Séparation : le mot n'est plus tabou
DELVAUX,BEATRICE
lundi 03 septembre 2007, 07:09
Il est des moments qu'il faut marquer d'une croix car l'histoire s'y fait en direct. Comme aujourd'hui, depuis tous ces jours où l'idée de la séparation du pays, d'une Flandre indépendante et d'un solde bruxello-wallon (francophone ?) isolé, est passée du fictionnel au vraisemblable, de l'impensable à l'envisageable.
Un indice parmi d'autres : lorsqu'on les interroge sur le pronostic de vie de la Belgique à moyen terme, plus aucun homme d'affaires, plus aucun homme politique ne répond, mais laisse un grand blanc qui en dit long. Ce n'est plus ici « l'irresponsable RTBF » qui joue à nous faire peur. Ce sont des hommes et femmes au fait de notre réalité qui envisagent le « bye bye Belgium ».
Le tabou est donc tombé. Est-ce surprenant ? Non. Les divergences profondes entre Nord et Sud dans les conceptions sur le rôle de l'État fédéral et la manière de gérer les citoyens, la distance croissante entre la culture et le quotidien des deux populations, l'irritation née de négociations « entre sourds », rendent logique la question de savoir si l'on ne serait pas mieux séparé.
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Est-ce grave ? Non. La soudaine probabilité d'une scission force à la réflexion, à la responsabilité. Côté flamand, notamment, où l'on se rend soudain compte que cette « solution » comprend moult désavantages et complexités. « Plus facile à dire qu'à faire », titrait le Standaard en conclusion d'un très intéressant exercice séparatiste, ce week-end. Alors que l'Open-VLD Karel De Gucht évoquait un scénario illusoire, qui serait rejeté par la population et les milieux économiques du nord du pays dès qu'il deviendrait une réalité.
Le tabou tombe et ce sont des Flamands qui admettent que la séparation n'est pas le paradis promis par les nationalistes et comportera de part et d'autre du sang et des larmes. Aux francophones de profiter de cette prise de conscience nordiste. Non pour se sentir soulagés – estimant que le boulet est à nouveau passé à côté de la cible –, mais au contraire pour, plus que jamais, construire ce projet qui leur permettra de se confronter au scénario séparatiste autrement qu'en claquant des genoux.
http://www.lesoir.be/forum/editos/separation-le-mot-n-est-plus-2007-09-03-547311.shtml
DELVAUX,BEATRICE
lundi 03 septembre 2007, 07:09
Il est des moments qu'il faut marquer d'une croix car l'histoire s'y fait en direct. Comme aujourd'hui, depuis tous ces jours où l'idée de la séparation du pays, d'une Flandre indépendante et d'un solde bruxello-wallon (francophone ?) isolé, est passée du fictionnel au vraisemblable, de l'impensable à l'envisageable.
Un indice parmi d'autres : lorsqu'on les interroge sur le pronostic de vie de la Belgique à moyen terme, plus aucun homme d'affaires, plus aucun homme politique ne répond, mais laisse un grand blanc qui en dit long. Ce n'est plus ici « l'irresponsable RTBF » qui joue à nous faire peur. Ce sont des hommes et femmes au fait de notre réalité qui envisagent le « bye bye Belgium ».
Le tabou est donc tombé. Est-ce surprenant ? Non. Les divergences profondes entre Nord et Sud dans les conceptions sur le rôle de l'État fédéral et la manière de gérer les citoyens, la distance croissante entre la culture et le quotidien des deux populations, l'irritation née de négociations « entre sourds », rendent logique la question de savoir si l'on ne serait pas mieux séparé.
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Est-ce grave ? Non. La soudaine probabilité d'une scission force à la réflexion, à la responsabilité. Côté flamand, notamment, où l'on se rend soudain compte que cette « solution » comprend moult désavantages et complexités. « Plus facile à dire qu'à faire », titrait le Standaard en conclusion d'un très intéressant exercice séparatiste, ce week-end. Alors que l'Open-VLD Karel De Gucht évoquait un scénario illusoire, qui serait rejeté par la population et les milieux économiques du nord du pays dès qu'il deviendrait une réalité.
Le tabou tombe et ce sont des Flamands qui admettent que la séparation n'est pas le paradis promis par les nationalistes et comportera de part et d'autre du sang et des larmes. Aux francophones de profiter de cette prise de conscience nordiste. Non pour se sentir soulagés – estimant que le boulet est à nouveau passé à côté de la cible –, mais au contraire pour, plus que jamais, construire ce projet qui leur permettra de se confronter au scénario séparatiste autrement qu'en claquant des genoux.
http://www.lesoir.be/forum/editos/separation-le-mot-n-est-plus-2007-09-03-547311.shtml