Le minimex mais sans foulard (28/10/2006)
Farah invitée à ôter son voile devant les autorités du CPAS de Wavre. Qui dit avoir refusé l'aide sociale pour d'autres raisons
WAVRE Après les écoles et les bureaux de vote, voici qu'une nouvelle affaire de voile islamique va se nouer dans un CPAS. À Wavre, Farah El Heilani, 21 ans, n'a pas pu défendre son dossier devant le comité de l'aide sociale parce qu'elle portait le foulard. L'affaire se déroule le 11 octobre. Auparavant, Farah, étudiante à l'UCL en seconde année Pharmacie, a introduit une demande de renouvellement de son aide. Depuis deux ans, une somme de 409 euros lui est octroyée chaque mois. Une enveloppe précieuse pour cette étudiante qui vit encore chez son papa, employé sous contrat précaire (article 60) et une mère sans emploi.
Ce jour-là, Farah est invitée à se présenter devant l'un des comités du CPAS. "Le président du CPAS voulait me voir parce que j'avais raté mon année, précise Farah. Avant cette réunion, mon assistante sociale m'avait prévenue : tu devras ôter ton foulard." Lorsque Farah rentre dans la salle, le président MR, Frédéric Janssens, lui demande immédiatement d'enlever son voile. "Je refuse. Il m'invite alors à sortir", ajournant l'audition qui aurait permis à Farah de défendre son cas.
Troublée, Farah a pris contact avec le Mrax. Pour le Mouvement contre le racisme, l'antisémitisme et la xénophobie et son président Radouane Bouhlal, "si le principe de neutralité constitutionnelle peut s'appliquer au personnel d'une administration, il ne peut en aucun cas s'appliquer aux usagers. Demain, la SNCB pourra alors dire qu'au nom de la laïcité, elle ne peut transporter de voyageuses voilées ! On est dans le délire."
Pour le CPAS, le refus d'octroyer un revenu d'intégration à Farah se base sur d'autres critères (échecs scolaires répétés, ressources familiales suffisantes...) même si, dans une lettre de justifications, le centre exprime son étonnement devant son refus d'enlever son voile.
"En raison du secret professionnel, je ne puis m'étendre sur l'affaire, répond Frédéric Janssens. Tout ce que je puis dire, c'est que nous n'avons pas cherché à habiller un refus par le port du voile. Ce n'est pas par pur plaisir que j'ai demandé à cette jeune fille d'enlever son voile. Mais tant qu'une circulaire claire n'existera pas sur cette question, selon moi une latitude est laissée aux CPAS mais aussi aux écoles et aux tribunaux." Reste que le Mrax et Farah ont décidé de porter plainte devant le tribunal du travail.
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