http://www.lalibre.be/article.phtml?id=10&subid=90&art_id=320066
Judiciaire
L'Exécutif musulman a financé Trabelsi
Roland Planchar
Mis en ligne le 13/12/2006
- - - - - - - - - - -
Un peu d'argent versé pour la "cantine" du terroriste. Cent euros à peine, mais la justice en fait une question de principe. Des perquisitions visent aussi une "prise d'intérêt" de la part de Mohamed Boulif, ancien président de l'Exécutif.
BELGA
Comme on le lira ci-dessous, ce n'est pas la première fois que l'"Organe chef de culte" de l'islam belge, qui se fait appeler "Exécutif des musulmans" (EMB), tombe dans l'actualité judiciaire. Mais voilà que, lundi et mardi, les enquêteurs du juge d'instruction bruxellois Michel Claise, ont procédé à de nouveaux devoirs judiciaires - perquisitions, saisies et interrogatoires - dans ce cadre.
L'affaire remonte à l'an dernier. Le mois de mai avait d'abord vu celui qui était encore président de l'Exécutif, Mohamed Boulif, être mis en cause pour les finances apparemment peu ordonnées de son institution. Il avait répliqué en se plaignant de fonds insuffisants, pointant du doigt le monde politique et, singulièrement, la ministre responsable des cultes, Laurette Onkelinx (PS). Sans vraiment convaincre.
Facture suspecte : 30 000 €
Depuis des mois déjà, un doute pesait cependant sur les comptes de l'Exécutif. On parlait, au-dedans et en dehors, de voyages superflus, de frais divers exagérés, d'achats informatiques truqués... Vrai, pas vrai ? Au cabinet de la ministre, un conseiller avait en tout cas donné l'alerte sur des bizarreries relevées à la réception des comptes. Un audit avait été commandé à un expert comptable. Et, au mois de septembre 2005, sur cette base, le cabinet transmettait le dossier à toutes fins utiles au procureur général de Bruxelles.
Ledit dossier arrivait ensuite au parquet qui désignait le juge Claise, avec comme conséquence la plus récente les perquisitions lancées lundi chez M. Boulif (absent car en séjour au Bahrein) et chez son beau-frère (chez qui des ordinateurs et des documents ont été saisis), visites suivies d'autres en différents endroits, mardi.
C'est que ces deux hommes sont soupçonnés de s'être, par le biais des sociétés SGI (informatique) et BCTH (comptabilité), rendus responsables de "prise d'intérêt". Des sociétés quasi familiales, nous dit-on en marge de l'enquête, dépendant du beau-frère de M. Boulif, lequel y jouerait également un rôle.
En cause, pour l'essentiel : des factures portant sur plus de 30000 euros réglées par l'ASBL "Gestion de l'EMB" à la société SGI, pour du matériel informatique. Et d'autres payées à BCTH.
Si, selon le beau-frère, tout est en ordre (il a en tout cas fourni des explications, qui valent ce qu'elles valent, aux enquêteurs), cela ne semble pas être le credo de la justice. Le parquet de Bruxelles a d'ailleurs commenté mardi le dossier par communiqué évoquant des "soupçons de détournement dans le chef des précédents dirigeants de l'EMB". Ce qui ne vise nécessairement pas le prédécesseur de M. Boulif, comme on le verra ci-dessous.
Il faut cependant retenir que les deux hommes n'ont pas été inculpés à ce stade, la justice préférant avancer dans l'enquête avant toute décision du genre. Et qu'ils sont de toute façon présumés innocents.
Mais il y a plus spectaculaire. Des informations préalables, découlant de l'examen des comptes, puis les perquisitions, ont montré que quelqu'un de l'EMB - non encore identifié - a ordonné un versement d'environ 100 euros, au départ des subsides alloués à l'Exécutif, sur le compte qui alimente la "cantine" de Nizar Trabelsi, reclus à la prison de Forest.
Trabelsi ? C'est ce candidat terroriste qui avait été condamné en appel le 9 juin 2004 à Bruxelles pour avoir fomenté un attentat contre la base aérienne militaire de Kleine Brogel. Les limiers de la Sûreté de l'Etat et de la Police fédérale avaient dévoilé le projet avant qu'il eut pu le mettre à exécution, mais l'intention y était bel et bien. Il l'avait du reste clairement avouée.
Alors, de l'argent public pour sa "cantine" (ses petits achats en prison) ? La justice, de toute évidence, ne veut pas s'attacher à la faiblesse de la somme, mais en fait une question de principe.
L'ennui, pour l'EMB actuel, bien que sans rapport avec les faits, réside bien sûr dans la nouvelle perte d'image d'une institution qui déjà peinait à en acquérir.
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L'Exécutif musulman a financé Trabelsi
Roland Planchar
Mis en ligne le 13/12/2006
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Un peu d'argent versé pour la "cantine" du terroriste. Cent euros à peine, mais la justice en fait une question de principe. Des perquisitions visent aussi une "prise d'intérêt" de la part de Mohamed Boulif, ancien président de l'Exécutif.
BELGA
Comme on le lira ci-dessous, ce n'est pas la première fois que l'"Organe chef de culte" de l'islam belge, qui se fait appeler "Exécutif des musulmans" (EMB), tombe dans l'actualité judiciaire. Mais voilà que, lundi et mardi, les enquêteurs du juge d'instruction bruxellois Michel Claise, ont procédé à de nouveaux devoirs judiciaires - perquisitions, saisies et interrogatoires - dans ce cadre.
L'affaire remonte à l'an dernier. Le mois de mai avait d'abord vu celui qui était encore président de l'Exécutif, Mohamed Boulif, être mis en cause pour les finances apparemment peu ordonnées de son institution. Il avait répliqué en se plaignant de fonds insuffisants, pointant du doigt le monde politique et, singulièrement, la ministre responsable des cultes, Laurette Onkelinx (PS). Sans vraiment convaincre.
Facture suspecte : 30 000 €
Depuis des mois déjà, un doute pesait cependant sur les comptes de l'Exécutif. On parlait, au-dedans et en dehors, de voyages superflus, de frais divers exagérés, d'achats informatiques truqués... Vrai, pas vrai ? Au cabinet de la ministre, un conseiller avait en tout cas donné l'alerte sur des bizarreries relevées à la réception des comptes. Un audit avait été commandé à un expert comptable. Et, au mois de septembre 2005, sur cette base, le cabinet transmettait le dossier à toutes fins utiles au procureur général de Bruxelles.
Ledit dossier arrivait ensuite au parquet qui désignait le juge Claise, avec comme conséquence la plus récente les perquisitions lancées lundi chez M. Boulif (absent car en séjour au Bahrein) et chez son beau-frère (chez qui des ordinateurs et des documents ont été saisis), visites suivies d'autres en différents endroits, mardi.
C'est que ces deux hommes sont soupçonnés de s'être, par le biais des sociétés SGI (informatique) et BCTH (comptabilité), rendus responsables de "prise d'intérêt". Des sociétés quasi familiales, nous dit-on en marge de l'enquête, dépendant du beau-frère de M. Boulif, lequel y jouerait également un rôle.
En cause, pour l'essentiel : des factures portant sur plus de 30000 euros réglées par l'ASBL "Gestion de l'EMB" à la société SGI, pour du matériel informatique. Et d'autres payées à BCTH.
Si, selon le beau-frère, tout est en ordre (il a en tout cas fourni des explications, qui valent ce qu'elles valent, aux enquêteurs), cela ne semble pas être le credo de la justice. Le parquet de Bruxelles a d'ailleurs commenté mardi le dossier par communiqué évoquant des "soupçons de détournement dans le chef des précédents dirigeants de l'EMB". Ce qui ne vise nécessairement pas le prédécesseur de M. Boulif, comme on le verra ci-dessous.
Il faut cependant retenir que les deux hommes n'ont pas été inculpés à ce stade, la justice préférant avancer dans l'enquête avant toute décision du genre. Et qu'ils sont de toute façon présumés innocents.
Mais il y a plus spectaculaire. Des informations préalables, découlant de l'examen des comptes, puis les perquisitions, ont montré que quelqu'un de l'EMB - non encore identifié - a ordonné un versement d'environ 100 euros, au départ des subsides alloués à l'Exécutif, sur le compte qui alimente la "cantine" de Nizar Trabelsi, reclus à la prison de Forest.
Trabelsi ? C'est ce candidat terroriste qui avait été condamné en appel le 9 juin 2004 à Bruxelles pour avoir fomenté un attentat contre la base aérienne militaire de Kleine Brogel. Les limiers de la Sûreté de l'Etat et de la Police fédérale avaient dévoilé le projet avant qu'il eut pu le mettre à exécution, mais l'intention y était bel et bien. Il l'avait du reste clairement avouée.
Alors, de l'argent public pour sa "cantine" (ses petits achats en prison) ? La justice, de toute évidence, ne veut pas s'attacher à la faiblesse de la somme, mais en fait une question de principe.
L'ennui, pour l'EMB actuel, bien que sans rapport avec les faits, réside bien sûr dans la nouvelle perte d'image d'une institution qui déjà peinait à en acquérir.
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