http://www.memri.org/bin/french/latestnews.cgi?ID=SD120506
Juillet 14, 2006 No.1205
Le rôle de l'Iran dans la récente escalade à la frontière d'Israël (2) : Réactions en Iran, au Liban et en Syrie
Le 13 juillet 2006, Les médias syriens et libanais ont publié des articles et des déclarations sur l'explosion du conflit entre Israël et le Hezbollah.
Le 4 mai 2006, le cheikh Subhi Al-Tufeili, fondateur et ancien secrétaire général du Hezbollah, avait déclaré sur Al-Arabiya : "Le Hezbollah est engagé par la politique iranienne (…) J'ai déjà dit que les chiites au Liban servent de 'terrain de jeu' à l'Iran (…) Le Hezbollah encourage les relations avec les Syriens, mais il est en vérité dirigé par la jurisprudence, c'est-à-dire par le Guide suprême iranien Ali Khamenei." Voir le clip n° 1132 de MEMRI TV sur www.memritv.org (le 4 mai 2006).
Voici des extraits d'articles et de déclarations diffusés dans les médias iraniens, syriens et libanais : (1)
Le président iranien Ahmadinedjad menace l'Europe
Après la décision des 5+1 (les 5 membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU plus l'Allemagne) du 12 juillet 2006 de référer le dossier nucléaire iranien au Conseil de sécurité, le président iranien Mahmoud Ahmadinedjad a menacé l'Europe en ces termes :
"Si la nation iranienne et son gouvernement concluent que les pays occidentaux n'ont pas de bonnes intentions (quant à la résolution du problème nucléaire iranien), ils changeront de politique face aux propositions (de l'Occident à l'Iran - en échange de la cessation de l'enrichissement d'uranium) (…) Nul ne peut s'attendre à ce que des tensions qui existent depuis plusieurs années soient résolues en si peu de temps (…) L'exacerbation des tensions au (Moyen-Orient) se fera au dépens des Européens. La nation iranienne et son gouvernement sont suffisamment forts pour affronter les dommages que peuvent provoquer les tensions."
Ahmadinedjad a aussi prévenu les pays soutenant Israël que "ceux qui aident le régime (israélien) deviendront partenaires du génocide et des autres actions illégales commises dans les territoires occupés (…) Le régime sioniste a été créé par la répression et la terreur, et la poursuite de ses crimes ne fera qu'accélérer sa chute." (2)
Le quotidien conservateur Kayhan : l'Iran nucléaire a éradiqué le prestige nucléaire israélien
Dans un éditorial du 13 juillet 2006, le quotidien conservateur iranien Kayhan, proche du Guide iranien Ali Khamenei, a loué l'opération du Hezbollah et déclaré : (3) "(Avant l'opération du Hezbollah), le régime israélien opprimant disposait de trois cartes sur l'échiquier palestinien : la carte de l'Amérique, la carte des régimes (arabes) sympathisants et la carte de la supériorité nucléaire. Avec ces trois cartes, (Israël) gagnait à tous les coups, triomphant de ses adversaires (dans la région).
Aujourd'hui, c'est l'effondrement complet, parce que l'Amérique n'est plus du tout en mesure d'imposer la volonté d'Israël aux Palestiniens, aux Libanais et aux Syriens. Actuellement, le gouvernement du Hamas, le gouvernement libanais et le gouvernement syrien ne peuvent permettre à l'Amérique d'entrer dans l'équation israélo-palestinienne. Ainsi, les facteurs régionaux qui accordaient autrefois du poids à l'implication américaine dans la région se sont effondrés.
Parallèlement, l'avantage militaire d'Israël dans la région s'est érodé. L'Iran nucléaire éradique le prestige nucléaire d'Israël (…) L'Iran d'aujourd'hui – grâce à sa direction impénétrable et à de hauts responsables unanimes dans leur soutien au Guide (suprême d'Iran Ali Khamenei), par ailleurs très appréciés au Moyen-Orient – l'Iran a porté atteinte de façon répétée à la puissance israélienne, conduisant Israël au bord de l'effondrement."
Le quotidien gouvernemental syrien Al-Thawra appelle à la poursuite de la résistance, qui a prouvé son efficacité.
Dans un éditorial datant du 13 juillet 2006, le quotidien syrien gouvernemental Al-Thawra appelle à la poursuite de la résistance qui, affirme-t-il, est la seule (méthode efficace de contrer Israéliens) : "Le langage de l'intimidation et des menaces est le langage de ceux qui n'ont pas connu la fierté de la résistance. C'est un langage qui ne mène qu'à la soumission. C'est pourquoi nous devons persister à ignorer ceux qui l'emploient. Nul ne peut nier le droit de la résistance à libérer ses combattants des prisons israéliennes (…)
Le (seul) langage efficace avec les Israéliens est (le langage) de la résistance !! Nulle autre voie n'a prouvé son efficacité – au contraire, (toutes les autres voies) n'ont fait qu'accroître l'arrogance israélienne, à tel point qu'Israël agit comme s'il était seul au monde !! (…)
Les félicitations que les citoyens arabes se sont échangées (suite à l'opération du Hezbollah) sont une façon de demander (l'application) du programme de la résistance, qui a pris de l'ampleur dans les pays arabes – lesquels ont perçu l'impact des résultats positifs de la résistance (…)
Ainsi, la culture de la résistance continuera certainement de s'étendre – parce qu'elle a prouvé son efficacité et son utilité et qu'elle est aujourd'hui devenue la culture de la rue arabe, toujours prête à payer le prix de la résistance, quel qu'il soit. (Nous sommes) prêts et désireux de nous battre." (4)
Deux quotidiens libanais : l'opération du Hezbollah a-t-elle servi l'Iran ou la Syrie ? L'opération d'hier avait-elle pour but de relâcher la pression internationale qui pèse sur le dossier nucléaire iranien ?
Le 13 juillet, Sarkis Naoum, chroniqueur au quotidien chrétien libanais Al-Nahar, écrit : "L'opération militaire réussie exécutée hier matin par la résistance islamique (le Hezbollah) (…) soulève plusieurs questions chez les Libanais : (par exemple), l'opération d'hier avait-elle pour objectif de libérer les prisonniers libanais des prisons israéliennes (…) (quand) il existe d'autres façons d'atteindre cet objectif, qui épargneraient au Liban la destruction, les dommages matériels, les invasions et les morts ? (…)
L'opération d'hier avait-elle pour but d'alléger les fortes pressions que la communauté internationale, Etats-Unis en tête, exerce sur la République islamique d'Iran au sujet de son dossier nucléaire ? (L'opération avait-elle pour but d'alléger les pressions) en attirant l'attention sur le Liban et la région – ce qui libérerait le Liban de (la menace de référer son dossier nucléaire) au Conseil de sécurité ?"
L'Iran se sert de cette opération pour faire comprendre qu'il "tient la région par les veines"
Dans un éditorial du 13 juillet 2006, le quotidien libanais Al-Mustaqbal critique l'attaque du Hezbollah contre Israël : "Malgré la joie ressentie par les Libanais et les Arabes face au succès de l'opération du Hezbollah (…), le fait est que le moment (de l'opération) est mal choisi et met à mal de larges secteurs du Liban (…) Le plus pénible est que la prise de décision, en ce qui concerne la guerre et la paix, qui appartient à l'Etat du Liban, a été usurpée par la résistance (le Hezbollah). Quelles que soient les circonstances et les raisons (qui se cachent derrière) le secret de l'opération Vraie promesse (nom de l'opération du Hezbollah qui a promis de libérer tous les prisonniers israéliens), elles ne changent rien au fait que l'Etat du Liban et le (peuple) libanais doivent faire face à un fait accompli auquel ils n'étaient pas préparés, et en supporter les conséquences, qui pourraient être dures (…)
En outre, la belle promesse faite aux Libanais (par leur gouvernement) – d'un été tranquille gorgé de touristes susceptible de leur apporter l'élan économique dont ils ont tellement besoin, l'économie libanaise étant au bord de l'effondrement - a été remplacée par une autre promesse, plus importante (la libération des prisonniers). Il est clair que maintenant qu'il n'est plus possible de remplir (la promesse d'un été tranquille), les Libanais vont replonger dans le désespoir. Le plus grand danger est que le désespoir et l'extrémisme augmentent chez eux, et qu'ils se noient dans une frustration (susceptible de) désunir la société libanaise.
L'Iran, (actuellement) engagé dans des négociations difficiles avec l'Occident, et en particulier avec Washington, sur son dossier nucléaire, peut se servir de cette opération comme d'un de ces "message" transmis quotidiennement à l'Occident, et en particulier à Washington – pour faire comprendre qu'il tient la région par les veines et la contrôle de force. La Syrie (…) peut aussi se servir de cette opération (…) pour exercer des pressions sur Washington afin de lui faire faire des concessions au sujet du (problème) libanais, et en particulier de l'enquête sur le meurtre de l'ancien Premier ministre (libanais) Rafiq Al-Hariri (…)" (5)
[1] Pour la première partie du rapport, voir la Dépêche spéciale n° 1204 du 13 juillet 2006 sur www.memri.org/french.
[2] IRNA, le 13 juillet 2006.
[3] Kayhan (Iran), le 13 juillet 2006, http://www.kayhannews.ir/850422/2.htm#other200 .
[4] Al-Thawra (Syrie), le 13 juillet 2006.
[5] Al-Mustaqbal (Liban), le 13 juillet 2006.