives mafieuses. Des luttes qui traduisent les appétits de pouvoir d’un petit chef sur une zone géographique très locale, mêlées au combat contre l’occupation israélienne. Elles traduisent à la fois cet héritage de la culture fedayin des années 70, avec ce jeu très personnalisé et concurrent, et l’apparition de nouvelles formes de violences liées à l’Intifada. De cette dérive des groupes (officiels) de sécurité de l’Autorité palestinienne et des groupes (informels) liés au Fatah, on en est venu ainsi à l’expansion de la violence sur le terrain.
    Mais l’arrivée au pouvoir du Hamas va tout changer.
    Tous ces groupes qui obéissaient à des logiques très diversifiées et même contradictoires vont se trouver un ennemi commun : le Hamas. l y a donc eu une unification de facto de tous groupes éclatés de la mouvance Fatah face au Hamas qui a considéré que l'Autorité était désormais son bien.Le nœud du problème, c’est que le Fatah et, au-delà, la présidence de Mahmoud Abbas ont toujours refusé au Hamas le droit d’exercer le mandat reçu des urnes.
    Mahmoud Abbas a pourtant nommé Ismaël Haniyeh Premier ministre.
    Dans un premier temps, il a respecté le verdict des urnes. Mais après il a tout fait pour priver le cabinet de toutes les prérogatives constitutionnelles qui sont les siennes. Pourtant, quand il était Premier ministre d’Arafat, il s’était battu pour obtenir du pouvoir pour lui-même et son cabinet.Mais ce pouvoir, il l'a cassé dès lors que le Premier ministre ne lui convenait plus. Il a rebasculé tout ce qui avait été pris à la présidence et à l’OLP au profit du Premier ministre et du cabinet. Ainsi, en matière de sécurité, les forces de sécurité qui dépendaient du Premier ministre ont été redonnées à la présidence.
    C'est la raison pour laquelle Hamas est passé à l'attaque?
    Elle a été précédée de l'ordre donné par Abbas de déployer des forces qui relèvent de la Présidence dans la bande de Gaza contre l'avis du ministre de l'Intérieur (une personnalité indépendante, ndlr), ce qui explique sa démission.On est dans le cas d’une désobéissance civile - pour ne pas dire plus - des forces qui se réclament du Fatah et qui refusent l’ordre constitutionnel.C'est-à-dire un partage des compétences entre la Présidence, qui gère un certain nombre de forces, et le ministère de l'Intérieur qui en gère d'autres.
    Mahmoud Abbas et le Fatah ont pourtant reçu l’appui d’Israël et de la communauté internationale. Appui militaire pour Israël, qui a permis des transferts d’armes à Gaza, depuis la Jordanie et l’Egypte, et de combattants du Fatah. Pour la communauté internationale, l’étranglement financier du Hamas se poursuit, et les Etats-Unis ont fourni une aide financière à la Garde présidentielle, qu’elle entraîne par ailleurs à Jéricho et en Egypte.
    Peut-on déjà parler d’une guerre civile dans la bande de Gaza ?
    De facto, elle est là. Mais il est difficile de la qualifier puisqu’elle est très différente de celles du Liban ou d’Irak. Ce n’est une guerre ni confessionnelle ni ethnique. A Gaza, les lignes de fractures traversent les familles elles-mêmes.
    Quelle sortie de crise voyez-vous ?
    Je n’en vois pas. A moins d’une véritable implication de la communauté internationale, et que celle-ci frappe un grand coup. Mais aucun rafistolage n’est envisageable. Or les Etats-Unis ne veulent pas s’engager, l’Europe non plus.
    RECUEILLI PAR Jean-Pierre Perrin

    http://www.liberation.fr/actualite/monde/260837.FR.php

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