Les premiers Européens étaient de bons marcheurs
LE MONDE | 20.09.07 | 17h14 • Mis à jour le 20.09.07 | 17h14
Les premiers hommes qui ont quitté l'Afrique pour l'Europe avaient de bonnes jambes. Mais le reste de leur corps - cerveau et membres supérieurs - conservait encore des caractères primitifs. Cette évolution apparaît nettement sur des squelettes vieux de 1,77 million d'années appartenant à un adolescent et à quatre adultes découverts sur le site de Dmanisi, en Géorgie.
Ce site avait déjà fourni en 1999 deux crânes d'un âge similaire, qui avaient fait sensation à l'époque, car ils fournissaient la première preuve de la très ancienne présence de l'homme sur notre continent. Ces ossements avaient été attribués à l'époque à Homo ergaster, un Homo erectus primitif. Mais tout le monde attendait le reste du squelette pour en savoir un peu plus sur l'allure de ces êtres, qui allaient à l'encontre de l'idée admise de la sortie d'Afrique par un Homo erectus évolué doté d'une haute taille (1,70 m), et d'un cerveau de 900 cm3.
Les caractéristiques des quatre squelettes de Dmanisi, publiées dans Nature du 20 septembre par une équipe internationale sous la direction de David Lordkipanidze (musée national géorgien de Tbilissi), montrent que l'on peut avoir un petit cerveau et partir à la conquête du monde. Leur capacité cérébrale varie de 600 à 775 cm3 et est plus proche de celle de Homo habilis, considéré comme le premier homme et présent en Afrique il y a 2 millions d'années. Les premiers Européens étaient aussi petits. Les adultes mesuraient entre 1,45 et 1, 66 m pour un poids de 40 à 50 kg. Et leur humérus n'était pas aussi mobile que le nôtre, car "ils avaient encore les bras et les épaules adaptés au grimper", note Jean-Jacques Jaeger, professeur de paléontologie à l'université de Poitiers. Par contre, les proportions d'ensemble des membres inférieurs et supérieurs étaient quasiment modernes et le pied possédait une voûte plantaire déjà bien développée.
COLLISION TECTONIQUE
Ces travaux suggèrent que la sortie d'Afrique - berceau de l'humanité - a été un processus complexe, qui a peut-être commencé très tôt. "Il y a certainement eu plusieurs phases distinctes de peuplement issues du continent africain vers l'Europe", précise Jean-Jacques Jaeger. Elles étaient facilitées par la collision tectonique de l'Afrique avec l'Eurasie entamée il y a vingt millions d'années, qui a permis aux espèces de passer d'un continent à l'autre. Pour suivre les animaux nécessaires à la survie, il fallait marcher longtemps.
"Ces pressions de sélection pour une meilleure bipédie expliquent que ces caractères se sont peut-être fixés plus rapidement", note Pascal Picq, paléoanthropologue et maître de conférences au Collège de France. Cette remarquable mobilité a permis aux premiers hommes d'occuper des biotopes très variés.
Christiane Galus
www.lemonde.fr
LE MONDE | 20.09.07 | 17h14 • Mis à jour le 20.09.07 | 17h14
Les premiers hommes qui ont quitté l'Afrique pour l'Europe avaient de bonnes jambes. Mais le reste de leur corps - cerveau et membres supérieurs - conservait encore des caractères primitifs. Cette évolution apparaît nettement sur des squelettes vieux de 1,77 million d'années appartenant à un adolescent et à quatre adultes découverts sur le site de Dmanisi, en Géorgie.
Ce site avait déjà fourni en 1999 deux crânes d'un âge similaire, qui avaient fait sensation à l'époque, car ils fournissaient la première preuve de la très ancienne présence de l'homme sur notre continent. Ces ossements avaient été attribués à l'époque à Homo ergaster, un Homo erectus primitif. Mais tout le monde attendait le reste du squelette pour en savoir un peu plus sur l'allure de ces êtres, qui allaient à l'encontre de l'idée admise de la sortie d'Afrique par un Homo erectus évolué doté d'une haute taille (1,70 m), et d'un cerveau de 900 cm3.
Les caractéristiques des quatre squelettes de Dmanisi, publiées dans Nature du 20 septembre par une équipe internationale sous la direction de David Lordkipanidze (musée national géorgien de Tbilissi), montrent que l'on peut avoir un petit cerveau et partir à la conquête du monde. Leur capacité cérébrale varie de 600 à 775 cm3 et est plus proche de celle de Homo habilis, considéré comme le premier homme et présent en Afrique il y a 2 millions d'années. Les premiers Européens étaient aussi petits. Les adultes mesuraient entre 1,45 et 1, 66 m pour un poids de 40 à 50 kg. Et leur humérus n'était pas aussi mobile que le nôtre, car "ils avaient encore les bras et les épaules adaptés au grimper", note Jean-Jacques Jaeger, professeur de paléontologie à l'université de Poitiers. Par contre, les proportions d'ensemble des membres inférieurs et supérieurs étaient quasiment modernes et le pied possédait une voûte plantaire déjà bien développée.
COLLISION TECTONIQUE
Ces travaux suggèrent que la sortie d'Afrique - berceau de l'humanité - a été un processus complexe, qui a peut-être commencé très tôt. "Il y a certainement eu plusieurs phases distinctes de peuplement issues du continent africain vers l'Europe", précise Jean-Jacques Jaeger. Elles étaient facilitées par la collision tectonique de l'Afrique avec l'Eurasie entamée il y a vingt millions d'années, qui a permis aux espèces de passer d'un continent à l'autre. Pour suivre les animaux nécessaires à la survie, il fallait marcher longtemps.
"Ces pressions de sélection pour une meilleure bipédie expliquent que ces caractères se sont peut-être fixés plus rapidement", note Pascal Picq, paléoanthropologue et maître de conférences au Collège de France. Cette remarquable mobilité a permis aux premiers hommes d'occuper des biotopes très variés.
Christiane Galus
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