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    La mixité à la belge !!!

    Krill
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    La mixité à la belge !!! Empty La mixité à la belge !!!

    Message  Krill Jeu 28 Déc - 18:37

    Shocked

    Couples mixtes entre Belges
    Patrick Ollivier, 50 ans, et Marina Decoster, 48 ans, ne forment pas un couple tout à fait comme les autres à Melin. Un francophone marié à une Flamande : même dans cette région du Brabant wallon où l'on joue à saute-mouton sur la frontière linguistique belge, les ménages de ce type sont rares. Dans le royaume, la seule statistique disponible indique que ces unions ne dépasseraient pas 1 % du total. La réalité est sans doute moins caricaturale - un mariage entre une Flamande et un Wallon célébré à Bruxelles ne sera pas répertorié comme "mixte". Il n'empêche, francophones et néerlandophones vivent à côté, rarement ensemble.

    A Melin comme ailleurs, la création de la "frontière" fut, en 1962-1963, ressentie comme le fruit d'un processus purement politique destiné à assurer l'homogénéité linguistique de la Flandre et de la Wallonie. Ce sentiment très réel n'oublie pas d'être ambigu : à en croire les conversations, la Flandre toute proche est une amie, pas une rivale. Mais d'un côté comme de l'autre de cette drôle de ligne de partage, on se parle et on se connaît de moins en moins. Au point que dans plus d'un foyer on a cru - malgré ses invraisemblances criantes - au récent faux journal de la RTBF annonçant la scission du pays après une sécession de la Flandre.

    Il y a vingt-huit ans que Patrick le Wallon, né à Jodoigne, et Marina la Flamande, venue de Leuven, ont dansé leur premier slow dans une boîte de nuit où les jeunes des deux régions se rencontraient. A l'époque, ils ont échangé leurs premiers mots... en anglais. Depuis, chez les Ollivier, chacun a appris la langue de l'autre et tout, dans la vie quotidienne, est bilingue : la liste des courses, les conversations au restaurant - "ce qui trouble les serveurs" - et l'éducation de Linne, la fille du couple, baptisée dans les deux langues mais qui sera bientôt inscrite dans une école néerlandophone. "Je fais davantage confiance aux enseignants flamands", dit Marina. "Les écoles de Flandre offrent plus de possibilités", ajoute Patrick. L'éclatement du pays ? "Je crois que ma Belgique tiendra, dit Marina. Le mérite de l'émission de la RTBF est d'avoir fait réfléchir, d'avoir interrogé les gens sur ce qu'ils désirent vraiment." Pour son mari, "le pays subsistera même si la royauté disparaît. Le discours flamand sur les "profiteurs wallons" ne convainc pas la majorité du nord du pays."

    "Cette scission, dont la simple évocation me met en colère, est plausible, puisqu'elle pourrait découler d'une décision purement politique, prise le cas échéant contre l'avis de la population", juge, en revanche, François Tomas. Ce trentenaire, cadre francophone dans un bureau de recrutement, a franchi la frontière linguistique pour s'installer dans la Région flamande avec Katrien, sa compagne, professeure de latin et de grec dans la ville de Hal. "La séparation ? Ce serait affreux", affirme la jeune femme, issue d'un milieu flamand qui l'a poussée à devenir bilingue.

    Quand elle a rencontré François, 23 ans à l'époque, celui-ci n'osait pas parler la langue néerlandaise. Aujourd'hui, il la pratique quotidiennement dans sa vie professionnelle, lui reconnaissant des mérites : "Plus directe, moins truffée d'expressions toutes faites qui permettent de tourner autour du pot." Il se dit partisan d'un enseignement bilingue pour ses futurs enfants, constatant tous les jours le "vrai problème" que vivent des francophones qui se meuvent dans un environnement professionnel où l'on parle les deux langues. "Le plurilinguisme, c'est l'ouverture à la diversité", estime-t-il.

    Katrien, parfois plus critique à l'égard des francophones, agacée par le refus de certains de simplement "vouloir apprendre", énervée par les "facilités" qu'on leur concède à certains endroits, notamment dans la périphérie flamande de Bruxelles, se dit toutefois très attachée à l'unité du pays. "L'idée de Belgique, c'est la mixité, le multiculturalisme. En rencontrant mon compagnon, j'ai découvert une culture qui m'était inconnue, et même Michel Sardou", sourit la jeune professeure.

    Fils d'un homme politique bruxellois, François Tomas attendra que son père ait décroché pour, peut-être, se lancer dans la vie publique, mais il compte, en tout cas, le faire sur d'autres bases : "Il faut créer en Belgique ce qui n'existe plus : un parti national rassemblant les deux communautés. Ce n'est, contrairement à ce que pensent beaucoup, pas un retour en arrière, mais un pas vers l'avant." Le soir de la fameuse émission, François s'est surpris, pendant quelques minutes, à se demander s'il pourrait quitter la Flandre et sa belle maison de Tollembeek pour rejoindre, le lendemain, son bureau à Bruxelles. Et cette question-là, il ne veut, dit-il, plus jamais se la poser.

    Anne Van Asbroek, bruxelloise, socialiste et flamande, selon sa propre déclinaison, a bien connu ce monde politique, désigné partout comme le seul responsable - avec les médias - de la nouvelle querelle institutionnelle belge. Ephémère ministre des affaires bruxelloises au sein du gouvernement régional de Flandre, mariée à un francophone, cette juriste et interprète explique que même au sein des partis politiques qui se veulent les plus durs il n'existe pas toujours de majorité favorable à la scission. "Mais tant que chacun, Flamand comme Wallon, restera dans son monde, et s'y accrochera, on y croira."

    Pour ce qui est de l'opinion et de ses ambiguïtés, Anne Van Asbroek relève qu'au soir de la fausse scission elle a quand même entendu des "Flamands de Flandre" soupirer d'aise : "Enfin, on les a largués..."

    Parfaitement bilingue, mère de deux enfants éduqués dans les deux langues - "l'école en néerlandais, le parascolaire en français" -, l'ex-ministre ne se demande pas si elle est un modèle de cette bonne cohabitation que devait favoriser le fédéralisme belge. Réaliste, elle se dit simplement heureuse d'avoir rencontré Thierry Brassine, son mari, sur son lieu de travail - le Parlement régional de Bruxelles -, "parce que, sinon, je ne crois pas que j'aurais croisé son chemin : il n'y avait aucune raison que je fréquente un libéral francophone, royaliste et unitariste, fils d'un grand commis de l'Etat", ironise-t-elle.

    Aujourd'hui, tous les deux sont fâchés contre la RTBF : lui, parce qu'elle a évoqué crûment l'hypothèse de l'éclatement ; elle, parce qu'elle a "caricaturé" la Flandre en la présentant comme monolithique et séparatiste. L'avenir ? "La frontière linguistique existe peut-être, mais je ne veux pas la voir. Et je crois que l'existence de Bruxelles restera longtemps un frein à la séparation", dit Anne.

    Jean Cossement, fils d'agriculteurs flamands de Wallonie, éduqué en français, marié depuis cinquante et un ans à une Flamande et vivant à Bruxelles, est un autre pur produit de la Belgique plurielle. Cet ancien commerçant se souvient d'avoir dirigé, dans les années 1960, "six employés francophones et vingt ouvriers flamands qui se levaient à 4 heures du matin pour venir travailler". Il se souvient aussi des magasins de luxe de Knokke-le-Zoute, où l'on ne parlait que le français. Depuis, "tout s'est inversé". Mais Jean et Andrea, sa femme, restent optimistes : "On ne sait combien de temps ça peut tenir, mais, au pis, on devrait pouvoir se fondre dans une Europe des régions..."

    Jean-Pierre Stroobants


    http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3214,36-850028@51-845391,0.html



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