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    Sabrina Mervin et l'Islam

    silverbold
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    Sabrina Mervin et l'Islam Empty Sabrina Mervin et l'Islam

    Message  silverbold Lun 18 Sep - 17:31

    Sabrina Mervin, chercheuse, analyse la place de la raison dans les différents courants de l'islam:
    «Il n'y a pas de religion guerrière, mais son usage peut l'être»
    Par Christophe BOLTANSKI
    QUOTIDIEN : Lundi 18 septembre 2006 - 06:00
    avec
    Chargée de recherches au CNRS, affectée à l'Institut français du Proche-Orient (IFPO) à Beyrouth, Sabrina Mervin est l'auteur d'une Histoire de l'islam (1), ainsi qu'une spécialiste du chiisme contemporain (2). Elle revient sur la controverse citée par Benoît XVI qui rattache islam et violence.

    L'islam est-elle une religion guerrière ?

    Il n'y a pas des religions guerrières et des religions pacifistes. Une religion, c'est ce qu'on en fait. C'est un système de doctrines et de pratiques. Certes, l'islam a pour figure centrale le prophète Mohammed, qui est celle d'un guerrier. Mais de nombreux musulmans ont de lui une perception fort différente, celle d'un homme faisant le bien autour de lui, appelant à la fraternité, qui a créé une communauté nouvelle, ouverte aux autres. Jésus est une figure pacifique, tout comme son message, mais cela n'a pas empêché les chrétiens de faire la guerre en son nom. Il y a toujours un décalage entre la doctrine et la réalité.

    L'islam accorde cependant une importance particulière au jihad ?

    Le jihad n'est pas un pilier de l'islam, comme la prière ou le jeûne durant le mois de Ramadan. La notion de jihad a été amplement discutée et élaborée par les oulémas au cours du temps. Il faut distinguer entre le jihad défensif et le jihad offensif, entre le jihad contre soi et ses propres passions et le jihad exercé contre les autres. C'est une notion très complexe qui fait l'objet aujourd'hui de nouvelles lectures.

    Quelle est la place de la raison dans l'islam ?

    Cela dépend des écoles du Kalam, de la théologie musulmane, qui diffèrent sur des questions aussi essentielles que la nature de Dieu ou ses attributs. Il y a des différences énormes entre ce que vont dire les hanbalites, dont sont issus le wahhabisme et le salafisme, et les chiites duodécimains ou les zaydites, ainsi que tous ceux qui ont été influencés par le modernisme, celui de Mohammed Abdou par exemple. Les premiers, effectivement, refusent la raison, au nom d'un Dieu transcendant qui agit, punit ou récompense, selon son bon vouloir. Pour l'autre école, Dieu est juste. Ce qui change tout. L'homme est libre de ses actes, libre de faire le bien ou le mal. C'est notamment le cas de l'école Mu'tazilite, sunnite, mais dont les chiites se sont inspirés et qui a été redécouverte par le mouvement réformiste à partir de la fin du XIXe siècle.

    Mais l'école hanbalite n'est-elle pas aujourd'hui la plus populaire ?

    C'est sûr qu'il y a un mouvement qui va dans le sens d'une réislamisation et d'une radicalisation à la faveur d'idées qui sont très simples et du coup très faciles à faire passer. Mais, parallèlement à ce mouvement de politisation de l'islam, il y a un mouvement de sécularisation, notamment au Maghreb ou au Liban. Enfin, vous avez aussi des intellectuels qui conservent un esprit critique et des penseurs musulmans qui s'appuient complètement sur la raison et les sciences sociales. En Iran, ce sont souvent des clercs qui ont un doctorat en philosophie et ont étudié la théologie chrétienne. Ils sont nourris de sciences sociales, de Habermas par exemple. Ils essayent de repenser complètement l'islam. On ne peut pas dire que rien ne se passe.

    Benoît XVI oppose à l'islam un christianisme nourri de la pensée grecque.

    Mais cette pensée grecque a été restituée à l'Europe via l'Andalousie ! Ce sont les philosophes arabes qui ont traduit et ressuscité la pensée grecque. Ils s'en sont fortement inspirés, à commencer par Aristote. Si elle n'a pas eu une influence directe sur la doctrine islamique, elle a nourri toute la pensée arabe et musulmane. Après la mort d'Averroès, au XIVe siècle, il y a eu un net recul de la philosophie. Les doctrines étaient faites. Tout s'est relativement figé. Cela reste relatif. En Orient, la théosophie est restée vivace.

    On l'a vu avec les caricatures de Mohammed. Il est impossible de critiquer l'islam.

    C'est notre temps qui veut ça. D'une part, il y a une surmédiatisation, de l'autre un état de conflit. Dans ce contexte, les musulmans perçoivent tout ce qui est négatif comme une agression. Il y a une hypersensibilité du fait de la guerre en Irak ou en Afghanistan et les images qui en sont montrées. On n'a jamais eu autant besoin de dialogue qu'actuellement.

    N'y a-t-il pas une exploitation politique de cette affaire par des groupes ou des Etats arabo-musulmans ?

    Les Etats arabes ont peur des réactions de leurs opinions et préfèrent les devancer pour éviter d'avoir des manifestations. Cela devient très facile pour certains groupes qui cherchent à envenimer un peu plus les esprits, de mobiliser les foules sur ce type de sujet.

    (1) Flammarion, Paris, 2001.
    (2) Un réformisme chiite. Ulémas et lettrés du Ghabal 'Amil. Editions Karthala, 2003.


    http://www.liberation.fr/actualite/monde/205063.FR.php

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