13 avr. 2007
ITALIE • La révolte du Chinatown milanais
La communauté chinoise du centre de Milan conteste les règles que veut lui imposer la mairie et qui, selon elle, nuiraient aux commerces. Le Corriere della Sera met en garde contre le risque de voir émerger des enclaves autonomes dans la capitale économique italienne.
C'est la révolte d'une ville dans la ville, d'une autre Milan qui s'appelle Chinatown, qui a grandi avec une immigration sans règles et dans l'abus commercial. Ces dernières années, ce Chinatown milanais a privatisé des rues en les occupant avec des camions. Il a obligé des magasins historiques à fermer. Il s'est imposé comme une zone franche dans le centre ville de Milan.
C'est la rage de la communauté chinoise, la plus importante d'Italie, qui a obtenu des autorisations et des licences et qui, maintenant, prétend pouvoir exercer librement ses activités. Mais c'est surtout le premier signal d'alarme, la première réaction dans le style des banlieues françaises, dans une Milan qui a perdu le contrôle de certains quartiers et qui veut désormais imposer une forme de légalité dans des zones qui ont grandi dans l'illégalité.
Tout a commencé il y a quelques jours, quand la mairie de la ville a décidé de faire respecter les heures de livraison des marchandises par les commerçants chinois. Finis la tolérance et les camions stationnés à toutes les heures de la journée. L'application de la loi est la même pour tous, même les Chinois. Mais la goutte qui a fait déborder le vase serait une amende donnée hier [12 avril] à un commerçant chinois qui s'était garé en double file. La communauté chinoise n'a pas apprécié cette tolérance zéro à son égard et s'est rebellée.
Des années de laxisme et de désintérêt de la part des institutions ne peuvent pas justifier la violence, mais la police et les carabiniers n'ont pas de doute : la communauté chinoise est devenue dominante dans le quartier. Les Milanais sont devenus une minorité et les Italiens ont peur aujourd'hui de ne plus se sentir chez eux, d'être des étrangers dans leur propre patrie.
Une menace couvait depuis longtemps sous la cendre, Milan l'a ignorée et se réveille avec la guérilla de Chinatown : différents îlots d'étrangers se sont imposés dans la ville et sont en train de soulever des questions d'ordre public. Mais ces événements mettent également l'accent sur la nécessité d'éviter la formation d'enclaves gouvernées par un statut spécial que les Chinois imposeraient eux-mêmes.
Chinatown a grandi jusqu'à devenir une sorte de république autonome, et à se rebeller contre la légalité, même par la guérilla.
Giangiacomo Schiavi
Corriere della Sera
http://www.courrierinternational.com/article.asp?obj_id=72755
ITALIE • La révolte du Chinatown milanais
La communauté chinoise du centre de Milan conteste les règles que veut lui imposer la mairie et qui, selon elle, nuiraient aux commerces. Le Corriere della Sera met en garde contre le risque de voir émerger des enclaves autonomes dans la capitale économique italienne.
C'est la révolte d'une ville dans la ville, d'une autre Milan qui s'appelle Chinatown, qui a grandi avec une immigration sans règles et dans l'abus commercial. Ces dernières années, ce Chinatown milanais a privatisé des rues en les occupant avec des camions. Il a obligé des magasins historiques à fermer. Il s'est imposé comme une zone franche dans le centre ville de Milan.
C'est la rage de la communauté chinoise, la plus importante d'Italie, qui a obtenu des autorisations et des licences et qui, maintenant, prétend pouvoir exercer librement ses activités. Mais c'est surtout le premier signal d'alarme, la première réaction dans le style des banlieues françaises, dans une Milan qui a perdu le contrôle de certains quartiers et qui veut désormais imposer une forme de légalité dans des zones qui ont grandi dans l'illégalité.
Tout a commencé il y a quelques jours, quand la mairie de la ville a décidé de faire respecter les heures de livraison des marchandises par les commerçants chinois. Finis la tolérance et les camions stationnés à toutes les heures de la journée. L'application de la loi est la même pour tous, même les Chinois. Mais la goutte qui a fait déborder le vase serait une amende donnée hier [12 avril] à un commerçant chinois qui s'était garé en double file. La communauté chinoise n'a pas apprécié cette tolérance zéro à son égard et s'est rebellée.
Des années de laxisme et de désintérêt de la part des institutions ne peuvent pas justifier la violence, mais la police et les carabiniers n'ont pas de doute : la communauté chinoise est devenue dominante dans le quartier. Les Milanais sont devenus une minorité et les Italiens ont peur aujourd'hui de ne plus se sentir chez eux, d'être des étrangers dans leur propre patrie.
Une menace couvait depuis longtemps sous la cendre, Milan l'a ignorée et se réveille avec la guérilla de Chinatown : différents îlots d'étrangers se sont imposés dans la ville et sont en train de soulever des questions d'ordre public. Mais ces événements mettent également l'accent sur la nécessité d'éviter la formation d'enclaves gouvernées par un statut spécial que les Chinois imposeraient eux-mêmes.
Chinatown a grandi jusqu'à devenir une sorte de république autonome, et à se rebeller contre la légalité, même par la guérilla.
Giangiacomo Schiavi
Corriere della Sera
http://www.courrierinternational.com/article.asp?obj_id=72755
