RAME16 Jeu 25 Oct - 11:44
Emeutes à Schaerbeek et Saint-Josse
Rédaction en ligne
mercredi 24 octobre 2007, 21:29
En fin d’après-midi, des heurts impliquant des centaines de jeunes ont éclaté sur les territoires de Schaerbeek et de Saint-Josse sur fond de tension entre les communautés turques, kurdes et arméniennes. Il y a eu une centaine d’interpellations. Des incidents étaient encore constatés vers 20h.
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Milutin - Le Soir
La police a utilisé ce mercredi de puissants jets d’eau pour disperser des centaines de manifestants qui protestaient contre les rebelles kurdes du PKK dans deux quartiers à forte population turque de la capitale.
Brandissant des drapeaux turcs, des jeunes ont scandé des slogans hostiles au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), un mouvement rebelle interdit en Turquie qui figure sur la liste des organisations terroristes de l’Union européenne et qui a récemment attaqué l’armée turque dans le sud-est du pays, selon des images diffusées mercredi soir par les deux télévisions.
Les policiers « ont joué au chat et à la souris » avec les manifestants dans les petites rues du quartier, situé à cheval sur Schaerbeek et Saint-Josse et surnommé la « petite Turquie » en raison de ses nombreux restaurants et commerces tenus par la communauté turque.
Les forces de l’ordre ont également fait usage des véhicules munis de puissantes pompes à eau pour asperger les manifestants et tenter de les disperser. Selon la RTBF, la police a procédé à « une centaine » d’interpellations, la manifestation n’ayant pas été autorisée.
« Le parti terroriste du PKK a perpétré des attentats contre la communauté turque. Ce groupe est subventionné par les pays européens, il faut mettre fin à ça », expliquait sur une télévision un manifestant.
Des SMS interceptés
Ce mardi, la police avait intercepté des SMS échangés au sein de la communauté turque et appelant au rassemblement ce mercredi. Mobilisés par dizaines, les policiers se sont déployés tant à Schaerbeek qu’à Saint-Josse.
En fin d’après-midi, les premiers débordements ont été signalés chaussée de Haecht et place Liedts : en petits groupes, les manifestants ont provoqué les autorités avant de se replier aussi vite. Un jeu du chat et de la souris qui se prolonge encore actuellement.
Pour rappel, la petite commune de Saint-Josse abrite près d’un quart de la communauté turque de Bruxelles ainsi que de nombreux Kurdes et quelques Arméniens. Dès que se produit le moindre soubresaut politique en Turquie, elle importe la violence.
Victime involontaire d’un nationalisme exacerbé, du conflit turco-kurde et du génocide arménien. Dans la nuit de dimanche à lundi, de premiers incidents avaient déjà été enregistrés, le café d’un Arménien installé chaussée de Louvain ayant été saccagé par une dizaine d’individus armés de bâtons et de pierres. Alors, qu’à l’extérieur se trouvait un cortège d’au moins 300 personnes, brandissant drapeaux turcs et étendards des Loups Gris, formation turque ultranationaliste.
A 19 heures, la maison communale et le commissariat de Saint-Josse étaient bouclés par la police. Un immeuble et au moins un commerce avaient subi des déprédations. Un policier a été passé à tabac. A la chaussée de Haecht, les auto-pompes sont entrées en action.
Demannez déplore la situation
Le bourgmestre de Saint-Josse-ten-Noode, Jean Demannez (PS), a appelé au calme mercredi soir, déplorant les incidents qui se sont produits dans sa commune et à Schaerbeek dans l’après-midi et la soirée. Jean Demannez a dit comprendre que la communauté turque veuille exprimer sa solidarité avec la Turquie, dont l’armée a récemment été attaquée par les rebelles kurdes du PKK, et en raison de la situation tendue à la frontière turco-irakienne. « Mais ce qui se passe ce soir n’a aucun sens. Cette manifestation n’a pas fait l’objet d’une demande d’autorisation. Si tel avait été le cas, nous aurions pu l’encadrer avec la police, mais ce n’est plus possible maintenant », a-t-il déclaré.
Les manifestants, qui se sont rassemblés à partir de 17H00 sur la place Liedts, à Schaerbeek, ont été dispersés par la police. De nombreuses personnes ont obtempéré, mais un important groupe de jeunes s’est confronté aux forces de l’ordre, qui auraient déjà interpellé une centaine de fauteurs de troubles. Certains lançaient des pierres ou brandissaient des bâtons. Des véhicules ont aussi été incendiés, selon M. Demannez. Dans la rue de Liedekerke (Saint-Josse), les manifestants ont saccagé un café.
Des incidents étaient encore constatés à 20H00.
« Des incidents ont lieu sur quasi tout le territoire de Saint-Josse, mais aussi à Schaerbeek », a confirmé M. Demannez. « Des jeunes se déplacent en petits groupes. Il ne s’agit pas uniquement de jeunes provenant de nos communes ou de personnes manifestant pour la Turquie. Il y a aussi des jeunes qui cherchent seulement la bagarre ».
(Avec AFP)
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