Une réforme, pas le divorce
VANOVERBEKE,DIRK
mardi 11 septembre 2007, 06:30
93 jours sans nouveau gouvernement. Le débat sur le séparatisme tourne au one-man- show du Belang. Seul contre tous à réclamer la fin du pays. Ces mardi et mercredi, l'explorateur Herman Van Rompuy doit évoquer avec les francophones de l'Orange bleue d'un côté, les Flamands de l'autre, l'épineux dossier BHV.
Les plus: l'édito de Béatrice Delvaux: "België gaat niet splitsen", notre forum et notre dossier spécial.
Le show organisé par Filip Dewinter, chef de groupe du Vlaams Belang, s'est déroulé à guichets fermés au Parlement flamand. Les correspondants étrangers, alléchés par les titres apocalyptiques de la presse internationale qui, du Nouvel Observateur à l'Economist en passant par Libération (« Et si la Belgique éclatait ? » à la une de ses dernières éditions), avaient massivement répondu à l'invitation du leader d'extrême droite au débat sur le séparatisme. Dewinter superstar d'un après-midi, encerclé par une haie de caméras et de micros, a vécu son heure de gloire internationale. Mais le héraut du séparatisme, du « Belgïe Barst » (« Que la Belgique crève ») et du « Bye Bye Belgium » (les trois B du plan B pour sortir de la crise fédérale), s'est retrouvé subitement tout seul à réclamer le divorce belge. Ses suppliques n'y ont rien changé : « Nous assistons à la lutte contre la mort d'un patient en phase terminale appelé Belgique. Il est plus que temps de l'euthanasier. ( ) Il n'est plus possible qu'une petite minorité bloque les aspirations légitimes de la majorité. ( ) Monsieur le ministre-président, je compte sur votre sens des responsabilités pour rédiger un
statut d'autonomie pour la Flandre et le présenter à la population. Vous avez la tâche historique de faire de notre peuple une nation et de lui offrir un Etat flamand : ''Peuple, deviens Etat.'' »
Advertising by BEWEB
Le leader d'extrême droite s'est retrouvé seul en demandant l'urgence sur une proposition de décret visant à organiser au nord du pays un référendum sur l'indépendance. Lors du vote, seuls les élus d'extrême droite se sont levés, imités par le seul Jurgen Verstrepen, ex-membre du Vlaams Belang passé sous la bannière de la Liste Dedecker. Et un ancien membre de la Volksunie, Johan Sauwens (passé depuis au CD&V), ex-ministre des Communications (il repeignit en jaune et noir les panneaux de circulation plantés en sol flamand), s'est abstenu. Tous les autres élus, écologistes, socialistes, libéraux, démocrates-chrétiens, y compris les nationalistes de la N-VA, se sont prononcés contre cette idée de référendum, en privilégiant le cadre belge. En plaidant une réforme de l'Etat mais dans le cadre d'un dialogue avec les partis francophones. Tous partis démocratiques flamands confondus. Extraits choisis, parmi les propos des chefs de groupe.
Ludwig Caluwé (CD&V) : « Nous devons tendre vers une réforme de l'Etat dont le centre de gravité doit se déplacer vers les entités fédérées. Et il va de soi que cet objectif doit être discuté et concerté avec les francophones. Les négociations seront ardues mais il n'y a pas d'autres choix. »
Kris Van Dijck (N-VA) : « Nous nous battons pour l'autonomie de la Flandre et nous allons respecter notre parole. Mais il n'est
pas question de nous laisser intimider par le Vlaams Belang. »
Patricia Ceysens(VLD) : « On n'a pas assisté le 10 juin à des élections fédérales mais à deux élections régionales, avec deux corps électoraux distincts, deux opinions publiques différentes. Dans un tel fédéralisme bipolaire, le défi du politique consiste à arracher un accord entre les demandes démocratiques des uns et des autres. Par un dialogue, non par une solution manu militari à la Dewinter. »
Caroline Gennez (SP.A) : « Dans ce Parlement, M. Dewinter, on dialogue, on ne choisit pas d'être la risée des observateurs européens. Il faut une réforme de l'Etat, scinder BHV, mais dans le cadre d'une fédération belge. »
Mieke Vogels (Groen !) : « Vous vous êtes inspiré de la législation familiale marocaine, M. Dewinter, où le plus fort, l'homme macho, peut répudier la plus faible ? »
Le ministre-président Kris Peeters (CD&V) conclut : « La réforme de l'Etat est une partie de la solution, pas du problème. » Tout en annonçant qu'il se rendrait aux Fêtes de Wallonie et rappelant ses bons contacts avec son alter ego Rudy Demotte, il souligne : « Les cinq résolutions flamandes restent le cadre de référence du prochain accord gouvernemental. » Ce n'est pas parce que l'on reste fidèle au cadre fédéral qu'on en oublie les revendications flamandes vers plus d'autonomie...
ww.lesoir.be
VANOVERBEKE,DIRK
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93 jours sans nouveau gouvernement. Le débat sur le séparatisme tourne au one-man- show du Belang. Seul contre tous à réclamer la fin du pays. Ces mardi et mercredi, l'explorateur Herman Van Rompuy doit évoquer avec les francophones de l'Orange bleue d'un côté, les Flamands de l'autre, l'épineux dossier BHV.
Les plus: l'édito de Béatrice Delvaux: "België gaat niet splitsen", notre forum et notre dossier spécial.
Le show organisé par Filip Dewinter, chef de groupe du Vlaams Belang, s'est déroulé à guichets fermés au Parlement flamand. Les correspondants étrangers, alléchés par les titres apocalyptiques de la presse internationale qui, du Nouvel Observateur à l'Economist en passant par Libération (« Et si la Belgique éclatait ? » à la une de ses dernières éditions), avaient massivement répondu à l'invitation du leader d'extrême droite au débat sur le séparatisme. Dewinter superstar d'un après-midi, encerclé par une haie de caméras et de micros, a vécu son heure de gloire internationale. Mais le héraut du séparatisme, du « Belgïe Barst » (« Que la Belgique crève ») et du « Bye Bye Belgium » (les trois B du plan B pour sortir de la crise fédérale), s'est retrouvé subitement tout seul à réclamer le divorce belge. Ses suppliques n'y ont rien changé : « Nous assistons à la lutte contre la mort d'un patient en phase terminale appelé Belgique. Il est plus que temps de l'euthanasier. ( ) Il n'est plus possible qu'une petite minorité bloque les aspirations légitimes de la majorité. ( ) Monsieur le ministre-président, je compte sur votre sens des responsabilités pour rédiger un
statut d'autonomie pour la Flandre et le présenter à la population. Vous avez la tâche historique de faire de notre peuple une nation et de lui offrir un Etat flamand : ''Peuple, deviens Etat.'' »
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Ludwig Caluwé (CD&V) : « Nous devons tendre vers une réforme de l'Etat dont le centre de gravité doit se déplacer vers les entités fédérées. Et il va de soi que cet objectif doit être discuté et concerté avec les francophones. Les négociations seront ardues mais il n'y a pas d'autres choix. »
Kris Van Dijck (N-VA) : « Nous nous battons pour l'autonomie de la Flandre et nous allons respecter notre parole. Mais il n'est
pas question de nous laisser intimider par le Vlaams Belang. »
Patricia Ceysens(VLD) : « On n'a pas assisté le 10 juin à des élections fédérales mais à deux élections régionales, avec deux corps électoraux distincts, deux opinions publiques différentes. Dans un tel fédéralisme bipolaire, le défi du politique consiste à arracher un accord entre les demandes démocratiques des uns et des autres. Par un dialogue, non par une solution manu militari à la Dewinter. »
Caroline Gennez (SP.A) : « Dans ce Parlement, M. Dewinter, on dialogue, on ne choisit pas d'être la risée des observateurs européens. Il faut une réforme de l'Etat, scinder BHV, mais dans le cadre d'une fédération belge. »
Mieke Vogels (Groen !) : « Vous vous êtes inspiré de la législation familiale marocaine, M. Dewinter, où le plus fort, l'homme macho, peut répudier la plus faible ? »
Le ministre-président Kris Peeters (CD&V) conclut : « La réforme de l'Etat est une partie de la solution, pas du problème. » Tout en annonçant qu'il se rendrait aux Fêtes de Wallonie et rappelant ses bons contacts avec son alter ego Rudy Demotte, il souligne : « Les cinq résolutions flamandes restent le cadre de référence du prochain accord gouvernemental. » Ce n'est pas parce que l'on reste fidèle au cadre fédéral qu'on en oublie les revendications flamandes vers plus d'autonomie...
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