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    "Les bidonvilles en voie d'islamisation"

    silverbold
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    Message  silverbold Mer 6 Juin - 19:04

    "Les bidonvilles en voie d'islamisation"
    LE MONDE | 06.06.07 | 14h44

    Quand les groupes djihadistes sont-ils apparus dans les camps de réfugiés palestiniens du Liban ?

    La première expression remonte à 1982, quand des islamistes ont défendu le camp d'Aïn Al-Héloué contre l'armée israélienne, alors que l'OLP s'était repliée au nord pour défendre Beyrouth. Le chroniqueur militaire israélien Ze'ev Schiff avait parlé de "Massada palestinien". A l'époque, il s'agit de réseaux piétistes soutenus par l'ambassade d'Iran au profit de la prédication khomeiniste. Ils se sont dégagés à la fin des années 1980 de cette tutelle iranienne en s'enthousiasmant pour le djihad en Afghanistan.



    A ce moment-là, le front Liban sud-Israël est verrouillé par le Hezbollah, et l'OLP se lance dans la diplomatie. L'OLP n'étant plus en mesure de contrôler les camps du fait de la présence syrienne, ils sont investis par les réseaux religieux. Les camps quittent l'histoire palestinienne pour entrer dans celle d'un djihadisme sans territoire. Ils deviennent le réceptacle de tous les conflits qui concernent de loin ou de près la oumma (communauté des croyants). Ils sont des lieux de prédication, de recrutement ou de refuge. Les islamistes exploitent le statut d'extraterritorialité des camps pour y établir des enclaves. Les prédicateurs s'emploient à dégager les réfugiés de l'influence politique et identitaire de l'OLP. Le Fatah de Yasser Arafat devient alors l'ennemi principal.

    Quelle est l'importance du phénomène ?

    Il est difficile de le mesurer d'un point de vue quantitatif. Ce phénomène d'islamisation est vrai pour les camps qui présentent les caractères d'un bidonville. Dans les moins pauvres, le contrôle politique est plus facile pour les mouvements palestiniens, le Fatah et le Mouvement de la résistance islamique (Hamas). A Nahr Al-Bared, jusqu'à récemment, il n'y avait pas de milice armée à part le Fatah-Intifada - sorte de police pro-syrienne qui régulait le camp depuis 1983 -, mais on pouvait y constater, comme à Aïn Al-Héloué, le même phénomène de prédicateurs ne se reconnaissant ni dans la politique ni dans la culture palestinienne. La plupart du personnel religieux de Nahr Al-Bared est diplômé de l'université religieuse de Médine (Arabie saoudite). Ces prédicateurs ont engagé une resocialisation sur un mode salafiste très prononcé, évident dans les vêtements et les prêches.

    Ces groupes ne veulent pas modifier le statu quo au Liban : ils se soucient en priorité de la projection de la violence qu'ils prêchent assez loin du lieu de la prédication. Ils sont préoccupés par le front irakien comme ils l'étaient auparavant par les Tchétchènes. Le paradoxe, c'est que ces organisations djihadistes comme Ousbat Al-Ansar, qui prônent la destruction de l'ordre politique arabe, sont devenues, comme à Aïn Al-Héloué, une force de statu quo : la situation locale les arrange et il leur importe de la préserver. La création du groupuscule Jound As-Cham provient d'ailleurs d'une scission d'Ousbat Al-Ansar, en réaction à cette realpolitik.

    Une re-palestinisation des camps est-elle encore possible ?

    Les camps n'ont pas majoritairement basculé dans un univers salafiste. La meilleure façon de rendre compte de la réalité est de parler de la cohabitation de deux mondes. On y trouve celui des organisations palestiniennes, des ONG, de l'UNRWA (Agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens), un monde semblable à ce qui existe dans les camps de Jordanie ou de Gaza, et le monde des religieux qui s'est, lui, totalement dégagé de l'univers palestinien. Entre ces deux mondes, il peut y avoir des coopérations et des affrontements en fonction des circonstances. Il est évident que le temps et le pourrissement politique du dossier israélo-palestinien sont des ressources pour les prédicateurs religieux.

    Propos recueillis par Gilles Paris

    http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3218,36-919610@51-912531,0.html

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