Nabih Berri accuse l'Onu d'ignorer la Constitution libanaise
31/05/2007 - 14h15 - © Reuters
Le chiite Nabih Berri, président du Parlement libanais, accuse le Conseil de sécurité de l'Onu d'ignorer la Constitution du pays du Cèdre en instituant un tribunal à caractère international pour juger les assassins présumés de l'ancien Premier ministre Rafic Hariri.
Pour ce proche allié de la Syrie, hostile à cette juridiction parrainée par Washington, Londres et Paris, les Quinze ont également ignoré l'indispensable "consensus libanais" sur cette question ultrasensible à Beyrouth et dans la région.
"Vous avez choisi la voie de l'internationalisation plutôt que celle de l'Etat (libanais)", a fait valoir le président du Parlement et dirigeant de premier plan de l'opposition au gouvernement pro-occidental de Fouad Siniora, dans une brève déclaration.
Ce tribunal est au coeur d'une profonde fracture politique entre les dirigeants libanais alliés soucieux de ne pas déplaire à Damas et ceux qui y voient le moyen de réduire l'influence syrienne au pays du Cèdre.
Berri refuse de convoquer une réunion du Parlement pour se prononcer sur le projet du tribunal voulu par l'Onu parce qu'il conteste la légitimité du gouvernement Siniora, aux mains d'une coalition d'adversaires de la Syrie et soutenu par les Occidentaux.
La coalition au pouvoir, dont le fils et héritier politique de Rafic Hariri, Saad, chef de file du Courant du futur, fait de la création du tribunal une priorité et a qualifié le vote de mercredi à l'Onu de victoire pour le Liban.
Saad Hariri et ses alliés accusent les Syriens d'avoir orchestré l'attentat à la camionnette piégée qui a tué Rafic Hariri et 22 autres personnes le 14 février 2005 à Beyrouth.
"LE NOEUD SE RESSERRE"
Ils reprochent aussi à Damas d'avoir orchestré une série d'autres attentats contre des adversaires de la Syrie, ce que cette dernière nie farouchement.
Les alliés de Damas au Liban, dont le parti du Hezbollah, affirment que le tribunal sera instrumentalisé politiquement par les Etats-Unis.
Le Parti de Dieu n'a pas encore commenté le vote au Conseil de sécurité mais s'était élevé avec force contre les appels pour une action unilatérale de l'Onu pour instaurer cette juridiction.
Damas a averti que l'initiative prise aux Nations unies risquait de plonger le Liban dans une instabilité accrue, une opinion partagée par la presse libanaise jeudi.
Dans le quotidien progouvernemental Al Nahar, l'éditorialiste Ali Hamadeh écrit que "le noeud se resserre au cou des assassins". Mais, met-il en garde, le tribunal "risque de ne pas déboucher dans l'immédiat sur la sécurité. Il pourrait même inciter ceux qui seraient visés (par lui) à recourir aux menaces, à l'intimidation et au sabotage".
Les détracteurs de la création unilatérale d'un tribunal ne sont pas en reste. Omar Neshabi, qui écrit dans le journal d'opposition Al Akhbar, estime qu'instaurer cette juridiction sans consensus "pose de graves questions pour la sécurité et la stabilité".
Le Hezbollah et ses alliés ont toujours dit qu'ils soutenaient le principe d'un tribunal pour juger les assassins de Rafic Hariri, réclamant toutefois de débattre de son mandat.
A Paris, Bernard Kouchner, nouveau ministre français des Affaires, s'est félicité du vote à l'Onu. "Le Conseil a su prendre ses responsabilités devant l'impasse institutionnelle dans laquelle se trouvait le Liban.
"Nous savons que le tribunal prendra la relève (de l'enquête) et que les responsables seront jugés. Comme le veulent tous les Libanais, de tout bord et de toute confession, il n'y aura pas d'impunité", assure-t-il dans un communiqué.
Rafic Hariri a été assassiné sur la Corniche de Beyrouth, qui a été rouverte au trafic ce jeudi pour la première fois depuis l'attentat de 2005.
http://www.lepoint.fr/content/monde/article?id=185507
31/05/2007 - 14h15 - © Reuters
Le chiite Nabih Berri, président du Parlement libanais, accuse le Conseil de sécurité de l'Onu d'ignorer la Constitution du pays du Cèdre en instituant un tribunal à caractère international pour juger les assassins présumés de l'ancien Premier ministre Rafic Hariri.
Pour ce proche allié de la Syrie, hostile à cette juridiction parrainée par Washington, Londres et Paris, les Quinze ont également ignoré l'indispensable "consensus libanais" sur cette question ultrasensible à Beyrouth et dans la région.
"Vous avez choisi la voie de l'internationalisation plutôt que celle de l'Etat (libanais)", a fait valoir le président du Parlement et dirigeant de premier plan de l'opposition au gouvernement pro-occidental de Fouad Siniora, dans une brève déclaration.
Ce tribunal est au coeur d'une profonde fracture politique entre les dirigeants libanais alliés soucieux de ne pas déplaire à Damas et ceux qui y voient le moyen de réduire l'influence syrienne au pays du Cèdre.
Berri refuse de convoquer une réunion du Parlement pour se prononcer sur le projet du tribunal voulu par l'Onu parce qu'il conteste la légitimité du gouvernement Siniora, aux mains d'une coalition d'adversaires de la Syrie et soutenu par les Occidentaux.
La coalition au pouvoir, dont le fils et héritier politique de Rafic Hariri, Saad, chef de file du Courant du futur, fait de la création du tribunal une priorité et a qualifié le vote de mercredi à l'Onu de victoire pour le Liban.
Saad Hariri et ses alliés accusent les Syriens d'avoir orchestré l'attentat à la camionnette piégée qui a tué Rafic Hariri et 22 autres personnes le 14 février 2005 à Beyrouth.
"LE NOEUD SE RESSERRE"
Ils reprochent aussi à Damas d'avoir orchestré une série d'autres attentats contre des adversaires de la Syrie, ce que cette dernière nie farouchement.
Les alliés de Damas au Liban, dont le parti du Hezbollah, affirment que le tribunal sera instrumentalisé politiquement par les Etats-Unis.
Le Parti de Dieu n'a pas encore commenté le vote au Conseil de sécurité mais s'était élevé avec force contre les appels pour une action unilatérale de l'Onu pour instaurer cette juridiction.
Damas a averti que l'initiative prise aux Nations unies risquait de plonger le Liban dans une instabilité accrue, une opinion partagée par la presse libanaise jeudi.
Dans le quotidien progouvernemental Al Nahar, l'éditorialiste Ali Hamadeh écrit que "le noeud se resserre au cou des assassins". Mais, met-il en garde, le tribunal "risque de ne pas déboucher dans l'immédiat sur la sécurité. Il pourrait même inciter ceux qui seraient visés (par lui) à recourir aux menaces, à l'intimidation et au sabotage".
Les détracteurs de la création unilatérale d'un tribunal ne sont pas en reste. Omar Neshabi, qui écrit dans le journal d'opposition Al Akhbar, estime qu'instaurer cette juridiction sans consensus "pose de graves questions pour la sécurité et la stabilité".
Le Hezbollah et ses alliés ont toujours dit qu'ils soutenaient le principe d'un tribunal pour juger les assassins de Rafic Hariri, réclamant toutefois de débattre de son mandat.
A Paris, Bernard Kouchner, nouveau ministre français des Affaires, s'est félicité du vote à l'Onu. "Le Conseil a su prendre ses responsabilités devant l'impasse institutionnelle dans laquelle se trouvait le Liban.
"Nous savons que le tribunal prendra la relève (de l'enquête) et que les responsables seront jugés. Comme le veulent tous les Libanais, de tout bord et de toute confession, il n'y aura pas d'impunité", assure-t-il dans un communiqué.
Rafic Hariri a été assassiné sur la Corniche de Beyrouth, qui a été rouverte au trafic ce jeudi pour la première fois depuis l'attentat de 2005.
http://www.lepoint.fr/content/monde/article?id=185507
