Torture
Abou Ghraib n'était pas une exception Marie SimoN
Les images d'Abou Ghraib ne sont pas près de s'effacer. Human Rights Watch (HRW) estime que la torture était répandue en Irak, même après le scandale d'Abou Ghraib déclenché par la publication de photographies de prisonniers maltraités par des soldats américains au printemps 2004. Dans le débat alors provoqué, Washington s'était défendu d'autoriser la torture contre les Irakiens détenus et les militaires qui figuraient sur les clichés avaient été jugés et condamnés.
Une feuille-type d'autorisation
Le rapport que l'organisation de défense des droits de l'homme a publié dimanche vient radicalement contredire les déclarations officielles de l'époque. Les témoignages de soldats regroupés par HRW sont accablants. Selon John Sifton, auteur du rapport et responsable de la recherche sur le terrorisme et le contre-terrorisme à HRW, "ils montrent que ces techniques [de torture] étaient admises et utilisées régulièrement", de 2003 à 2005. En particulier dans le Camp Nama, à l'aéroport de Bagdad où des pelotons spéciaux sévissaient.
Les soldats y décrivent de violents passages à tabac, des détenus privés de sommeil ou exposés à des températures extrêmes, ou encore l'usage de chiens destinés à effrayer les victimes. Les témoignages concernant Camp Nama font également état d'une feuille-type pour demander l'autorisation de recourir aux méthodes violentes. "C'était juste une liste de techniques, raconte l'un des interrogateurs. Si vous envisagiez un interrogatoire musclé, il suffisait de demander une signature. Je n'ai jamais vu une feuille non signée".
Encouragés à torturer
Les témoignages indiquent aussi que les soldats qui ont essayé de dénoncer cette brutalité excessive ont subi des remontrances, ou qu'ils n'étaient simplement pas écoutés. A la suite d'une plainte d'un soldat concernant des tortures commises dans une installation proche de l'aéroport de Bagdad, par exemple, des juristes de l'armée sont intervenus pour... encourager le recours à la violence.
"On a dit aux soldats que les Conventions de Genève ne s'appliquaient pas et que les interrogateurs pouvaient recourir à des méthodes violentes pour faire parler les détenus", poursuit John Sifton. "Ils nous ont dit qu'il s'agissait de combattants ennemis, que ce n'étaient pas des prisonniers de guerre. Donc on pouvait leur faire tous ces trucs, et le reste", a expliqué un interrogateur.
La fin ne justifie pas les moyens
La question de la torture est très sensible aux Etats-Unis, surtout depuis les attaques du 11 septembre 2001. Pour certains, peu importe les moyens employés, pourvu que les renseignements souhaités soient obtenus. HRW s'oppose clairement à cette approche. "Les crimes des insurgés ne constituent pas une excuse, indique John Sifton. [...] Les exactions perpétrées par l'une des parties du conflit, aussi ignobles soient-elles, ne peuvent justifier les violations commises par l'autre partie. Il s'agit d'un principe fondamental du droit de la guerre".
L'organisation de défense des droits de l'homme souhaite que le Congrès américain nomme une commission indépendante et neutre chargée d'examiner la véritable ampleur des exactions commises en Irak, les failles qui entravent les dénonciations des mauvais traitements et la complicité des responsables en haut lieu, et non pas seulement de quelques soldats subalternes. HRW demande aussi au président des Etats-Unis de désigner un procureur indépendant qui puisse poursuivre en justice les auteurs de ces exactions et ceux qui ont fermé les yeux.
http://www.lexpress.fr/info/quotidien/actu.asp?id=4892
Abou Ghraib n'était pas une exception Marie SimoN
Les images d'Abou Ghraib ne sont pas près de s'effacer. Human Rights Watch (HRW) estime que la torture était répandue en Irak, même après le scandale d'Abou Ghraib déclenché par la publication de photographies de prisonniers maltraités par des soldats américains au printemps 2004. Dans le débat alors provoqué, Washington s'était défendu d'autoriser la torture contre les Irakiens détenus et les militaires qui figuraient sur les clichés avaient été jugés et condamnés.
Une feuille-type d'autorisation
Le rapport que l'organisation de défense des droits de l'homme a publié dimanche vient radicalement contredire les déclarations officielles de l'époque. Les témoignages de soldats regroupés par HRW sont accablants. Selon John Sifton, auteur du rapport et responsable de la recherche sur le terrorisme et le contre-terrorisme à HRW, "ils montrent que ces techniques [de torture] étaient admises et utilisées régulièrement", de 2003 à 2005. En particulier dans le Camp Nama, à l'aéroport de Bagdad où des pelotons spéciaux sévissaient.
Les soldats y décrivent de violents passages à tabac, des détenus privés de sommeil ou exposés à des températures extrêmes, ou encore l'usage de chiens destinés à effrayer les victimes. Les témoignages concernant Camp Nama font également état d'une feuille-type pour demander l'autorisation de recourir aux méthodes violentes. "C'était juste une liste de techniques, raconte l'un des interrogateurs. Si vous envisagiez un interrogatoire musclé, il suffisait de demander une signature. Je n'ai jamais vu une feuille non signée".
Encouragés à torturer
Les témoignages indiquent aussi que les soldats qui ont essayé de dénoncer cette brutalité excessive ont subi des remontrances, ou qu'ils n'étaient simplement pas écoutés. A la suite d'une plainte d'un soldat concernant des tortures commises dans une installation proche de l'aéroport de Bagdad, par exemple, des juristes de l'armée sont intervenus pour... encourager le recours à la violence.
"On a dit aux soldats que les Conventions de Genève ne s'appliquaient pas et que les interrogateurs pouvaient recourir à des méthodes violentes pour faire parler les détenus", poursuit John Sifton. "Ils nous ont dit qu'il s'agissait de combattants ennemis, que ce n'étaient pas des prisonniers de guerre. Donc on pouvait leur faire tous ces trucs, et le reste", a expliqué un interrogateur.
La fin ne justifie pas les moyens
La question de la torture est très sensible aux Etats-Unis, surtout depuis les attaques du 11 septembre 2001. Pour certains, peu importe les moyens employés, pourvu que les renseignements souhaités soient obtenus. HRW s'oppose clairement à cette approche. "Les crimes des insurgés ne constituent pas une excuse, indique John Sifton. [...] Les exactions perpétrées par l'une des parties du conflit, aussi ignobles soient-elles, ne peuvent justifier les violations commises par l'autre partie. Il s'agit d'un principe fondamental du droit de la guerre".
L'organisation de défense des droits de l'homme souhaite que le Congrès américain nomme une commission indépendante et neutre chargée d'examiner la véritable ampleur des exactions commises en Irak, les failles qui entravent les dénonciations des mauvais traitements et la complicité des responsables en haut lieu, et non pas seulement de quelques soldats subalternes. HRW demande aussi au président des Etats-Unis de désigner un procureur indépendant qui puisse poursuivre en justice les auteurs de ces exactions et ceux qui ont fermé les yeux.
http://www.lexpress.fr/info/quotidien/actu.asp?id=4892