Une féministe islamique
Irshad Manji est musulmane. Et démocrate, féministe et lesbienne. Pour elle, il n'y a là aucune contradiction. Elle s'en explique dans Musulmane mais libre (éd. Grasset), publié en français en 2004. L'ouvrage, très direct, dénonce aussi l'antisémitisme endémique, le patriarcat systématique et l'homophobie primaire qui ont trop souvent cours dans le monde musulman. Une situation inacceptable pour cette Canadienne d'origine indienne profondément croyante. Pour elle, rien dans le Coran ne justifie les dérives de « l'islam dominant ».
C'est en 2003 que, lassée par le silence assourdissant de ses « chers musulmans », Irshad Manji a décidé de prendre la parole. Et dire haut et fort ce que « beaucoup d'entre nous pensent, sans oser le faire publiquement », nous explique-t-elle, quasi cachée dans sa petite chambre d'un grand hôtel parisien. Irshad Manji est hyperprotégée. Comme elle le montre dans son documentaire Faith Without Fear (Croire sans peur), certains musulmans estiment que l'ancienne réfugiée d'Ouganda, débarquée à 4 ans à Vancouver, a « le visage du diable ». Difficile à comprendre. A 40 ans, Irshad Manji semble au contraire n'avoir rien perdu de l'adolescente pétillante qui, révoltée par les diatribes antisémites de son prof de religion, décida un jour de quitter sa madrasa au cri de « Jésus-Christ ! ». Traits rieurs, regard déterminé, elle explique avoir alors choisi l'islam plutôt qu'un prof « qui n'y connaissait peut-être rien ». Un islam éclairé découvert dans les bibliothèques qu'elle tente aujourd'hui de défendre dans des conférences où l'on se presse - comme à Paris la semaine dernière - ou sur son blog, www.irshadmanji.com, lieu de débats où, en deux ans, la traduction arabe de son livre a été téléchargée 300 000 fois. « Une journaliste du New York Times a rencontré de jeunes musulmanes menacées de crimes d'honneur qui affirmaient trouver leur courage dans mes textes », se félicite-t-elle. Il y a aussi les encouragements de sa très pieuse mère - une carte où il est écrit « Bravo» - que Manji a toujours sur elle. Autant de raisons d'y croire pour cette djihadiste d'un autre islam.
A - ©2008 20 minutes
20 Minutes, éditions du 29/01/2008 - 07h15
http://www.20minutes.fr/article/209351/Monde-Une-feministe-islamique.php
Irshad Manji est musulmane. Et démocrate, féministe et lesbienne. Pour elle, il n'y a là aucune contradiction. Elle s'en explique dans Musulmane mais libre (éd. Grasset), publié en français en 2004. L'ouvrage, très direct, dénonce aussi l'antisémitisme endémique, le patriarcat systématique et l'homophobie primaire qui ont trop souvent cours dans le monde musulman. Une situation inacceptable pour cette Canadienne d'origine indienne profondément croyante. Pour elle, rien dans le Coran ne justifie les dérives de « l'islam dominant ».
C'est en 2003 que, lassée par le silence assourdissant de ses « chers musulmans », Irshad Manji a décidé de prendre la parole. Et dire haut et fort ce que « beaucoup d'entre nous pensent, sans oser le faire publiquement », nous explique-t-elle, quasi cachée dans sa petite chambre d'un grand hôtel parisien. Irshad Manji est hyperprotégée. Comme elle le montre dans son documentaire Faith Without Fear (Croire sans peur), certains musulmans estiment que l'ancienne réfugiée d'Ouganda, débarquée à 4 ans à Vancouver, a « le visage du diable ». Difficile à comprendre. A 40 ans, Irshad Manji semble au contraire n'avoir rien perdu de l'adolescente pétillante qui, révoltée par les diatribes antisémites de son prof de religion, décida un jour de quitter sa madrasa au cri de « Jésus-Christ ! ». Traits rieurs, regard déterminé, elle explique avoir alors choisi l'islam plutôt qu'un prof « qui n'y connaissait peut-être rien ». Un islam éclairé découvert dans les bibliothèques qu'elle tente aujourd'hui de défendre dans des conférences où l'on se presse - comme à Paris la semaine dernière - ou sur son blog, www.irshadmanji.com, lieu de débats où, en deux ans, la traduction arabe de son livre a été téléchargée 300 000 fois. « Une journaliste du New York Times a rencontré de jeunes musulmanes menacées de crimes d'honneur qui affirmaient trouver leur courage dans mes textes », se félicite-t-elle. Il y a aussi les encouragements de sa très pieuse mère - une carte où il est écrit « Bravo» - que Manji a toujours sur elle. Autant de raisons d'y croire pour cette djihadiste d'un autre islam.
A - ©2008 20 minutes
20 Minutes, éditions du 29/01/2008 - 07h15
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