Naser Khader, arbitre danois
DANEMARK. L'ancien député musulman se pose en faiseur d'élection.
Yves Petignat
Mercredi 14 novembre 2007
Naser Khader, fils d'immigré promu «faiseur de roi», aura-t-il réussi son pari de briser la logique d'affrontement entre gauche et droite qui caractérise la politique danoise, et de réduire l'influence des extrémistes du Parti du peuple? Il aura fallu attendre jusqu'à la dernière minute, mardi, pour savoir si le soutien, sous condition, de la Nouvelle Alliance de Naser Khader au premier ministre sortant, le libéral Anders Fogh Rasmussen, aura fait pencher à gauche ou à droite les résultats des élections législatives anticipées, que l'on attendait serrés.
Double formation
L'apport des cinq ou six sièges possibles de la Nouvelle Alliance de centre droit pourrait en effet dispenser la coalition conservatrice libérale d'Anders Fogh Rasmussen de s'appuyer sur le parti d'extrême droite. Naser Khader, qui a déçu quelques-uns de ses sympathisants en liant trop vite son sort à celui du premier ministre, y joue aussi l'avenir de son jeune mouvement.
Charismatique, décontracté en jeans et parka gris-vert, cet homme de 44 ans aux épaules carrées a mené une campagne très médiatisée, attirant aussi bien les jeunes électeurs immigrés que les journalistes lors de ses tournées de poignées de main. C'est lui qui aura constitué le véritable événement de cette campagne.
Mais quel que soit son résultat, ce fils d'immigrés aura déjà beaucoup obtenu depuis son arrivée au Danemark à l'âge de 12 ans. Né en Syrie, dans les environs de Damas, d'un père palestinien et d'une mère syrienne, Naser Khader, avec sa mère et ses quatre frères et sœurs, est venu rejoindre son père à Copenhague en 1974. La famille, qui tenait un petit commerce de fruits et légumes, s'est très vite et bien intégrée dans la société danoise.
Elève doué, Naser Khader a obtenu un diplôme en sciences politiques à l'université de la capitale avant d'entreprendre l'étude du Coran à l'Université al-Azhar du Caire. C'est cette double formation qui lui a permis de s'imposer comme l'une des personnalités les plus respectées dans le dialogue entre démocratie et islam.
En 2001, il a été le premier député musulman élu au parlement danois sur une liste du parti libéral de gauche «Radikale Venstre», qu'il a quitté pour fonder en mai dernier sa propre formation de centre droit. Mais c'est la crise des caricatures de Mahomet, au début 2006, qui l'a projeté sur le devant de la scène nationale, voire internationale. Devant la presse arabe, tout en fustigeant le racisme et la haine religieuse des extrémistes de droite, il a défendu les valeurs démocratiques de son pays d'adoption. Mais il a aussi accusé les imams danois de tenir un double discours et de jeter de l'huile sur le feu face aux caméras arabes.
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DANEMARK. L'ancien député musulman se pose en faiseur d'élection.
Yves Petignat
Mercredi 14 novembre 2007
Naser Khader, fils d'immigré promu «faiseur de roi», aura-t-il réussi son pari de briser la logique d'affrontement entre gauche et droite qui caractérise la politique danoise, et de réduire l'influence des extrémistes du Parti du peuple? Il aura fallu attendre jusqu'à la dernière minute, mardi, pour savoir si le soutien, sous condition, de la Nouvelle Alliance de Naser Khader au premier ministre sortant, le libéral Anders Fogh Rasmussen, aura fait pencher à gauche ou à droite les résultats des élections législatives anticipées, que l'on attendait serrés.
Double formation
L'apport des cinq ou six sièges possibles de la Nouvelle Alliance de centre droit pourrait en effet dispenser la coalition conservatrice libérale d'Anders Fogh Rasmussen de s'appuyer sur le parti d'extrême droite. Naser Khader, qui a déçu quelques-uns de ses sympathisants en liant trop vite son sort à celui du premier ministre, y joue aussi l'avenir de son jeune mouvement.
Charismatique, décontracté en jeans et parka gris-vert, cet homme de 44 ans aux épaules carrées a mené une campagne très médiatisée, attirant aussi bien les jeunes électeurs immigrés que les journalistes lors de ses tournées de poignées de main. C'est lui qui aura constitué le véritable événement de cette campagne.
Mais quel que soit son résultat, ce fils d'immigrés aura déjà beaucoup obtenu depuis son arrivée au Danemark à l'âge de 12 ans. Né en Syrie, dans les environs de Damas, d'un père palestinien et d'une mère syrienne, Naser Khader, avec sa mère et ses quatre frères et sœurs, est venu rejoindre son père à Copenhague en 1974. La famille, qui tenait un petit commerce de fruits et légumes, s'est très vite et bien intégrée dans la société danoise.
Elève doué, Naser Khader a obtenu un diplôme en sciences politiques à l'université de la capitale avant d'entreprendre l'étude du Coran à l'Université al-Azhar du Caire. C'est cette double formation qui lui a permis de s'imposer comme l'une des personnalités les plus respectées dans le dialogue entre démocratie et islam.
En 2001, il a été le premier député musulman élu au parlement danois sur une liste du parti libéral de gauche «Radikale Venstre», qu'il a quitté pour fonder en mai dernier sa propre formation de centre droit. Mais c'est la crise des caricatures de Mahomet, au début 2006, qui l'a projeté sur le devant de la scène nationale, voire internationale. Devant la presse arabe, tout en fustigeant le racisme et la haine religieuse des extrémistes de droite, il a défendu les valeurs démocratiques de son pays d'adoption. Mais il a aussi accusé les imams danois de tenir un double discours et de jeter de l'huile sur le feu face aux caméras arabes.
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