Kosovo : la déclaration d’indépendance n’est pas pour demain
Traduit par Nerimane Kamberi
Publié dans la presse : 3 février 2007
Mise en ligne : samedi 3 février 2007
Lors d’une émission de télévision sur une chaîne publique, le soir même de la remise des propositions d’Ahtisaari à Prishtina, le groupe des négociateurs kosovars a déclaré qu’il fallait surtout, dans un premier temps, que la communauté internationale reconnaisse l’Etat du Kosovo, tandis que la déclaration d’indépendance se ferait par la suite à l’Assemblée du Kosovo, après l’adoption par le Conseil de Sécurité des Nations Unies d’une nouvelle résolution.
Par Arben Atashi.
Les membres du Groupe de négociations, dans l’émission « Rubikon » de la KTV vendredi soir, n’ont pas voulu donner de date pour la déclaration de l’indépendance du Kosovo. Ils ont déclaré que dans un premier temps, l’important était d’abord que la communauté internationale reconnaisse l’Etat du Kosovo, tandis que la déclaration d’indépendance se ferait à l’Assemblée du Kosovo, après l’adoption par le Conseil de Sécurité des Nations Unies d’une nouvelle résolution, qui rendrait nulle la Résolution 1244.
Même si les membres du groupe de négotiations ont tenté de présenter une position unique, on pouvait discerner des divergences, principalement sur les propositions d’Ahtisaari. Alors que certains affirmaient que le document n’était pas final et serait encore corrigé et amélioré après les remarques et suggestions des deux parties, Veton Surroi a affirmé le contraire. Pour lui, le document d’Ahtisaari n’est pas dans sa phase initiale mais bien finale. « Peu de choses pourront être changées, voire même aucune », a déclaré Surroi, ajoutant qu’ils allaient essayer que quelques suggestions de la partie kosovare soient prises en compte dans le projet qui sera présenté au Conseil de Sécurité. Pour Surroi, la future présence internationale au Kosovo n’est pas un point négociable et « ce ne sera pas facile puisque la future présence internationale au Kosovo aura trop de compétences ».
Le paragraphe sur le TMK doit être reformulé
Pour le Président du Kosovo, Fatmir Sejdiu, ce jour est un jour important. Mais l’enthousiasme doit demeurer réaliste, « même si le document ne parle pas d’indépendance, les contours de l’Etat indépendant du Kosovo ont été donnés ». Sur la question du TMK (le corps de protection du Kosovo), puisqu’en effet le document d’Ahtisaari prévoit sa dispersion après un certain temps, Agim Çeku a reconnu que « le TMK, après avoir rempli ses objectifs, sera dispersé ». Néanmoins, il a exprimé sa certitude que « le TMK sera intégré dans l’arméee, sans aucun doute ».
Le président du PDK Hashim Thaçi a déclaré que le paragraphe sur le TMK devait être reformulé, afin qu’il y ait une transformation du TMK en une armée : « La mission du TMK ne prend pas fin ici. Le TMK va se transformer en une armée. C’est nous qui avons l’indépendance et l’armée, ce n’est pas Ahtisaari qui nous les a apportées ».
Agim Çeku, parlant du processus de décentralisation où 30% du territoire du Kosovo seront administrés par le Serbes, a expliqué que la décentralisation consistait en la réunification du territoire du Kosovo. « La décentralisation profitera à tous les habitants, pas seulement aux Serbes ». Il a souligné qu’après un certain temps, la décentralisation serait revue.
La menace des Serbes, irréelle
Questionné sur l’intégration des Serbes au Kosovo, le leader du parti réformiste ORA, Veton Surroi, a déclaré que c’est aux Serbes que revient la décision de s’intégrer. Il a reconnu qu’actuellement au Kosovo, nous avions un partage de fait et « que le document d’Ahtisaari reconnaît l’intégralité territoriale du Kosovo et que l’OTAN assurera le contrôle des frontières du Kosovo et la subjectivité internationale du Kosovo ».
Le président de l’Assemblée, Kolë Berisha, a ajouté qu’il n’y avait pas de place pour une crainte d’une autonomie spéciale des Serbes à l’intérieur du Kosovo.
Surroi a demandé que les institutions du Kosovo indépendant portent leur attention sur les Albanais de la Vallée de Preshevo, comme le fait la Serbie pour les Serbes du Kosovo. Sur la question de l’Université serbe dans le nord du Kosovo, qui fonctionne actuellement sans aucun contrôle des institutions centrales, le Président Sejdiu a déclaré : « Nous avons insisté pour que cette université soit administrée par la municipalité mais que le Ministère de l’Education puisse aussi avoir un œil dessus ». Mais pour Sejdiu, « si les Serbes veulent être dirigés seulement par leur municipalité, c’est leur problème ».
Pour Thaqi, avec le document d’Ahtisaari, l’histoire va se répéter. « La communauté internationale et Prishtina vont arriver à un accord tandis que Belgrade restera dans son coin. »
Sur la menace des Serbes de partir du Kosovo si celui-ci devient indépendant, le Premier ministre Agim Çeku a déclaré que ces menaces étaient des tentatives vaines et des menaces sans valeur. Thaqi pense que si ces menaces des Serbes reflètent leur tension, ces réactions ne représentent pas la volonté de la majorité de la population serbe du Kosovo.
La position de la Russie
Le président du PDK a exprimé son optimisme sur l’engagement de la Russie autour de la résolution du statut du Kosovo : « Je suis optimiste, la Russie va être un élément positif pour l’indépendance du Kosovo ». Çeku partage l’optimisme de Thaqi. Par contre, Surroi n’est pas sûr que la Russie n’utilisera pas son droit de veto contre le statut du Kosovo, mais remarque qu’il y a des indications que la Chine puisse reconnaître la question du Kosovo comme sui generis, qui ne pourrait s’appliquer dans d’autres processus.
Les symboles de l’Etat par consensus
Tous les membres du groupe de négociations se sont exprimés unanimement sur les symboles nationaux du futur Kosovo indépendant qui aura le droit d’adhérer aux mécanismes internationaux. Pour eux, ceux-ci seront décidés par consensus. Le président de l’Assemblée a reconnu la possibilité que le drapeau proposé par le président Rugova ne soit pas retenu comme drapeau national du Kosovo. Pour le Premier ministre, la question des symboles est une question qui presse. Selon lui, avec la fin de la mission de la MINUK, le Kosovo aura un besoin urgent pour ses cartes d’identité et ses passeports ainsi que pour d’autres documents officiels qui porteront les symboles nationaux. Pour Hashim Thaqi, le Kosovo doit avoir des symboles unificateurs et pas de signes de partis.
A la question posée à Surroi si les Kosovars ont tardé à prendre une décision sur les symboles, celui-ci a répondu : « Nous étions déjà en retard l’an dernier, ne parlons pas de cette année ». Il a ajouté que « nous sommes indolents institutionnellement », et que le Kosovo doit commencer à fonctionner comme un Etat. Il a fait appel au Premier ministre afin que le gouvernement initie dès mercredi le processus d’adoption des symboles nationaux.
Le printemps peut être la saison de l’indépendance
Aucun des membres du groupe n’a voulu donner de date sur la déclaration de l’indépendnace. Le Président Sejdiu a déclaré que la formalisation de l’indépendance et la reconnaissance internationale se feraient tout de suite après l’adoption de la nouvelle résolution par le Conseil de Sécurité, « le printemps 2007 pourrait être la saison de l’indépendance ».
Le président d’Ora a émis des réserves sur la déclaration de l’indépendance. Pour lui, cela ne suffit pas. « La question de l’indépendance est liée à la communauté internationale, tandis que l’essence est la reconnaissance de l’indépendance. » Pour le Premier ministre, la déclaration de l’indépendance doit être liée à la Constitution du Kosovo, et pour Hashim Thaqi, l’indépendance doit être déclarée au moment où la mission d’Ahtisaari prendra fin.
Le prochain défi, la résolution du Conseil de Sécurité
Pour Surroi, « le document d’Ahtisaari n’a pas besoin d’être adopté par l’Assemblée. C’est au Conseil de Sécurité qu’il doit ou non être adopté ».
Mais à la question de ce qui va se passer le premier jour après l’indépendance, Agim Çeku a déclaré que le statut ne règlerait pas tous les problèmes, mais offrait plus de possibilités pour les régler.
Les membres du groupe de négociations n’ont pas voulu donner une date pour laquelle pourrait être fêté le jour de l’indépendance du Kosovo. Rappelant que jusqu’au printemps, une nouvelle résolution serait adoptée par le Conseil de Sécurité, Surroi a terminé : « Notre prochain défi, c’est la résolution du Conseil de Sécurité ».
http://balkans.courriers.info/article7652.html
Traduit par Nerimane Kamberi
Publié dans la presse : 3 février 2007
Mise en ligne : samedi 3 février 2007
Lors d’une émission de télévision sur une chaîne publique, le soir même de la remise des propositions d’Ahtisaari à Prishtina, le groupe des négociateurs kosovars a déclaré qu’il fallait surtout, dans un premier temps, que la communauté internationale reconnaisse l’Etat du Kosovo, tandis que la déclaration d’indépendance se ferait par la suite à l’Assemblée du Kosovo, après l’adoption par le Conseil de Sécurité des Nations Unies d’une nouvelle résolution.
Par Arben Atashi.
Les membres du Groupe de négociations, dans l’émission « Rubikon » de la KTV vendredi soir, n’ont pas voulu donner de date pour la déclaration de l’indépendance du Kosovo. Ils ont déclaré que dans un premier temps, l’important était d’abord que la communauté internationale reconnaisse l’Etat du Kosovo, tandis que la déclaration d’indépendance se ferait à l’Assemblée du Kosovo, après l’adoption par le Conseil de Sécurité des Nations Unies d’une nouvelle résolution, qui rendrait nulle la Résolution 1244.
Même si les membres du groupe de négotiations ont tenté de présenter une position unique, on pouvait discerner des divergences, principalement sur les propositions d’Ahtisaari. Alors que certains affirmaient que le document n’était pas final et serait encore corrigé et amélioré après les remarques et suggestions des deux parties, Veton Surroi a affirmé le contraire. Pour lui, le document d’Ahtisaari n’est pas dans sa phase initiale mais bien finale. « Peu de choses pourront être changées, voire même aucune », a déclaré Surroi, ajoutant qu’ils allaient essayer que quelques suggestions de la partie kosovare soient prises en compte dans le projet qui sera présenté au Conseil de Sécurité. Pour Surroi, la future présence internationale au Kosovo n’est pas un point négociable et « ce ne sera pas facile puisque la future présence internationale au Kosovo aura trop de compétences ».
Le paragraphe sur le TMK doit être reformulé
Pour le Président du Kosovo, Fatmir Sejdiu, ce jour est un jour important. Mais l’enthousiasme doit demeurer réaliste, « même si le document ne parle pas d’indépendance, les contours de l’Etat indépendant du Kosovo ont été donnés ». Sur la question du TMK (le corps de protection du Kosovo), puisqu’en effet le document d’Ahtisaari prévoit sa dispersion après un certain temps, Agim Çeku a reconnu que « le TMK, après avoir rempli ses objectifs, sera dispersé ». Néanmoins, il a exprimé sa certitude que « le TMK sera intégré dans l’arméee, sans aucun doute ».
Le président du PDK Hashim Thaçi a déclaré que le paragraphe sur le TMK devait être reformulé, afin qu’il y ait une transformation du TMK en une armée : « La mission du TMK ne prend pas fin ici. Le TMK va se transformer en une armée. C’est nous qui avons l’indépendance et l’armée, ce n’est pas Ahtisaari qui nous les a apportées ».
Agim Çeku, parlant du processus de décentralisation où 30% du territoire du Kosovo seront administrés par le Serbes, a expliqué que la décentralisation consistait en la réunification du territoire du Kosovo. « La décentralisation profitera à tous les habitants, pas seulement aux Serbes ». Il a souligné qu’après un certain temps, la décentralisation serait revue.
La menace des Serbes, irréelle
Questionné sur l’intégration des Serbes au Kosovo, le leader du parti réformiste ORA, Veton Surroi, a déclaré que c’est aux Serbes que revient la décision de s’intégrer. Il a reconnu qu’actuellement au Kosovo, nous avions un partage de fait et « que le document d’Ahtisaari reconnaît l’intégralité territoriale du Kosovo et que l’OTAN assurera le contrôle des frontières du Kosovo et la subjectivité internationale du Kosovo ».
Le président de l’Assemblée, Kolë Berisha, a ajouté qu’il n’y avait pas de place pour une crainte d’une autonomie spéciale des Serbes à l’intérieur du Kosovo.
Surroi a demandé que les institutions du Kosovo indépendant portent leur attention sur les Albanais de la Vallée de Preshevo, comme le fait la Serbie pour les Serbes du Kosovo. Sur la question de l’Université serbe dans le nord du Kosovo, qui fonctionne actuellement sans aucun contrôle des institutions centrales, le Président Sejdiu a déclaré : « Nous avons insisté pour que cette université soit administrée par la municipalité mais que le Ministère de l’Education puisse aussi avoir un œil dessus ». Mais pour Sejdiu, « si les Serbes veulent être dirigés seulement par leur municipalité, c’est leur problème ».
Pour Thaqi, avec le document d’Ahtisaari, l’histoire va se répéter. « La communauté internationale et Prishtina vont arriver à un accord tandis que Belgrade restera dans son coin. »
Sur la menace des Serbes de partir du Kosovo si celui-ci devient indépendant, le Premier ministre Agim Çeku a déclaré que ces menaces étaient des tentatives vaines et des menaces sans valeur. Thaqi pense que si ces menaces des Serbes reflètent leur tension, ces réactions ne représentent pas la volonté de la majorité de la population serbe du Kosovo.
La position de la Russie
Le président du PDK a exprimé son optimisme sur l’engagement de la Russie autour de la résolution du statut du Kosovo : « Je suis optimiste, la Russie va être un élément positif pour l’indépendance du Kosovo ». Çeku partage l’optimisme de Thaqi. Par contre, Surroi n’est pas sûr que la Russie n’utilisera pas son droit de veto contre le statut du Kosovo, mais remarque qu’il y a des indications que la Chine puisse reconnaître la question du Kosovo comme sui generis, qui ne pourrait s’appliquer dans d’autres processus.
Les symboles de l’Etat par consensus
Tous les membres du groupe de négociations se sont exprimés unanimement sur les symboles nationaux du futur Kosovo indépendant qui aura le droit d’adhérer aux mécanismes internationaux. Pour eux, ceux-ci seront décidés par consensus. Le président de l’Assemblée a reconnu la possibilité que le drapeau proposé par le président Rugova ne soit pas retenu comme drapeau national du Kosovo. Pour le Premier ministre, la question des symboles est une question qui presse. Selon lui, avec la fin de la mission de la MINUK, le Kosovo aura un besoin urgent pour ses cartes d’identité et ses passeports ainsi que pour d’autres documents officiels qui porteront les symboles nationaux. Pour Hashim Thaqi, le Kosovo doit avoir des symboles unificateurs et pas de signes de partis.
A la question posée à Surroi si les Kosovars ont tardé à prendre une décision sur les symboles, celui-ci a répondu : « Nous étions déjà en retard l’an dernier, ne parlons pas de cette année ». Il a ajouté que « nous sommes indolents institutionnellement », et que le Kosovo doit commencer à fonctionner comme un Etat. Il a fait appel au Premier ministre afin que le gouvernement initie dès mercredi le processus d’adoption des symboles nationaux.
Le printemps peut être la saison de l’indépendance
Aucun des membres du groupe n’a voulu donner de date sur la déclaration de l’indépendnace. Le Président Sejdiu a déclaré que la formalisation de l’indépendance et la reconnaissance internationale se feraient tout de suite après l’adoption de la nouvelle résolution par le Conseil de Sécurité, « le printemps 2007 pourrait être la saison de l’indépendance ».
Le président d’Ora a émis des réserves sur la déclaration de l’indépendance. Pour lui, cela ne suffit pas. « La question de l’indépendance est liée à la communauté internationale, tandis que l’essence est la reconnaissance de l’indépendance. » Pour le Premier ministre, la déclaration de l’indépendance doit être liée à la Constitution du Kosovo, et pour Hashim Thaqi, l’indépendance doit être déclarée au moment où la mission d’Ahtisaari prendra fin.
Le prochain défi, la résolution du Conseil de Sécurité
Pour Surroi, « le document d’Ahtisaari n’a pas besoin d’être adopté par l’Assemblée. C’est au Conseil de Sécurité qu’il doit ou non être adopté ».
Mais à la question de ce qui va se passer le premier jour après l’indépendance, Agim Çeku a déclaré que le statut ne règlerait pas tous les problèmes, mais offrait plus de possibilités pour les régler.
Les membres du groupe de négociations n’ont pas voulu donner une date pour laquelle pourrait être fêté le jour de l’indépendance du Kosovo. Rappelant que jusqu’au printemps, une nouvelle résolution serait adoptée par le Conseil de Sécurité, Surroi a terminé : « Notre prochain défi, c’est la résolution du Conseil de Sécurité ».
http://balkans.courriers.info/article7652.html
